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Paroles d’Iran: un an après la mort de Mahsa Amini, où en est le mouvement «Femme, vie, liberté»?

Depuis la mort de la jeune Mahsa Amini en septembre 2022, le bras de fer continue entre les autorités de la République islamique et une bonne partie de la population qui, au prix de sa vie, est bien décidée à braver le pouvoir et ne recule devant aucun obstacle pour parvenir à son objectif : la chute du régime. Témoignages d’Iran.

L’une a jeté tous ses voiles dans une benne à ordures ; l’autre insouciante, passe devant les policiers cheveux en l’air ; la troisième, malgré ses nombreux passages en prison, reste plus que déterminée à se débarrasser tôt ou tard « du cadavre de ce régime ». Les avertissements, les menaces et la répression du régime n’ont plus d’effet sur ces femmes décidées à défier la République islamique.

Haleh n’a plus de voile. Elle les a tous jetés. Il lui en reste un seul : « noir, troué et usé » conservé pour certaines occasions usuelles. Déjà en hiver dernier, dans le froid insupportable de Téhéran, cette quinquagénaire dynamique refusait de se couvrir la tête, juste pour montrer sa détermination et son « dégoût » envers ce régime. Il est vrai que « très peu de femmes portent le foulard à Téhéran, dit Hedieh, âgée de 28 ans. Quand je me rends à mes cours de poterie, je passe devant un poste de police et je vois leur sourire complice ! »

Pooran Nazemi, activiste des droits humains, est une habituée des prisons. Rien qu’au cours de cette année, elle y a été enfermée deux fois. « Quand j’étais en prison, je voyais ces jeunes filles, décidées, intelligentes. Elles savent exactement ce qu’elles veulent pour leur avenir, pour leur vie. Le voile, c’est juste un moyen pour tordre le cou à ce régime », affirme Pooran qui vient de sortir de prison et se trouve dans l’attente de l’application d’une nouvelle peine d’emprisonnement prononcée à son égard. Malgré ses déboires avec les autorités judiciaires, l’activiste dresse « un excellent bilan de ce mouvement révolutionnaire ».

Le refus de porter le voile ne concerne pas que la capitale ou quelques grandes villes du pays. À Kashan (centre), une ville très conservatrice, « vous voyez très peu de jeunes filles voilées », affirme Farhad*. À 43 ans, ce coach d’arts martiaux qui parcourt le pays a constaté le changement d’attitude de la population au cours de l’année écoulée. Et il refuse de réduire leur combat au simple problème du voile.