ME EL HADJ MALICK BASSE, CONSEIL DE IMAM ALIOU NDAO, CHARGE MACKY SALL «Si on n’avait pas considéré les marabouts comme des citoyens ordinaires, imam ndao ne serait pas là»
Les plaidoiries des avocats d’imam Alioune ndao, entamées depuis avant-hier mardi, se poursuivent à la barre de la chambre criminelle spéciale, pour démonter pièce par pièce le réquisitoire du parquet. A cet effet, me el Hadj malick basse s’en est violemment pris à nos gouvernants qui, selon lui, défendent les intérêts de la france dans son combat contre l’islam.
«Ce procès me fait honte, il n’avait pas sa raison d’être. Audelà d’Imam Ndao, ce procès a été orchestré par la France, dans le cadre de la lutte contre l’Islam qui a commencé depuis la période coloniale avec la déportation de Cheikh Ahmadou Bamba… Dans le cadre de cette lutte, fulmine Me Basse, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum a été envoyé en prison sous Senghor et Serigne Moustapha Sy emprisonné sous le régime de Abdou Diouf. Poursuivant ses diatribes, il accuse le Président Macky Sall d’avoir traité les marabouts comme des citoyens ordinaires, dès le lendemain de son élection à la tête du pays. «Si on n’avait pas considéré les marabouts comme de simples citoyens, des citoyens ordinaires, ce monsieur ne serait pas là aujourd’hui», tonne Me Basse. En échange de la croisade contre le terrorisme qu’il prétend mener, soutient l’avocat, l’Etat du Sénégal «a reçu beaucoup trop d’argent» dont la dépense a été justifiée par le procès d’Imam Ndao et Cie et les dénonciations tous azimuts du terrorisme de la part du chef de l’Etat.
L’etat bras armé de la France
Revenant sur le procès des présumés terroristes, Me El Hadji Malick Bass dénonce une opération visant à faire disparaître l’enseignement du Coran. «Car si on élimine imam Ndao, c’est six daaras qui sont éliminés. C’est pourquoi il a été présenté comme un vulgaire terroriste. Mon client n’est pas obnubilé par un second mandat au point de faire voter des lois, il n’est pas obnubilé par un poste ministériel au point de renier ses convictions intellectuelles, il n’est pas obnubilé par un quelconque grade, si ce n’est celui de Dieu. Cet homme, qui vous a restitué 9 millions que l’on croyait perdus, n’est pas lui qui va construire une maison à Houston, ou qui va se faire huit milliards en quelques années», martèle Me Basse. La tentative de liquidation de son client, dit-il, peut être prouvée par le réquisitoire du parquet qui a sollicité 30 ans de travaux forcés. «On vous demande de l’éliminer parce qu’on a requis 30 ans ; c’est la peine capitale ! Il aura 88 ans et ne pourra pas résister aux difficiles conditions carcérales. Dans ce dossier, c’est Imam Ndao qu’on veut liquider, les autres sont des victimes collatérales, comme dans les affaires Karim Wade et Khalifa Sall. Dans ce quinquennat devenu septennat, on n’a plus le droit d’avoir une opinion (Barthélémy Dias) ou une ambition présidentielle (Khalifa Sall)», relève le plaideur.
Pv à écarter
Selon Me El Hadji Malick Basse, le procureur n’a fondé sa demande que sur le procès-verbal d’enquête préliminaire de la gendarmerie, en faisant table rase des trois ans d’instruction. Or, souligne-t-il, les procès-verbaux doivent être le reflet fidèle des déclarations des mis en cause. «Ce qui n’est pas le cas», renseigne l’avocat qui a relevé un chapelet d’inexactitudes dans le procès-verbal. D’autant qu’il y est mentionné que Matar Diokhané a fait la connaissance d’Imam Ndao par l’intermédiaire de Moustapha Faye, son actuel chauffeur. «Or, I’Imam Ndao ne connait pas Moustapha Faye qui, au moment des faits, était déjà en Lybie». Il ressort aussi des Pv que les champs de Imam Ndao constituaient des sites d’endoctrinement et de gites pour les jeunes djihadistes en partance et en provenance du Nigéria. «Cela est faux», peste l’avocat. Autres contrevérités relevées dans le Pv, c’est lorsqu’il est dit qu’Imam Ndao a initié Matar Diokhané au Coran. «C’est en classe de seconde que Matar a rejoint Kaolack. Il est également dit que l’imam Ndao est favorable aux idées djihadistes et qu’il entraine les jeunes sous son joug à l’extré- misme religieux. Or parmi les accusés, personne n’a fréquenté le daara d’Imam Ndao. Il fallait avoir la tête de Ndao à tout prix. Ce qui est grave, c’est que le procureur et le juge d’instruction ont repris les mêmes inexactitudes», affirme Me Basse qui, par consé- quent, demande que ces procès verbaux soient écartés du dossier.
Arrestation musclée de Imam Ndao
Auparavant, son confrère de la défense Me Ababacar Cissé est revenu sur l’arrestation et les difficiles conditions de détention de leur client imam Ndao. « Imam Ndao a été humilié, menotté devant ses femmes, ses enfants et ses élèves pour répondre à une simple convocation. De tels agissements ne peuvent pas se faire au nom d’une quelconque loi», fulmine l’avocat qui a adressé une correspondance au juge d’instruction, pour dénoncer les difficiles conditions de détention d’Imam Ndao.
Si imam Ndao appartenait à une confrérie, rien ne lui serait arrivé
L’avocat est revenu sur les vidéos projetées par le représentant du parquet, en indiquant que celles-ci étaient dans son ordinateur. «Or l’ordinateur est privé. On ne fouille pas dans la vie privée des gens, c’est interdit par la loi», soutient Me Ababcar Cissé qui explique que les fameuses vidéos étaient destinées à satisfaire la curiosité intellectuelle de l’imam sur ce qui se passe dans le monde musulman. Pour asseoir l’infraction d’apologie au terrorisme, le procureur avait fait état de la conférence d’Imam Ndao sur le jihad et la charia en 2014. Cette conférence, indique l’avocat, est antérieure aux faits pour lesquels Imam Ndao est arrêté. «Si on devait considérer le discours sur le jihad comme apologie du terrorisme, toutes les personnes qui font le Tafsir dans les radios seraient poursuivies pour ce délit. Dans ce dossier, on peut retenir que c’est une montagne qui ne manquera pas d’accoucher d’une souris. Imam Ndao mérite de retourner chez lui. Ce monsieur a trop souffert et a subi beaucoup d’injustices », lance Me Cissé. En tout cas pour Me Babacar Ndiaye, si Imam Ndao appartenait à une confré- rie, rien ne lui serait arrivé. « On a vu des chefs religieux poursuivis pour des faits de meurtre, et qui n’ont jamais été jugés», souligne l’avocat qui déplore, dans la même veine, le traitement «injuste» réservé à son client qui, selon lui, a contribué à la formation et à l’humanisation de plusieurs Sénégalais. «A ce titre, il devrait être plutôt décoré», clame Me Ndiaye.
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