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Corruption des esprits et des corps ( Par Dié Maty Fall)

Au moment où toutes les parties étaient appelées à la barre pour écouter le verdict du Tribunal, Adji Sarr rejointe par « la Madame » Ndeye Khady, a fait deux pas de côté pour que son ancienne patronne ne puisse pas la toucher. Body langage qui en dit long….Pourtant, elles étaient toutes les deux habillées de la même couleur bleue bic. Curieusement lors de l’audience précédente, elles étaient, de même, habillées en rouge baiser. La partie civile est apparue radieuse et pomponnée, ce qui a provoqué un moment de commentaires fashion dans la presse, surtout chez les journalistes femmes. 

Alors qu’ils avaient adopté la politique de la chaise vide, les avocats de la défense, bien présents cette fois-ci à la barre, ont fait un baroud d’honneur. Contre toute attente, ils ont formulé, devant le Tribunal, deux requêtes de rabat en vue d’une nouvelle audience. D’une part, parce que selon Me Baldé, « le 23 mai , nous n’avions pas les pièces-maîtresses du dossier (…) nous nous sommes (donc) retirés ». De l’autre, parce que selon Me Bamba Cissé, il y a une « absence de convocation de l’accusé à la précédente audience » (…) et un « manque de régularité par rapport à la réception de l’acte de convocation ». L’acte de convocation a été réceptionné selon la procédure légale en cas de refus de l’intéressé de le prendre ou d’impossibilité de le localiser.

Requêtes en vain cependant. Elles ont été rejetées aussi bien par le Procureur de séance que le Président de l’audience.

Le Procureur a rappelé que « l’accusé n’a pas voulu se présenter devant le Tribunal » et qu’il a « déclaré orbi et urbi qu’il ne déferrerait plus jamais devant la justice », dans une attitude de défiance. Que « par ailleurs, toutes les diligences et intelligences ont été faites pour qu’une convocation lui soit dûment remise, même lorsqu’il a refusé de la prendre ». Il a rajouté qu’il trouvait « inconcevable que la défense abandonne ses clients sous prétexte qu’un renvoi leur a été refusé. »

Quand au Juge, assisté de deux assesseurs avec lesquelles il a rapidement délibéré, il a estimé que les faits ont déjà été débattus de manière contradictoire et publique le 23 mai dernier, et qu’en l’absence de faits nouveaux pouvant justifier une nouvelle audience, il rejetait les requêtes de rabat. L’accusée Ndèye Khady a bien eu un avocat désigné d’office, en l’occurrence Me  Malick Ndour qui figure dans le dossier, et qu’elle a bien accepté devant le retrait volontaire de sa défense d’être jugée en la circonstance.

En effet, lors de l’audience du 23 mai, aussi bien le Juge que le Procureur avaient bien pris soin d’expliquer à l’accusée Ndèye Khady, avec patience et pédagogie, ses droits, ses devoirs et les possibilités qui lui étaient offertes, lui désignant son avocat commis d’office et lui adjoignant les services d’une interprète attitrée du Tribunal pour lui traduire en wolof tout ce qu’elle pourrait ne pas comprendre. Car elle avait dit qu’elle ne parlait pas le français.

A l’énoncé du verdict, Adji Sarr s’est libérée de trois ans de vie perturbée, de violences psychologiques et physiques, de privation de liberté et de l’enfermement, du harcèlement numérique des partisans de l’accusé, des insultes et des menaces subis en permanence, en fondant en larmes. A 21 ans, une nouvelle vie faite de liberté et de retour dans sa famille, s’ouvre devant la jeune provinciale de 18 ans. Autrefois apeurée et fragile, elle s’est transformé en une belle femme qui montre à toutes les victimes de viol, de violences, de corruption de jeunesse et d’incitation à la débauche, qu’elles peuvent désormais, sans peur ni reproche, désigner leur agresseur et dénoncer leurs agressions. 

Un citoyen bien formé, celui d’avant le temps des barbares, s’abstient de commenter publiquement une décision de justice. Cependant il est permis de rappeler aux ignorants,  et aux hypocrites, que la désignation d’une incrimination relève strictement du libre-arbitre de celui qui juge en son intime conviction. Et de dire qu’un candidat à la présidentielle, et tout homme respectueux et respectable, devrait s’abstenir de fréquenter des salons de massage « finition » par des filles à peine sorties de l’adolescence, alors que l’Islam autorise d’épouser quatre modèles d’épouses différentes et complémentaires.

« La Madame » Ndeye Khady est également instruite qu’on ne peut impunément vendre des êtres humains dans des salons clandestins, car la prostitution est une activité économique reconnue et réglementée.

DMF