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LA CHRONIQUE DE MLD: Les politiciens n’apprennent rien de l’Histoire…

Le procès Mambaye Niang/ Ousmane Sonko est donc renvoyé au 30 mars prochain. Autant dire que la justice n’a fait rien d’autre que différer une tension qui a fini d’installer une peur diffuse dans la capitale et sa banlieue.
Les scènes apocalyptiques d’un homme politique victime d’une certaine brutalité policière pour l’inciter à rejoindre le temple de Thémis n’honorent pas le Sénégal encore moins l’Afrique.

Ousmane Sonko est l’actuel chef de l’opposition et tout le monde sait que les deux procès qui lui pendent au nez ont sûrement des relents politiques voire politiciens.
Autrement dit, la judiciarisation de l’espace politique ou la politisation outrancière de la justice ( c’est selon) représente sûrement une gangrène, un fléau insidieux qui est en train de vicier le débat démocratique.

C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine de ces violentes manifestations de rue qui ont jalonné cette chaude journée du jeudi 16 mars 2024.
Sonko n’est pas le seul homme politique à expérimenter une telle épreuve.

L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye rappelait que nombreux sont les Sénégalais qui doutent de l’impartialité de la justice dès l’instant qu’elle fait une incursion dans le champ politique. Il avait convoqué les cas d’adversaires politiques( Khalifa Sall et Karim Wade) liquidés par des décisions de justice.
Une lecture lucide et intéressante et nous devons tous à la vérité de rappeler avec force qu’aucun des deux principaux camps politiques ( bipolarisation Macky Sall/ Sonko) ne remportera haut la main cette confrontation qui a fini de prendre les contours d’une véritable tragédie.
Le Sénégal ne mérite pas ces images dégradantes diffusées en mondovision sur les chaînes internationales.
La chienlit qui s’installe insidieusement ne profitera à personne surtout qu’elle est de nature à gripper une machine économique appelée à produire une croissance à deux chiffres en cette année- charnière de début de l’exploitation pétrolière et gazière.
Aux éléments de langage de l’opposition parlant de persécution et de résistance, le pouvoir évoque une désobéissance voire une tentative d’insurrection… Autant dire un véritable dialogue de sourds exacerbé par des faucons qui ont pris le contrôle des opérations.
C’est à croire que les hommes politiques ne tirent jamais les bonnes leçons de l’Histoire.
En vérité ce que plusieurs observateurs avertis appellent la puissante machine du parti – État qui broie tout sur son passage n’est pas un fait nouveau au Sénégal.
Lors des événements de 1962, Senghor l’avait appliqué contre Mamadou Dia. En 1998/ 1999 le regretté Djibo Ka et Moustapha Niasse avaient quitté le PS avec fracas pour protester contre l’ordre établi.
Abdoulaye Wade l’avait durement expérimenté sous Abdou Diouf avec des séjours fréquents en prison ;idem pour Idrissa Seck victime de cette terrible machine lors des fameux chantiers de Thiès au point d’écraser une larme à l’évocation de ces douloureux souvenirs sur un plateau médiatique.
En 2009, l’actuel Président lui-même avait été accusé de blanchiment d’argent par l’alors Tout – Puissant régime de Wade qui voulait ainsi neutraliser un adversaire politique gênant venant fraîchement de quitter les lambris dorés de la majorité.
Des rappels historiques juste pour ressasser une évidence : le pouvoir est d’essence divine et Dieu reste au contrôle.
Les acteurs politiques ont de ce point de vue l’impérieuse obligation de veiller à la pacification de l’espace public en prenant des décisions sous le sceau de la responsabilité , de la préservation de l’intérêt général et de la consolidation de notre vivre-ensemble.
Clé de voûte de notre système politique, le Chef de l’Etat devrait travailler à ramener le calme.
Simone Veil célèbre figure politique française, première Présidente du parlement européen disait à juste raison « Il restera de toi ce que tu as donné. « 
L’ actuel locataire du Palais de l’avenue Senghor a donc l’occasion de prouver qu’il devrait figurer en bonne place sur les langues de la postérité…pour paraphraser son allié Idrissa Seck connu pour sa parfaite maîtrise de la réthorique.