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LA CHRONIQUE DE MLD: Les marchands de sommeil ont bon dos…

L’Etat a donc décidé de procéder rapidement à l’application de l’intéressante mesure de baisse des prix des loyers à usage d’habitation.De prime abord, il faut préciser l’importance du premier segment, celui des loyers compris entre 0 et 300 000 fr cfa subissant une baisse de 15%.Ce lot concerne l’essentiel des locataires que compte le Sénégal et en principe celui qui payait jusque-là 100 000 fr cfa devrait désormais casquer 85 000 fr cfa.Cependant entre les déclarations d’intention sur fond de bravades et de populisme et la réalité du terrain il ya un monde. Il est clair que l’Etat ne peut mettre un gendarme derrière chaque bailleur et tout porte à croire que le scénario de 2014 (date de la dernière baisse des prix du loyer) risque malheureusement de se reproduire. Surtout que la plupart des bailleurs estiment que la mesure a été prise de manière unilatérale sans concertation.

Certains parmi les plus radicaux exigent une base légale à des locataires obligés de chercher comme une aiguille dans une motte de foin le fameux décret présidentiel, sorte de sésame.Et puis la communication de Momar Ndao tout nouveau Président de la commission nationale de régulation du loyer et des baux à usage d’habitation laisse franchement à désirer. Pour sa première sortie d’après nomination, l’homme semble privilégier la manière forte d’autant qu’il a tôt fait de convoquer la condamnation des bailleurs récalcitrants qui tomberaient à ses yeux sous le coup de la fameuse loi de 1981 en encourant des peines de prison et d’amende.

Cette manière de communiquer en brandissant la chicotte est pour le moins contre-productive car les bailleurs, braves propriétaires de maisons acquises à la sueur de leur front peuvent bel et bien se braquer à l’image des commerçants détaillants qui refusent jusque-là d’appliquer la baisse des denrées de consommation courante. Il faut donc éviter de pousser les propriétaires jusque dans leurs derniers retranchements d’autant que nous avons affaire à une économie libéralisée.Momar Ndao lui-même est bénéficiaire d’une nomination pour le moins controversée d’autant qu’il ne saurait être juge et partie.

Sa casquette de Leader d’une organisation consumériste de la place est quelque part en porte à faux, disons antinomique aux exigences de son nouveau job de patron de l’organe de régulation du loyer.Finalement tout laisse croire que les pouvoirs publics ont mis la charrue avant les bœufs avec à la clé un populisme qui en dit long sur les difficultés de mise en œuvre d’une mesure qui a pris les allures d’une véritable solution en trompe-l’œil.Il est clair qu’aucun Sénégalais ne souhaiterait rester locataire ad vitam aeternam. Nous voulons tous accéder à la propriété pour des raisons de dignité et d’image au sein d’une société de consommation impitoyable et surtout au regard de la place centrale qu’occupe la maison personnelle dans notre culture.On ne peut développer un pays avec une spéculation foncière tolérée voire encouragée par les pouvoirs publics.

Cette situation déplorable s’explique par le fait qu’il y a une forte concentration d’habitations et de terres aux mains d’une caste d’individus ayant très tôt compris et maîtrisé le système. Résultat : peu de personnes fortunées contrôlent l’essentiel de l’existant foncier. Ce sont les mêmes qui contrôlent les sociétés de promotion immobilières et autres agences du sous-secteur. Le problème c’est que les disponibilités foncières actuelles sont quasiment aux mains de promoteurs privés véreux protégés quelques part par de gros pontes.Autrement dit, le potentiel acquéreur n’a plus le choix étant obligé de passer par les fourches caudines de ces promoteurs impitoyablesLe constat alarmant fait état d’un système verrouillé depuis la dégénérescence de grandes sociétés immobilières d’Etat à savoir la SICAP et la SNHLM.

Or, la solution réside pratiquement dans la réhabilitation et le renforcement des prérogatives et des moyens de ces deux entités publiques actuellement dépouillées de leur cœur de métier à savoir l’octroi à des conditions douces de logements sociaux principalement à la dynamique classe moyenne du Sénégal.Faudrait-il le rappeler, la location de maisons rapporte annuellement 839 milliards cfa aux bailleurs…Il s’agit finalement d’un Business lucratif et on comprend un peu pourquoi certains nantis préfèrent investir dans l’immobilier pour délaisser les secteurs productifs créateurs d’emplois et de valeur ajoutée comme l’industrie…

Des domaines jugés à fort taux de risques.Tout est lié !