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Situation politique nationale : Oumar Sarr et Cie montent au créneau…

Dans un communiqué, Oumar Sarr et Cie ont tenu à attirer l’attention « des militants et de toute la population sur les véritables enjeux des événements actuels, qui n’ont rien à voir avec les luttes politiques que notre pays a connues jusqu’ici« .

Texte in extenso :

Quand un courant populiste, adepte de la violence verbale et physique, défie tout un pays et s’engage dans une logique de « mortal kombat », en faisant croire que l’Etat aurait peur à cause de leur courage, il ne peut que trouver en face de lui une détermination aussi farouche que la sienne, sinon plus. A défaut, la République serait à la rue et l’ordre public deviendrait un slogan creux.

Dans une démocratie, l’Etat seul a le droit de recourir à la violence, au nom et pour le compte de tous les citoyens. Il doit en user dans la justice et la légalité. C’est ce qui permet à la société de tenir, de garder sa cohésion. Mais quand chacun peut développer sa violence privée, quand chaque homme politique peut appeler impunément au meurtre, l’anomie s’installe et le chaos règne.

Le Sénégal traverse actuellement une conjoncture où des individus sans passé ni épaisseur politiques pensent s’imposer au pouvoir par la force, en manipulant une fraction minoritaire de la jeunesse, victime de la crise de la cellule familiale et du système éducatif en général. Partout dans le monde, ces exclus sociaux constituent un terreau fertile de l’expansion du trafic de drogue et de l’extrémisme politique ou religieux. C’est aussi le cas de nombreux pays africains, bien que sous des formes différentes. Au Sénégal, ce phénomène se manifeste aujourd’hui avec des bandes d’enfants-manifestants, en attendant des enfants-soldats peut-être demain.

Un terme doit être mis à cette dérive, si nous voulons survivre en tant que nation démocratique et laïque.
La provocation contre l’autorité mouride jusque dans l’enceinte de la Grande-Mosquée, les actes de vandalisme commis à Touba le 10 février dernier, doivent permettre une compréhension encore plus fine de la situation. L’opposition dite radicale s’est attaqué à Touba sans aucun motif avouable, en sachant parfaitement qu’il s’agit d’un espace dépolitisé où il n’y a ni meeting ni campagne électorale. Et ils envisagent de récidiver. Chacun comprend qu’il s’agit d’une attaque contre les valeurs incarnées par la cité religieuse qui sont, entre autres, la non-violence, la quête du savoir, de la lumière, l’émancipation sociale par le travail, le respect et la cohabitation pacifique des croyances.

Comme nos autres cités religieuses, Touba incarne la défaite du mépris culturel qui veut que les Africains soient condamnés à être guidés mais ne puissent jamais être des guides, y compris et surtout dans le domaine de la religion. C’est ce puissant symbole qui est attaqué par des provocateurs à la solde de nostalgiques d’un passé révolu.

De ce point de vue, les événements de Touba-Mbacké représentent un véritable tournant dans le déploiement d’un projet politico-religieux mortifère. Il apparaît clairement aujourd’hui que l’opposition dite radicale n’est que le faux nez ou le masque trompeur d’un courant extrémiste, que des observateurs avisés assimilent à la « mouvance frériste-qutbiste » bien connue pour les nombreuses tragédies que sa démarche a provoquées.

Dans les pays où il s’organise, ce courant utilise, comme au Sénégal actuellement, une tactique de dissimulation voire de camouflage dans des organisations se présentant comme des partis politiques républicains. Toutefois, la publication récente de vidéos de séances internes de formation a montré à l’opinion la face sombre et hideuse de ce parti. Tel est leur véritable visage. Il est cependant probable que certains de leurs adhérents soient victimes d’illusions, abusés par la radicalité du discours utilisé ou par les fausses références à des personnalités africaines comme Cheikh Anta Diop, Thomas Sankara ou Mamadou Dia.

Le provocation de la mosquée de Touba rappelle étrangement la dénonciation et la destruction des mausolées religieux qui sont un marqueur de ce courant (comme à Gao et Tombouctou). Un autre de leurs marqueurs est la haine de la démocratie qui se traduit par leur soutien affirmé aux coups d’Etat militaires survenus dans plusieurs pays de notre sous-région.

Ces derniers jours, on a entendu, pour la première fois, des figures internationales de la mouvance « frériste-qutbiste » parler du Sénégal et de leur solidarité avec leur « frère Sonko ».

Devant cette situation inédite, le PLD/And Suqali invite l’ensemble des forces démocratiques, du pouvoir comme de l’opposition, ainsi que tous ceux qui sont attachés à la survie d’un Sénégal démocratique et pacifique, à prendre conscience de la particularité de la conjoncture actuelle pour s’élever à la hauteur des enjeux nouveaux.

Le dialogue national doit être poursuivi et amplifié autour des véritables enjeux qui dépassent le nom du Président de la République ou la couleur du parti au pouvoir. Plus qu’un enjeu électoral, nous sommes interpellés par un enjeu de société, un enjeu de survie de notre modèle de démocratie stable, apaisée et tolérante.

Est-ce que le Sénégal va rester, dans les années qui viennent, une République laïque, démocratique et sociale, poursuivant, au milieu des difficultés, des succès et des échecs, son émergence économique et sociale grâce aux retombées de son pétrole et de son gaz naturel ?

Ou bien sera-t-il, comme la Lybie et certains pays ouest-africains, un Etat totalement effondré, abandonnant de grandes parties de son territoire à la merci de groupes divers exploitant les ressources naturelles à leur profit exclusif ?

Est-ce que le Sénégal sera ou non emporté par la ceinture de feu qui embrase l’Afrique de l’ouest ? Le verrou sénégalais va-t-il sauter ou va-t-il tenir ?

Il est temps pour les véritables patriotes de se pénétrer de l’acuité de ces enjeux et de se disposer à faire face pour défendre nos acquis démocratiques et sociaux, quel qu’en soit le prix.

Fait à Dakar, le 20 février 2023