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UNE TRENTAINE DE VIDEOS TROUVEES DANS SON ORDINATEUR SUR L’ETAT ISLAMIQUE, BOKO HARAM… Imam Aliou Ndao invoque ses recherches

Suite à la découverte et la projection d’un fichier vidéo à la barre sur l’Etat islamique qui retrace l’horreur des exécutions sommaires, imam Aliou Ndao a justifié la détention de ses documents pour les besoins de ses recherches. a l’en croire, tout musulman doit savoir ce qui se passe dans le monde islamique. outre ces vidéos, le maitre coranique a contesté son implication dans cette affaire.

Tout de blanc vêtu, Imam Aliou Ndao 58 ans semble pousser un ouf de soulagement d’être enfin appelé à la barre pour livrer sa part de vérité dans cette affaire présumée de terrorisme qui le présente comme le principal mis en cause. A ce titre, il est en détention préventive depuis octobre 2015, suite à son arrestation à son domicile à Kaolack. Ainsi, son interrogatoire d’hier a été l’occasion de contester les sept chefs d’inculpation qui lui sont reprochés. Dans ce jeu de questions-réponses, Imam Ndao n’a nullement été ébranlé. Au contraire, il a été très à l’aise pour justifier tous ses faits et gestes dans cette affaire en se référant souvent aux versets coraniques. Ainsi, interpellé par le juge sur ses relations avec certains de ses coaccusés notamment Matar Diokhané, lui aussi présenté comme le cerveau de ce projet djihadiste, Imam Aliou Ndao a confirmé avoir connu son coaccusé lorsqu’il était encore élève au collège. A l’en croire, il avait beaucoup de sympathie à l’égard de l’adolescent qui alliait l’école française aux études coraniques. Un attachement à Matar Diokhané qui s’est renforcé plus tard, lorsqu’il l’a rencontré à l’occasion d’une confé- rence au stade Amadou Barry de Guédiawaye. En effet, lors de cette rencontre, explique-t-il, Matar Diokhané avait fait une réflexion sur l’unité de tous les musulmans avant de la distribuer sous forme de brochures. Cependant, contrairement au contenu allégué par l’imam, le juge parle plutôt de l’implantation de la Charia. Ce que l’accusé a contesté à la barre. «L’application de la Charia au Sénégal dépend de la population», dit-il. Par contre, en dépit de cette admiration, l’imam Ndao révèle qu’il n’a jamais été au courant des voyages du sieur Diokhané, ni en Mauritanie ni au Nigéria. Toutefois, à son retour du Nigéria, Matar Diokhané, souligne Imam Ndao, était passé à deux reprises à son domicile à son absence. C’est ainsi qu’il avait envoyé Ibrahima Diallo pour récupérer le manuscrit qu’il avait envoyé à l’imam pour correction.

les 9 millions confiéS à Imam Ndao

En ce qui concerne l’émissaire de Matar Diokhané, Ibrahima Diallo alias Abou Omar, Imam Ndao indique l’avoir rencontré à trois reprises. D’abord, lorsqu’il est venu prendre le livre de Matar Diokhané, avant de revenir pour chercher du travail comme enseignant dans le daara. Enfin, la dernière fois, rappelle le maitre coranique, c’était lorsqu’il voulait se lancer dans le commerce. «Je lui ai suggéré d’apprendre d’abord le métier», se souvient Imam Ndao, avant d’ajouter que durant cet entretien, Ibrahima Diallo s’était proposé de lui prê- ter de l’argent suite au désir exprimé de Imam Ndao d’acquérir un panneau solaire. C’est ainsi qu’il lui a prêté un million de francs Cfa constitué de trois coupures de 500 euros. La preuve de ce prêt a été mentionnée par l’Imam dans un document. Seulement, relève le président Samba Kane, l’accusé n’a jamais fait état de l’existence de ce document. En guise de réponse, l’accusé d’indiquer que ledit document ne lui a pas été demandé ni à la gendarmerie encore moins devant le juge instructeur. Outre ce prêt, Ibrahima Diallo avait également confié à l’imam huit millions francs Cfa. Un montant constitué de 25 coupures de 500 euros. En effet, Selon l’accusé, le sieur Diallo voulait se rendre en Gambie et ne voulait pas emporter tout ce montant. Un montant qui a fait également l’objet d’une décharge selon l’imam. Toutefois interpellé sur la provenance de l’argent, l’accusé, invoquant la jurisprudence islamique d’indiquer qu’il n’avait pas le droit de juger de la provenance de cet argent. En plus de considérer qu’il était parti apprendre, l’imam d’indiquer que des jeunes de son âge qui travaillent et amassent comme lui d’importantes sommes d’argent. Il en veut pour preuve, son véhicule qui lui a été offert par un jeune comme Ibrahima Diallo. Toujours est-il que pour le juge, ce comportement de l’imam sur la provenance de l’argent reste «troublant». En tout cas, deux heures après le départ de Ibrahima Diallo, la première épouse de Matar Diokhané Coumba Niang s’est, à son tour, pointée dans le daara de Imam Ndao pour l’informer de l’arrestation de son époux au Niger. Aussi, avait-elle décidé de rejoindre le Niger, avant d’être dissuadée par l’imam Ndao. Selon l’accusé, Coumba Niang lui a révélé avoir remis à Ibrahima Diallo 15 millions sur l’argent confié par son époux. Un comportement dénoncé par l’imam qui estime que celle-ci n’avait nullement le droit de toucher à l’argent qui lui a été confié. De son côté, l’imam avait décidé de restituer les neuf millions de Ibrahima Diallo parce que appartenant à Matar Diokhané. Malheureusement, il n’a pas eu l’occasion de restituer cet argent puisqu’il a été arrêté quatre jours seulement après avoir reçu cet argent. En laissant séjourner Rama Ba et Sokhna Abibatou Mbaye dans son daara pendant plus d’un mois, Imam Aliou Ndao est accusé d’avoir donné l’hospitalité à deux épouses de combattants jihadistes. Ce d’autant que ces dernières étaient en partance vers la Lybie pour rejoindre leurs époux respectifs en l’occurrence Alioune Guèye et Abdallah Dièye. Il ressort de l’enquête que ces derniers ont été tués au front lors des combats. En tout cas, le motif du séjour de ces dames, selon Imam est autre. C’était, dit-il pour recueillir des prières. Son attitude a été jugée «imprudente» par le juge. Seulement à cette remarque, Imam Ndao de préciser que le daara est un lieu d’accueil pour tout le monde. Poursuivant, l’accusé s’est dit surpris de cette association dont fait état l’enquête alors qu’il ne connait que Saliou Ndiaye dit Baye Zal et Ibrahima Hann qui sont ses voisins et dans une moindre mesure Ibrahima Diallo. «C’est ce qui me surprend le plus dans cette association», dit-il, faisant allusion au crime d’association de malfaiteurs retenu par le magistrat instructeur.

projection de l’Horreur Etat islamique

Par ailleurs, interpellé sur sa conception du djihad, Imam Ndao de préciser qu’elle n’a pas une conception du jihad si ce n’est ce qu’il a appris dans le Coran. Avant la projection des fichiers vidéos trouvés chez Imam Ndao lors de la perquisition, le juge précise qu’une trentaine de fichiers fait allusion au djihad, à l’Etat islamique, à Boko Haram, à la décapitation etc. Prenant la balle au rebond, l’accusé d’informer qu’il détient outre ces vidéos des centaines d’autres fichiers dans le cadre de ses recherches sur l’Afghanistan, la Centrafrique, la Birmanie etc. Ainsi, pour plus d’équilibre, il a invité le juge à procéder à la projection de toutes autres vidéos. Quoi qu’il en soit, c’est l’horreur qui a été projeté à la barre. Des combats, des détonations et des scènes insoutenables d’exécution sommaires. Une cruauté de l’être humain qui donne tout simplement le tournis. A la fin du film, Imam Ndao n’a pas manqué de déplorer ce spectacle d’autant que dit-il, ce sont des musulmans qui s’entretuent. Ce qui lui fait dire que «c’est le devoir du musulman de connaitre ce qui se passe dans le monde musulman islamique afin de pouvoir le transmettre aux générations futures», dit-il. Interpellé sur l’origine de ces fichiers, l’accusé d’indiquer qu’ils sont téléchargés à partir de l’internet. Selon le président, cette vidéo violente recoupe les déclarations de Matar Diokhané à l’enquête lorsqu’il disait que la démarche de Imam Ndao est proche de celle Al Qaïda. Pire, il aurait ajouté, lorsque la question lui a été posée de savoir s’il est un djihadiste, il avait répondu : «pur et dur». A la barre, il a précisé sa pensée, indiquant que s’il s’agit du djihad qu’il connait et non le djihad de l’Occident. En ce qui concerne l’arme retrouvée chez lui, il révèle que c’est un pistolet artisanal. Il l’avait acquis pour sécuriser son bétail. Cependant, il révèle avoir déposé une autorisation de port d’arme seulement il est resté des années sans obtenir gain de cause. Ce qui lui fait dire que c’est l’Etat qui l’a sacrifié. Il reconnait avoir acheté les munitions dont l’arme ne fonctionne plus. En ce qui concerne les seringues, c’est pour, dit-il vacciner son bétail.

 

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