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MALICK GAKOU, PRESIDENT DU «GRAND PARTI» : « Dès la semaine prochaine, nous serons dans la rue »

le leader du « grand parti» met le cap sur la présidentielle de 2019. dans cette interview accordée à «l’as», Malick Gakou réitère son ambition de diriger le sénégal avec un programme alternatif. toutefois, il déplore la gouvernance de Macky Sall, le recul des libertés et une instrumentalisation de la Justice. s’exprimant sur le processus électoral, monsieur Gakou se dit convaincu que le régime actuel ne croit pas au dialogue et que la confrontation reste le seul moyen pour avoir des élections libres, démocratiques et transparentes. Malick Gakou annonce aussi qu’il veut incarner l’alternative socialiste en 2019. 

«L’as» : Khalifa sall a été condamné à 5 ans de prison ferme et à 5 millions d’amende. vous l’avez soutenu pendant le procès. quel sentiment vous anime quand vous avez appris sa condamnation ?

Malick Gakou: J’ai un sentiment de déception énorme suite à ce verdict que je considère comme un verdict inique. J’ai eu l’occasion d’assister à ce procès du début à la fin, non pas en tant que Coordonnateur de «Mankoo Taxawu Senegaal» ou président du Grand Parti, mais parce que Khalifa Sall est un grand-frère, un ami avec qui j’ai eu à partager ma verte jeunesse au Parti socialiste. En tant qu’enfant du Parti socialiste (PS), en partie, Khalifa a participé aussi à ma formation poli- tique. Quand j’ai été élève ou étudiant socialiste, Khalifa était responsable des jeunesses socialistes. Depuis cette époque, j’avais 18 ans, jusqu’à aujourd’hui, je partage avec Khalifa Sall des relations de fraternité, de cordialité et d’amitié. C’est la raison pour laquelle je suis peiné. Mais c’est aussi en assistant à ce procès du début à la fin, j’ai pu constater combien la machine judiciaire a été mise en branle pour museler, neutraliser un adversaire poli- tique. Tout le monde sait que ce procès était un procès éminemment politique. Et bien évidemment, le résultat est politique.

On parle d’escroquerie sur les deniers publics, de faux et usage de faux ?

Mais cette reddition des comptes du gouvernement du Président Macky Sall est sélective. Tout le monde sait que la caisse d’avance est une caisse politique. Vous savez bien qu’en droit la pratique devient aussi une règle de droit. Et tout le monde sait que dans la pratique, depuis toujours, la caisse d’avance a été utilisée par les maires comme un fonds poli- tique. Le Président Macky Sall ainsi que tous les Présidents, qui se sont succédé à la tête ce pays, savaient bien que la caisse d’avance était une caisse poli- tique. Maintenant, vouloir faire de cette caisse d’avance une caisse non politique pour justifier l’arrestation de Khalifa Sall, me paraît non seulement abracadabrant, mais aussi tout à fait en déphasage avec les principes et les règles les plus élémentaires d’un Etat de droit. Et aujourd’hui ce procès, cette condamnation met la Justice sénégalaise en mal par rapport aux principes fondateurs d’une République qui se respecte…

Qu’est-ce que vous envisagez de faire…

Dans les prochains jours, le «Grand parti» prendra des initiatives hardies afin que le droit puisse triompher dans notre pays. Nous allons nous mobiliser avec les forces vives de la nation non seulement pour défendre les intérêts supérieurs de notre pays à travers une justice équitable, mais aussi pour mener le combat sur le terrain. Bien évidemment, je n’en doute pas du tout, les avocats de Khalifa Sall vont naturelle- ment interjeter appel. Mais tout le monde sait que c’est un procès politique. Donc le combat doit être politique et porté sur le terrain politique par des acteurs politiques.

avez-vous espoir que la cour d’appel infirme le jugement en libérant Khalifa sall ? Aujourd’hui, au regard des conclusions de ce procès, j’ai peu d’espoir que demain Khalifa puisse encore bénéficier d’une liberté sur la base de cette Justice non juste. Pour que cette Justice soit juste, il faut qu’on enlève les jougs de l’Exécutif sur cette Justice-là. L’Exécutif instrumenta- lise la Justice à des fins purement politiques et surtout de politique politicienne. Pour moi, le rôle du président de la République n’est pas de présider un Conseil supérieur de la magistrature (Csm). Son rôle c’est d’être le Président de tous les Sénégalais, d’être équidistant par rapport aux forces politiques, d’être le Président d’une République. Et la République a des attributs, des valeurs, des origines… Je ne serai jamais président d’un pays où l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire ne jouent pas leur rôle dans une interdépendance garantissant l’autonomie de chaque pilier de la République. Je milite fortement pour que les conclusions des Assises nationales dans ce domaine soient appliquées.

Que pensez-vous du parrainage qui est en train de susciter des vagues ?

Le parrainage c’est encore une fois une des aberrations de ce régime. En tant que tel, il n’est peut-être pas un problème, mais on ne peut pas, à un an de la présidentielle, changer les règles du jeu et faire des forcings. Ce gouvernement aime les rapports de force. Nous ce que nous demandons au gouvernement, c’est très simple : le gouvernement et le Président à sa tête dit que «je n’ai pas d’adversaire, je n’ai pas d’op- position, je suis le meilleur, j’ai un bon bilan». Mais nous demandons juste au gouvernement d’organiser des élections libres, démocratiques et transparentes. C’est tout ce que nous demandons. Le gouvernement n’est pas capable d’organiser ces élections. Vous avez vu la mascarade des élections législatives. On va encore continuer à vivre cette mascarade. Aujourd’hui, on ne sait même pas le nombre de Sénégalais qui disposent de cartes d’électeur.

Pourquoi donc êtes vous contre …?

Je suis contre le parrainage parce que simplement, il ne donne pas les garanties que si demain vous déposez votre liste de parrains que cette liste va être acceptée. On nous dit qu’il y aura une com- mission. Mais en définitive, c’est le Conseil constitutionnel qui va valider les candidatures. Et nous avons de sérieux doutes sur la fiabilité du système et du processus électoral. Et nous ne pourrons pas donner à Macky Sall la chance à lui seul et à son Conseil constitutionnel de déterminer le nombre et la nature des candidats. On sait que toutes les candidatures fictives lors des dernières législatives ce sont des candidatures parrainées par le pouvoir. Si c’est vraiment pour rationaliser les dépenses, pourquoi ne pas accepter le bulletin unique qui est un instrument de rationalisation des dépenses.

N’est-ce pas là une des conséquences de votre boycott du dialogue politique?

Le Président a par le passé reçu «Mankoo Taxawu Senegaal» pour discuter sur le processus électoral. A l’époque, il y avait 11 points qui étaient retenus pour changer fondamentalement le processus électoral. Aucun de ces points n’a été réalisé. Chaque fois que le Président appelle au dialogue les gens perdent du temps et après, il prend les conclusions et il les jette à la poubelle. C’est pourquoi, l’opposition ne peut pas entrer encore dans ce jeu. Ce qui est clair et nous le savions déjà, c’est que les conclusions de ces concertations avec le ministre de l’Intérieur et plus tard avec la Commission ad hoc qui a été mise en place ont été jetées à la pou- belle. Parce que nous savons pertinemment que le gouvernement ne dialogue pas pour avoir des élections démocratiques, libres et transparentes. Le gouvernement sait parfaitement, au regard de la situation critique du pays, de tous les indicateurs macroéconomiques, de la situation sociale du Sénégal que Macky Sall ne peut pas passer au premier tour. Donc, il veut utiliser tous les subterfuges non seulement pour entra- ver des candidatures mais égale- ment pour faire en sorte que ces élections ne se passent pas dans les conditions appropriées. Comment on peut sortir de cette mascarade électorale de 2017 avec les élections législatives sans faire le point de toutes ces inepties qui ont été créées pour que les élections puissent se passer en 2019 dans les conditions de transparence optimale. Ce gouvernement n’est pas prêt pour organiser des élections dans des conditions de transparence absolue. C’est la raison pour laquelle, nous disons «Non». En plus, nous allons descendre sur le terrain pour que le gouvernement revienne à la raison. Et dès la semaine prochaine, le Grand parti prendra des initiatives hardies parce que trop c’est trop. Nous ne pouvons pas laisser le Président Macky Sall diriger ce pays comme un royaume.

Le premier ministre a sorti un nouveau slogan : «Sénégal pour tous, parrainage pour tous» pour dire que le pouvoir ira jusqu’au bout. Et vous de l’opposition vous êtes prêts à aller jusqu’où ?

Ce qui demeure constant, c’est qu’à la place d’un« Sénégal de Tous, un Sénégal pour Tous», il devrait plutôt dire un « Sénégal de Tousse, un Sénégal pour Tousse» pour dire un Sénégal où il n’y a rien en wolof. En fait, avec le régime de Macky Sall, c’est «pauvreté pour tous, précarité pour tous». Le gouvernement veut nous faire partager les échecs répétitifs de ses plans- programmes. Aujourd’hui, tous les Sénégalais souffrent. L’indice de développement du Sénégal est au plus bas.

Est-ce que vous irez jusqu’au bout de votre logique en boycottant la présidentielle?

Il est inimaginable qu’on boycotte quoi que ce soit. Nous allons imposer au gouvernement un rapport de force pour que les élections se passent de manière libre démocratique et transparente. C’est un combat sur le terrain, un combat politique et nous allons imposer au gouvernement un rapport de forces, parce que ce gouvernement ne connait que le rapport de forces. L’avenir du Sénégal est menacé. C’est pour- quoi, nous n’avons pas autre choix que d’aller à la confrontation afin que le gouvernement puisse organiser des élections libres, démocratiques et transparentes. J’ai envie de reprendre ma place de leadership, la place qui m’est prédestinée, celle d’un Sénégalais qui combat toujours pour les valeurs dans la conscience. Et dès la semaine prochaine, nous allons prendre toutes les dispositions avec toutes les forces vives de la nation, les partis politiques la société civile pour que nous puissions mener toutes les actions en concertation pour que demain nous puissions établir un rapport de forces à même de nous per- mettre de changer la donne. (…)

Le véritable problème, c’est que l’opposition n’arrive pas à s’entendre. la preuve lors des dernières législatives, «manko Wattu senegaal» a volé en éclats….

Il faut en tirer les enseignements. En fait, aujourd’hui, nous allons vers l’élection présidentielle qui est un rendez-vous d’un homme avec son peuple. C’est donc un programme, un projet et des idées. C’est des convictions fortes que nous devrons partager avec les Sénégalais. Il ne s’agit pas de réunir l’opposition autour d’un candidat. Cela n’est pas possible ni envisageable. Ce qui est envisageable c’est que chaque candidat puisse être un candidat autour d’un pôle de convergence d’idées, de valeurs, de conviction. C’est pourquoi, nous travaillons pour une alternative socialiste. Nous savons qu’entre nous socialistes, nous partageons les mêmes valeurs de cette République humaniste, de cohésion sociale, de la solidarité.

Qui pour porter ces valeurs socialistes ?

Khalifa Sall peut bien les porter. Malick Gakou aussi. De toute façon, nous avons les mêmes origines, le même héritage socialiste. Sans nul doute, nous voulons qu’en 2019 il y ait une alternative socialiste au Sénégal. Ce qui demeure important en ce qui concerne Khalifa Sall et c’est mon plus grand combat, dès demain, nous allons prendre toutes les dispositions pour mener sur le terrain la bataille de la libération de Khalifa Ababacar Sall. J’ai quand même le cœur meurtri par le Sénégal défiguré que je vois. Je suis revenu de Dagana hier (Ndlr : Interview réalisée le 1er avril 2018) à Dagana et en faisant le tour du Sénégal, j’ai constaté que les Sénégalais ont mal sur tous les plans. Aujourd’hui, pour Khalifa Sall, le combat c’est pour sa libération. Mais ce qui est sûr, nous allons nous battre pour avoir un candidat socialiste crédible pour créer une alternative socialiste crédible en 2019. Dix-neuf ans de libéralisme, cela suffit au Sénégal puisque le résultat est subséquent avec toutes les difficultés que vivent les Sénégalais.

Pourquoi les sénégalais doivent élire Malick Gakou ?

Je ne peux pas répondre à la place des Sénégalais. Mais ce que je sais, c’est que je suis un self made man, un enfant de pauvre dont la grand-mère vendait des cacahuètes et je crois avoir réussi ma vie dans la morale et l’éthique. J’ai été un produit de l’underground du Sénégal des banlieues des pro- fondeurs et je crois avoir eu grâce à l’éducation que m’a inculquée ma grand-mère le sens des valeurs, et de la responsabilité. C’est pourquoi j’ai toujours refusé d’être un opportuniste. Je me rap- pelle déjà quand j’ai créé le courant de centre gauche et que j’ai eu à rencontrer le Président Abdoulaye Wade, il m’avait dit en ce moment-là alors que j’étais au Parti socialiste: «Mais Gakou, je pensais que tous les jeunes qui sont au Parti socialiste sont des opportunistes, mais je vois que tu es un garçon de valeur et que tu peux même rester au Parti socialiste et continuer à te battre. Je crois que tu as un avenir parce que tu as des convictions». Toute ma vie durant, je me suis battu pour des convictions et des valeurs. J’ai démissionné du gouvernement pour préserver mes valeurs et parce que je n’étais pas d’accord avec les orientations. J’ai senti tout de suite que le Président a jeté à la poubelle les conclusions des Assises nationales en mettant en place la CNRI. Le premier gouvernement dans lequel j’étais ministre des Sports était de 25 ministres pour être en phase avec les exigences des Assises nationales. Dans le deuxième gouvernement où j’étais ministre du Commerce on était déjà 32. Aujourd’hui, il y a combien de ministres au Sénégal, il y a combien d’agences, combien d’institutions budgétivores au Sénégal. Nous sommes dans un Etat riche avec des populations pauvres des citoyens extrême- ment pauvres qui vivent dans la précarité, dans la désolation la plus totale. Je ne peux pas être dans ces genres de gouverne- ment, c’est pourquoi j’ai démissionné. J’ai dit «Non» aux privilèges. C’est parce que je crois au Sénégal. On doit changer les choses. J’ai démissionné du PS en 1999 pour aller accompagner le Président Moustapha Niasse en créant l’Alliance des forces du progrès (AFP). C’est parce que tout simplement je voulais que les paradigmes changent. Ils ne m’ont pas écouté. Quand j’ai eu mon bac technique au lycée Seydina Limamou Laye, j’ai connu le chômage pendant un an. Les élèves en électricité n’étaient pas orientés après le baccalauréat. Il a fallu une grande bataille pour qu’on puisse avoir une bourse étrangère. Quand je suis revenu de mes études en Pologne où j’ai eu mon doctorat en 1992, j’étais au chômage de 1993 à 1995 malgré mon doctorat. Les Sénégalais savent que je suis un homme de constance, de conviction de parole et d’éthique.

Vous êtes allés à Dagana, vous avez vu des sénégalais fatigués. qu’est-ce que vous prévoyez pour les sortir de cette précarité ?

Cette précarité est due au PSE. La politique économique du Président Macky Sall est mauvaise et inverse la courbe du développement. En tant que Docteur en Economie, on dit que l’économie est au service de l’homme. Elle doit créer les paradigmes pour le bien-être social des populations. (…) Comment voulez-vous qu’un pays dont 70% des populations sont occupées par l’Agriculture puisse avoir une croissance inclusive en ne faisant pas de l’agriculture le moteur de la croissance économique. Le gouvernement nous dit que la croissance est de 7%. Il faut dire que les chiffres du gouvernement sont de faux chiffres. Il faut que le gouvernement arrête de nous saupoudrer par des chiffres. Il ne s’agit pas d’avoir un taux de croissance en porte à faux avec l’idéal du Sénégalais. Qu’on puisse sentir la croissance dans le pouvoir d’achat des Sénégalais, dans la vie des ménages, dans les secteurs les plus vitaux de l’économie et la vie nationale, l’éducation, la santé etc. Aujourd’hui, j’entends le Premier ministre dire qu’il y a 336 000 emplois créés. Mais c’est une aberration. Il n’y a même pas un an, le ministre de l’Emploi disait qu’il y a 230 000 emplois qui ont été créés de 2012 à 2016. Je défie le Premier ministre et demande à son ministre du Travail de sortir demain la liste de tous ces emplois qui ont été créés. Ce sont des chiffres qu’il sort comme ça à l’emporte-pièce. D’ailleurs 336 000 emplois c’est loin des 500 000 emplois promis. (…).

Vous critiquez le pse, mais à la place qu’est-ce que vous pro- posez?

Le Grand parti dans le pro- gramme «Suxali Senegaal» a une alternative économique de consolidation des valeurs du bien-être social, de l’indice du développement humain puisque la croissance que nous voulons mettre sera une croissance inclusive, celle-là qui amène de l’emploi qui renforce le pouvoir d’achat, qui donne un revenu, qui accélère la consommation. En fait, cette croissance qu’on sent dans le panier de la ménagère. C’est pourquoi, le programme «Suxali Senegaal» promet de faire en sorte qu’on ait une économie tirée par l’agriculture, qui va être le moteur de la croissance économique et sociale. Comme ça, les fruits de la croissance seront partagés redistribués. Le socle de notre programme c’est d’être un Etat moderne réformiste, c’est de créer les conditions d’une séparation des pouvoirs entre l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Je suis en train d’articuler le programme que je vais présenter durant le mois d’avril prochain. Il s’agit du «Plan Suxali Senegaal» qui est un plan alternatif au Plan Sénégal émergent. Et dans ce plan alter- natif Suxali Senegaal, vous allez retrouver les paradigmes d’une économie de progrès, moderne, de performance, de compétitivité mais également d’une économie qui aura une croissance inclusive.

Est-ce qu’aujourd’hui la priorité ne devrait pas être la remobilisation des troupes du grand parti qui semble battre de l’aile ?

Le «Grand parti» ne bat pas de l’aile. Au contraire, il progresse. On oublie qu’il n’a que deux ans. Le «Grand parti» a été créé dans la douleur. En deux ans, le «Grand parti» est devenu même un très grand parti. Aujourd’hui, nous disposons de représentants dans toutes les collectivités locales du pays et dans la diaspora. Les élections législatives ont été la démonstration éloquente de notre présence sur le terrain poli- tique. Ce n’est pas pour rien en tant que leader du «Grand parti», j’ai été pratiquement le principal initiateur de toutes les grandes coalitions de l’opposition que ce soit «Manko Wattu Senegaal» et «Manko Taxawu Senegaal» dont j’ai été le coordonnateur. Si nous avions continué la dynamique de «Manko Taxawu Senegaal»,

jamais aujourd’hui, on aurait perdu les élections. Si «Manko» avait continué, on aurait parlé aujourd’hui d’une autre Assemblée nationale, d’un autre Sénégal. Donc j’impute la responsabilité de notre échec au premier chef au coordonnateur que j’étais et à l’ensemble de l’opposition. Si j’ai perdu les élections à Guédiawaye, c’est parce «Manko» a éclaté. Si «Manko Taxawu Senegaal» était un bloc, on aurait gagné haut la main les élections que ce soit à Guédiawaye ou Dakar. C’est parce que nous n’avons pas pu préserver cette unité que nous avons perdu ces élections. En plus, il y a eu la mascarade électorale organisée par le pouvoir. Malgré la fraude, le clientélisme et la monétarisation systématique de la vie politique, nous aurions gagné à Guédiawaye.

Avec ces défections, est-ce que le «Grand parti» peut servir à Malick Gakou de locomotive en direction de la présidentielle ?

Vous parlez de défections, mais il y a eu deux ou trois personnes qui nous ont quittés. Beaucoup de Sénégalais ne savent pas vivre dans l’opposition parce que c’est dur. J’ai l’habitude de vivre dans l’opposition. Si quelqu’un avait dit que j’ai quitté Malick Gakou parce que je ne crois plus à cet idéal qu’il propose, je serais mal- heureux. Ou bien si on dit que Gakou ne fait pas preuve de maturité pour réaliser cet idéal, je serais également malheureux. Mais si l’on nous quitte pour avoir un poste de député ou pour trans- humer vers le pouvoir, je n’y peux absolument rien. Et ça c’est le propre de tous les partis de l’op- position. Maintenant, je crois que le «Grand parti» est tellement fort et structuré pour porter son leader au pouvoir.

Mais les baromètres en poli- tique ne le montrent pas puisque vous avez perdu à Guédiawaye?

Je vous ai expliqué tout à l’heure pourquoi on a perdu Guédiawaye. J’en profite pour répondre aux analystes qui disent que Malick Gakou a perdu dans sa base à Guédiawaye et qu’il doit laisser la place. Je voudrais dire à ces analystes de garder leurs ana- lyses dans leur poche. En réalité, ce qui m’intéresse, c’est de servir mon pays. Le jour où je perdrai les élections de la manière la plus libre et la plus transparente possible, je reconnaîtrai ma défaite et cela ne m’empêcherait pas de continuer à servir le Sénégal. Je n’ai jamais perdu d’élections à Guédiawaye. (…) Lors des dernières législatives, la défaite vécue n’est pas le fait de l’APR ni de Macky Sall. On s’est fait battre nous-mêmes. On devrait normalement gagner à Guédiawaye, à Dakar et dans d’autres départements dans le pays. Mais nous avons fait éclater notre coalition sur la base de considérations qui sont tout à fait en porte-à-faux avec les intérêts du Sénégal. J’étais persuadé que personne à part Abdoulaye Wade, ne pouvait me donner autant de forces pour gagner Guédiawaye et Pikine. Même si le Président Abdoulaye Wade est une référence pour moi, et en dépit de l’estime exception- nelle que je lui porte, je ne pou- vais pas le choisir au détriment de Khalifa Ababacar Sall qui est un grand-frère. En prison, je ne pouvais pas lâcher Khalifa Sall. Non je ne lâcherai jamais Khalifa Sall. Même si c’est pour perdre 50 élections, je ne lâcherai pas. Je serai avec lui.

Est-ce que malick gakou a les moyens de ses ambitions ?

Je suis prêt sur tous les plans pour exercer la charge de président de la République. Je suis prêt par mon expérience, mon vécu et par les idées et projets que je porte pour le Sénégal.

D’où tirez-vous votre argent d’autant que vous êtes issu d’un milieu pauvre ?

Je travaille. (…) Même quand j’ai été dans l’Administration, j’ai toujours imaginé à mettre en place des systèmes à même de me permettre de gagner de l’argent en dehors de ce que je gagnais tous les jours en tant que fonctionnaire. C’est pourquoi d’ailleurs quand j’ai quitté le gouverne- ment, j’ai créé ma société. Je suis entré dans les affaires. Je suis devenu administrateur de société. Et aujourd’hui je suis dans le secteur des mines et de l’engrais en Afrique. Et tout ce que j’ai gagné dans ma vie je l’ai gagné dans ce secteur-là. J’ai travaillé dans ce domaine au Sénégal, en Guinée, au Sierra Léone. Je travaille dans ce domaine aussi en Ukraine, en Russie avec des partenaires. C’est un secteur que je maitrise. Je n’ai jamais bénéficié d’un mètre carré de terrain de l’Etat du Sénégal. Je ne prendrai jamais un franc du Sénégal. J’aurais honte d’avoir un salaire de 10 millions de l’Etat du Sénégal pendant qu’il y a de pauvres jeunes sénégalais dans la rue, des paysans qui vivent dans la soudure, des malades qui ont du mal à se soigner…

L’avenir du Sénégal c’est aussi le pétrole et le gaz. est-ce que votre programme politique prend en compte cette question qui fait déjà objet de polémique ?

Si on laisse du gouvernement du Président Macky Sall avoir un deuxième mandat, le Sénégal pendant 50 ans encore ne tirera aucun profit de ses ressources naturelles. Je crois qu’il est important que les ressources naturelles qui appartiennent au peuple sénégalais reviennent en premier chef à ce peuple. Une fois au pouvoir nous allons renégocier tous ces accords fallacieux signés par le gouvernement.

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