LA CHRONIQUE DE MLD / Sérénité et responsabilité : Un sursaut républicain !
Le sulfureux dossier Adji Sarr est plus que jamais une banale affaire qui continue de tenir en haleine 17 millions de Sénégalais très souvent gagnés par l’émotion au point d’échafauder des scénarii dignes d’un film d’Alfred Hitchcock.
Si l’audition du mis en cause s’est déroulée sans problème, il faut apprécier la posture de sérénité et de responsabilité de l’Etat d’abord, d’Ousmane Sonko mais aussi de protagonistes comme Me Elhadji Diouf, Alioune Tine et une bonne frange de l’opinion publique.
Il faut s’en féliciter puisqu’ au final, Dieu est la seule constante, nous sommes tous des variables et la conquête ou la conservation du pouvoir au cœur de toute cette polémique, relève de la Toute-puissance de notre Créateur. Donc il faut toujours savoir raison garder.
L’Etat a joué sa partition en quadrillant discrètement les axes névralgiques de la capitale. Nous n’avons pas besoin d’une sécurité-spectacle avec un déploiement tous azimuts des forces de défense et de sécurité , une image qui rappelle un pays en état de siège. C’est contreproductif et cela renforce plutôt la psychose auprès des paisibles populations. Surtout que plusieurs établissements scolaires de Dakar avaient d’ailleurs fait dans l’anticipation en fermant leurs portes ce jeudi. De même, de nombreux concitoyens n’ont pas jugé utile de se déplacer ;
On craignait à juste raison un jeudi de tous les dangers mais ce qui s’est passé doit être apprécié à sa juste valeur d’autant que l’administration a fonctionné sans anicroches de même que les acteurs économiques qui ont mis l’ouvrage sur métier pour faire tourner l’économie.
De ce point de vue, la démocratie sénégalaise a donc engrangé des points précieux dans sa quête sans cesse renouvelée d’amélioration.
Leader de fait de l’opposition, Sonko n’avait pas jugé utile de jouer les va t-en guerre. Il semble qu’il a bonifié sa communication avec des prises de position intelligentes et forcément pacifiques.
Finalement pas d’attroupements donc pas de provocations çà et là, pas de heurts et pas de grabuge. Les évènements malheureux de 2021 sont encore frais dans les mémoires. Au final tout le monde était franchement désolé avec ces 14 pertes en vies humaines : que leur âme repose en paix.
Parmi les partisans de la plaignante, Me Elhadji Diouf d’habitude bouillant et d’une agitation inexplicable a cette fois ci fait preuve de mesure « On n’a pas convoqué Ousmane Sonko pour l’emprisonner ; Il doit juste donner sa version des faits il ne risque pas la prison » selon le célèbre avocat qui joue visiblement la carte de l’apaisement.
Autant dire chapeau à toute la classe politique car comme le disait le regretté Stefan Zweig, journaliste et écrivain Autrichien : Presque toujours, la responsabilité confère à l’homme de la grandeur. »
Seule ombre au tableau pour ainsi dire : l’arrestation dans ce contexte de dégel de six (6) membres de la garde rapprochée de l’opposant. Les éléments de langage du Procureur de Mbour qui s’est fendu d’un communiqué sont sans appel : les faits qui se sont passés à Tchicky seraient d’une extrême gravité selon le magistrat du parquet.
Dans le cas d’espèce, les arguments du Procureur font foi et sont par conséquent incontestables mais l’opinion peut quand même s’interroger sur le contexte.
Autrement dit, cette accalmie née d’un brusque sursaut des acteurs politiques est pour le moins relative et le Senegal demeure un miracle permanent.
La politisation outrancière de tous les segments névralgiques du pays n’est pas toujours une bonne chose. Résultat, le fonctionnement normal de piliers de l’espace public comme la justice et la presse est sujet à caution.
Tous les actes posés par la classe dirigeante et l’opposition relèvent pratiquement de la politique politicienne et d’une manipulation teintée de mauvaise foi.
Cette paix civile reste précaire d’autant que la bipolarisation de ce débat national qui tourne essentiellement autour de l’axe Macky Sall / Ousmane Sonko est alimentée par de redoutables faucons identifiés des deux côtés. Ces flibustiers et autres boucaniers soufflent au quotidien sur les braises et ont pratiquement l’oreille de leurs Leaders respectifs.
Qui va réussir à isoler ces faucons en question pour l’émergence des colombes ?
Une question vitale tant la campagne électorale permanente à laquelle nous assistons au Sénégal aura sûrement droit de cité jusqu’en 2024.Tant que le ni oui ni non du Président de la République, clé de voûte des Institutions gardera encore toute sa fraîcheur !