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DE PEULGHA AU PALAIS Le fabuleux parcours d’un homme d’etat nommé macky sall

Elu président de la république à 51 ans, un certain 25 mars 2012 au deuxième tour de la présidentielle de la même année avec 65% des électeurs devant son mentor en politique et président sortant Abdoulaye Wade, Macky Sall va célébrer ce weekend les six ans passés à la tête du Sénégal, ce dimanche. En attendant qu’il remette en jeu son mandat le 24 février 2019, retour sur le fabuleux parcours d’un homme parti de son Fatick natal au sommet de l’Etat.

Macky Sall a prêté serment le 2 avril 2012, devenant ainsi le quatrième président de la République du Sénégal indépendant. C’était à l’occasion d’une cérémonie solennelle au King Fahd Palace. Longtemps considéré comme «l’apprenti» de Abdoulaye Wade, cet ingénieur et géophysicien de formation, incarne ainsi le changement après 12 ans de règne sans partage de Me Wade et des Libéraux. Il est né le 11 décembre 1961 à Fatick, au sein d’une famille de six enfants dont il est l’aîné. Macky Sall est élevé dans la région de Fatick par son père, Amadou Abdoul Sall, commis dans la Fonction publique, puis gardien, et sa mère, Coumba Thimbo, femme au foyer. Alors que son père est membre du Parti socialiste, il intègre par le truchement de son beau-frère, le mouvement marxiste-léniniste, And-Jëf, auprès de Landing Savané. Il s’en éloigne rapidement, ne partageant pas l’idée du mouvement, ni la stratégie de Savané de boycott du scrutin de 1983 contre le PS, lors duquel il vote pour le libéral Abdoulaye Wade, fondateur du Pds. Il se rapproche de ce dernier en 1988.

DÉBUTS POLITIQUES AUX CôTéS D’ABDOULAYE WADE

Ingénieur diplômé en Géologie, il adhère à la fin dans la foulée au Parti démocratique (PDS) de Wade qui le repère. En 1998, il est secrétaire général de la Convention régionale du PDS de Fatick depuis 1998 et président de la cellule Initiatives et Stratégies Cis). Il reste fidèle à son leader, en devenant président des cadres du parti, et participant à ce titre à la campagne victorieuse du «Sopi» de l’élection présidentielle de 2000.

DE DG DE PETROSEN à LA PRIMATURE

Proche collaborateur du nouveau président, il espère intégrer le gouvernement, mais devient, de décembre 2000 à juillet 2001, directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN), dans laquelle il a occupé le poste de chef de la division Banque de données pendant plusieurs années et conseiller spé- cial du président de la République chargé de l’Énergie et des Mines, d’avril 2000 à mai 2001. De mai 2001 à novembre 2002, il est ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique. Il remplace le professeur Abdoulaye Bathily qui deviendra vice-président de l’Assemblée nationale. De novembre 2002 à août 2003, il est ministre d’État, ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique dans le gouvernement dirigé par le Premier ministre Mame Madior Boye. D’août 2003 à avril 2004, il est ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, porte parole du gouvernement d’ Idrissa Seck. Il sera remplacé à ce poste par Me Ousmane Ngom. Parallèlement, il est nommé vice-président du comité directeur du PDS en avril 2004.

CHEF DU GOUVERNEMENT

Macky Sall est nommé Premier ministre le 21 avril 2004. Il occupe ce poste jusqu’au 19 juin 2007, détenant le record de longévité des Premiers ministres de Wade. Peu connu, il s’impose lors de son premier discours de politique générale face aux ténors de l‘opposition. Puis, il met en œuvre les projets présidentiels mis en sommeil par n Idrissa Seck : autoroute, corniche de Dakar, nouvel aéroport international Blaise Diagne de Diass inauguré par lui même le 7 décembre 2017. Il conduit la campagne pour la réélection de Abdoulaye Wade en 2007, mais voit ses relations avec le président réélu se détériorer.

LA DESCENTE AUX ENFErS DE MACKY SALL

Remplacé par Cheikh Adjibou Soumaré, il entame sa descente aux enfers. A l’Assemblée nationale, il est élu le 20 juin 2007 à la présidence par 143 voix sur 146 votants. Mais la rupture est consommée quand il cherche à convoquer Karim Wade, fils du président de la République, à l’Assemblée nationale pour audition sur les travaux de l’ANOCI (Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique). Face à son refus de démissionner de ses fonctions, son poste de numéro 2 du Pds est supprimé, le mandat du président de l’Assemblée nationale réduit de cinq à un an, et il est accusé de blanchiment d’argent.

Le début de la rébellion et la naissance de l’Apr

Blessé dans son orgueil, il s’émancipe au lieu de se soumettre à Wade. Le 9 novembre 2008, au cours d’une déclaration en wolof et en français, il annonce son départ du Parti démocratique sénégalais (PDS) et démissionne de tous les postes qu’il occupait grâce à ce parti. Le 1er décembre 2008, il crée, avec une trentaine d’ex-cadres du PDS, un parti politique appelé Alliance pour la République (APR) qui, lors des élections locales du 22 mars 2009 a remporté toutes les localités de Fatick, son fief, la ville de Gossas, douze collectivités locales au Nord du pays, trois au Sud. Aussi, toutes les grandes villes du pays sont remportées par la coalition formée avec les autres partis membres de Bennoo Siggil Senegaal. Avec en ligne de mire l’élection présidentielle de 2012, il sillonne les campagnes sénégalaises et va à la rencontre de la diaspora dans les grandes villes mondiales.

PrésideNt de la République 

Candidat de la coalition «Macky 2012» avec pour slogan «La voie du véritable développement» (Yoonu Yookuté en wolof), il mène campagne à travers le pays sans couper avec le mouvement d’opposition du 23-Juin (M23), qui se contente de manifester à Dakar en faveur de l’invalidation de la candidature d’ Abdoulaye Wade à un troisième mandat. Il arrive en deuxième position du premier tour, avec 26,58% des voix, contre 34,81% au président sortant. Dans l’entre-deux tours, il réunit tous les candidats battus dans la coalition Benno Bokk Yakaar («Unis pour le même espoir», en wolof) et remporte le second tour, le 25 mars 2012, face à celui qui a été son mentor, celui-ci l’appelant le soir même pour le féliciter, avant la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel (avec 65,80 % des voix, contre 34,20% pour le président sortant). Quatrième président de la République du Sénégal, il prête serment le 2 avril 2012 à l’hôtel King Fahd Palace. Le lendemain, il nomme le banquier Abdoul Mbaye au poste de Premier ministre qui prend la tête d’un gouvernement restreint à 25 membres. En septembre 2013, il limoge Abdoul Mbaye et nomme Aminata Touré, ministre de la Justice sortante, au poste de Premier ministre. C’est cette dernière qui a relancé la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei).

L’équation de la présidentielle 2019

En 2014, Mahammed Boun Abdallah Dionne succède à Aminata Touré, après l’échec de cette dernière à Grand-Yoff devant Khalifa Sall. En juillet 2017, c’est l’actuel Premier ministre Dionne qui dirige la liste gagnante de la Coalition Benno Bokk Yakaar, obtenant une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Auparavant, en 2014, plus de 400 collectivités locales ont été gagnées par Benno. Le 20 mars 2016, la mouvance présidentielle a remporté le référendum portant modification de la Constitution. Autant de victoires qui rendent confiant Macky Sall et son camp à moins d’un an de la présidentielle de 2019. Ils aiment répéter que Benno Bokk Yakaar a remporté toutes les élections organisées depuis 2012.

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