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LA CHRONIQUE DE MLD : Le Prince, Pape Diop et la démocratie populiste…

Inondations récurrentes, crise de l’industrie du ciment, prédation foncière, cherté de la vie : les Sénégalais sont bel et bien assis sur une poudrière. Le temps est maussade mais il faudra bien s’y faire et installer le bureau de cette Assemblée nationale new-look surtout que dans la vie tout est lié. De même, ces nombreux problèmes de gouvernance sont justement réglés en amont par les élus du peuple en charge du vote des lois et du contrôle de l’action du pouvoir.
Qui sera le prochain Président de l’Assemblée nationale ? Une question loin d’être saugrenue d’autant que, conformément à son mode de fonctionnement, le Chef politique de Benno, le Président Macky Sall, obéira pour sûr à des critères politiciens pour désigner son « candidat » à lui.
A l’analyse et contrairement à ce que plusieurs observateurs croient savoir, Pape Diop sauveur de la République (selon le Chef de l’Etat) et acteur décisif de la majorité absolue de Benno, tiendrait la corde pour occuper le perchoir.
L’ancien Maire de Dakar est visiblement l’arme fatale et secrète du Prince.
Au plus fort de la fameuse équation 82 / 80 députés Benno / Yewwi et du flottement de Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, Pape Diop avait publiquement fait la différence pour apporter ce bol d’air salvateur au pouvoir. Depuis, il communique très peu et reste une véritable énigme pour l’opinion. Une attitude responsable et intelligente car qui veut voyager loin ménage sa monture surtout que ce ralliement de dernière minute n’est pas bien vu par l’allié socialiste et les traditionnels partis de la gauche toujours aux basques de l’APR/Benno.
L’homme présente plusieurs avantages sur sa « rivale » Mimi Touré dont le profil du reste peu consensuel constitue un talon d’Achille non négligeable. Sans oublier le statut de looser de l’ancien Premier Ministre qui a essuyé des revers électoraux mémorables entre ses fiefs de Grand-Yoff et Kaolack jusque dans son propre bureau de vote.
En politique, les symboles ont la vie dure et le costume de Messie enfilé par Pape Diop, un profil lisse, sans histoires, correct et pondéré, n’est finalement pas trop ample pour lui au vu de son profil de Leader expérimenté et détaché mais aussi de son riche parcours politique.
Il a été par le passé un bon Président de l’Assemblée nationale et il a rallié le pouvoir sans condition.

Malaise démocratique

A vrai dire, à un peu plus d’une année de la fin du magistère en cours, Macky Sall ne va pas faire n’importe quoi pour consolider un pouvoir aux ressorts fortement secoués par le tout dernier scrutin législatif.
En cas de démission ou décès, c’est le Président de la deuxième Institution du pays qui supplée le Président de la République. Ce n’est pas rien d’où le souci du Chef d’assurer ses arrières et d’opérer un strict marquage à la culotte de ses troupes. De ce point de vue, le conclave de Saly Portudal qui va regrouper ce week-end les 82 élus de Benno, à la veille de l’élection historique du bureau de l’Institution parlementaire, garde tout son sens. La coalition présidentielle ne veut rien laisser au hasard d’autant que le diable est toujours dans les détails. Il faudrait travailler au corps tous ces parlementaires de Benno histoire d’éviter au maximum tout vote –sanction le Jour J.
Par ailleurs, il y a une nouvelle donne qui a subrepticement pris place dans le landerneau partisan : il s’agit de cette démocratie populiste en pleine expansion dans nos espaces de vie où chacun peut prétendre à n’importe quelle place.
Au même titre que Sonko, Macky Sall lui-même sait activer la fibre populiste pour polir son image en s’attirant les faveurs du grand public. Au cours de la récente réception de la Coupe du monde de football, chants et déclarations d’amour en direction du trophée n’étaient pas de trop …Un bel intermède, sorte de bol d’air frais pour recharger les accus avant de replonger dans les lourdes urgences domestiques.
Au nom de cette même logique de démocratie populiste, Ousmane Sonko, actuel patron de l’opposition est prêt à ferrailler dur pour imposer son candidat de compromis à savoir le libéral Lamine Thiam, homme –lige de Wade père et Wade fils et ancien Questeur de l’Assemblée. Fidèle à une certaine Real Politik, Sonko le fera au risque de s’aliéner une frange importante de l’inter-coalition notamment les radicaux de Pastef et un certain Ahmed Aidara lui-même pur produit et symbole vivant de cette montée du populisme.
Finalement la célèbre politologue française, Chloé Morin avait raison qui disait : « Le populisme n’est que le symbole de notre malaise démocratique. »
Les chemins de la politique sont décidément insondables.