ENTRETIEN EXCLUSIF : PAPE DIENG, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SONACOS : «nous allons acheter toutes les graines des paysans et des opérateurs»
Il est à la tête de la sonacos depuis seulement deux ans, mais il est en train de changer radicalement le visage de cette entreprise si importante dans la vie des sénégalais. l’arachide qui a connu une production de 1.400.000 tonnes, jamais enregistrée depuis 1976 est collectée normalement et les ops payés, malgré quelques lenteurs. responsable politique, Pape Dieng parle de la réélection de son candidat, le président macky sall, de Abdoul Mbaye, Thierno Alassane sall, youssou Ndour, etc. entretien exclusif.
Il y a une production record e d’arachides cette année. où en est la sonacos avec la collecte ?
Le Sénégal a effectivement réalisé une production record cette année. Nous avons connu une récolte jamais réalisée depuis 1975-76. Elle fait plus de 1.400.000 tonnes de graines d’arachides. Toutes les graines ne sont pas destinées aux huileries. Une partie servira à l’autoconsommation des ménages, une autre sera utilisée comme semences ou exportée et les industriels vont acheter la partie commercialisée comme arachide d’huilerie. Sur un objectif de collecte de 250.000 tonnes, Sonacos SA a déjà réalisé une collecte de 154.438 tonnes, compte tenu des 450 camions en attente de déchargement. L’objectif de collecte de 250.000 t qu’on s’est fixé d’ici fin mai 2018 pourrait être atteint et même dépassé si les tendances et cadences de réception se maintiennent. Nous allons acheter toutes les graines des paysans et des opérateurs.Nous y sommes résolument engagés et toutes les équipes sont mobilisées pour réceptionner les graines qui arrivent devant nos usines.
Le paiement des ops se fait-il normalement ? les banques suivent-elles ?
Le paiement des opérateurs s’effectue normalement. Nous avons mobilisé un financement de 52 milliards de FCfa auprès d’Itfc et travaillons avec des banques relais au Sénégal (Bnde et Cncas) pour payer les factures présentées par les opérateurs. La moitié du financement est encore disponible. Les longues files d’attente des camions devant nos usines et les délais de facturation et de traitement interne des factures en relation avec les banques locales, ainsi que l’importance du cash dans une campagne de cette dimension, peuvent impacter les règlements et entraîner quelques désagréments aux opérateurs, mais les opérations de paiement des graines se déroulent normalement dans l’ensemble.
Quelle est la situation financière de la sonacos en comparaison de l’année de votre nomination ?
Nous travaillons à améliorer la situation financière de l’entreprise fortement dégradée au moment de sa reprise par l’Etat du Sénégal. Quand l’Etat a repris Suneor dont la dénomination sociale a été changée pour devenir Sonacos SA et que le Président m’a nommé en mai 2016, toutes les usines étaient à l’arrêt. La collecte totale de la campagne 2015- 2016 trouvée sur place était de 7000 tonnes d’arachides. Ce tonnage ne permettait pas de faire tourner les usines. Sonacos SA était dans des difficultés financières inextricables au point que c’est l’Etat du Sénégal qui aidait au paiement des salaires jusqu’en fin novembre 2016. Dès la mise en place du conseil d’administration et de la nouvelle direction, nous avons élaboré un plan de restructuration financière et de relance des activités qui indique sur les années 2017, 2018 et 2019, les mesures à mettre en œuvre pour résorber les dettes bancaires, fournisseurs, sociales et les programmes d’investissement et de production. L’objectif était de sauver l’entreprise d’une faillite certaine, de la redresser, la moderniser et relancer ses activités. Pour la relance des activités, sur 2017, nous nous sommes engagé de toutes nos forces sur la campagne de commercialisation de l’arachide. Nous avons collecté 96 024 tonnes de graines coques d’arachides. Nous avons redémarré l’ensemble des usines (Louga, Diourbel, Kaolack, Ziguinchor) et dans une moindre mesure l’usine de Dakar dont la relance de la production d’huile raffinée d’arachide est fortement gênée par les importations massives de plus de 45 marques d’huile sur le marché local. Sur 2018, les résultats encourageants enregistrés sur la collecte 2017 seront consolidés. Déjà, nous avons acheté plus de 154 000 tonnes et nous espérons atteindre plus de 250 000 tonnes de graines. Le marché international de l’huile est très fluctuant et n’est pas maîtrisé par Sonacos ; ce marché connaît une déprime depuis quelques années particulièrement celui de l’huile brute d’arachide. Il y a un effondrement des cours de l’huile brute d’arachide sur le marché international combiné à une tendance baissière du dollar. Aussi, avons-nous décidé de changer de modèle pour recentrer nos ventes sur le marché local. Le marché de l’huile au Sénégal représente environ 200 000 tonnes, soit une valeur d’environ 200 milliards de FCfa par an. Sonacos ne peut continuer à enjamber ce marché essentiellement alimenté par des huiles importées de moindre qualité que celle d’arachide. Cela pour dire que le positionnement de Sonacos SA sur le marché local de l’huile est justifié. Le modèle basé sur l’exportation par Sonacos SA des huiles brutes d’arachide et un soutien étatique récurrent du prix au producteur n’est plus pertinent. Ce qui permet à Sonacos SA de retrouver son lustre d’antan, sa stabilité et sa rentabilité, c’est de triturer la graine d’arachide, raffiner l’huile brute obtenue de la trituration et vendre localement l’huile raffinée sur un marché porteur. Notre démarche permet de créer de la valeur ajoutée et est conforme aux orientations du Plan Sénégal Emergent (Pse) et au Pracas, volet agricole du Pse. avantla sonacos, vous étiez à la sénélec que vous avez redressée.
Aujourd’hui, que ressentez-vous après les brillants résultats de votre remplaçant Makhtar Cissé ?
Je ne peux que ressentir de la fierté dans son travail qui s’inscrit dans la continuité. J’ai connu Monsieur Makhtar Cissé avant qu’il ne soit nommé DG de Sénélec. Nous avons un ami commun. Vous me permettrez cependant de ne pas juger le travail qu’il est en train de réaliser à Senelec mais d’apprécier globalement les résultats positifs de la politique énergétique du Président Macky Sall depuis qu’il est à la tête du pays. En effet, M.Aly Ngouille Ndiaye, à qui je manifeste mon amitié, Ministre de l’Energie disait en début 2013 qu’en 2017 l’électricité ne sera pas un thème de campagne. Ces résultats sont obtenus grâce à la vision du président de la République Macky Sall dont la politique pour une satisfaction de la demande à moindre coût repose sur le mixte énergétique. Parlons politique à présent. Nous sommes à 50 semaines de la présidentielle.
Votre candidat, le Président Macky Sall peut-il passer au premier tour? En somme, représente-t-il un peu plus d’un électeur sur deux? Surtout que votre camp de départ s’est fissuré avec les départs du Premier ministre Abdoul MBAYE et du ministre Thierno Alassane Sall?
MM Abdoul Mbaye ancien PM et Thierno Alassane Sall, ancien Ministre de l’Energie ont quitté le camp présidentiel pour rejoindre l’opposition, mais je m’interroge sur leur véritable objectif : est-ce qu’ils veulent faire perdre le Président Macky Sall ou ont-ils l’ambition de devenir président de la République parce que rien dans leur démarche ne permet de penser qu’ils ont une ambition présidentielle. Depuis qu’ils ont créé leurs mouvements, ils se sont contentés de critiquer le Président sans proposer un projet alternatif au Pse. Nous attendons qu’ils présentent aux Sénégalais leurs politiques sur l’éducation, la santé, les infrastructures, l’énergie, les réformes pour la consolidation de l’Etat de droit, etc. tout cela sur un projet programme chiffré pour juger. Sincèrement les Sénégalais les entendent parler mais attendent de comprendre ce qu’ils veulent réellement
Il ya aussi idrissa seck et bamba dièye qui ont quitté la mouvance présidentielle et qui sont très virulents. une menace sérieuse pour la réélection de votre candidat ?
Je crois que les Sénégalais connaissent bien MM Idrissa Seck et Bamba Dièye. Ils ont en commun leur éloquence verbale qui peut séduire une partie de la jeunesse qui ne se soucie pas de son avenir mais de contester la politique menée par le Président Macky Sall. Eux non plus, ne pré- sentent pas de projet alternatif au Pse. Si on fait un peu d’histoire, on peut tirer quelques constats de la pluralité des candidats aux élections: les Sénégalais votent utile. En effet, quel que soit le nombre de candidats, les 3 ou 4 premiers totalisent autour de 90% des voix lors de chaque élection. Ensuite, le sortant est toujours classé en tête au premier tour, il bénéficie de la prime du sortant. Enfin, aucun Président n’a perdu l’élection pour un 2° mandat. A partir de ces constats et des résultats des dernières élections législatives, on peut classer les pôles capables de recueillir l’essentiel des suffrages des Sénégalais.Il y a : Benno Bokk Yakaar qui regroupe l’Apr, le Ps, l’Afp, la Ld, le Pit et leurs alliés ; le pôle autour du Pds ; le pôle Manko Taxawou Sénégal qui a déjà enregistré deux candidatures à la présidentielle ; le pôle autour du Pur et le pôle de tous les autres candidats qui font environ 10% des électeurs. Pour le moment, ces pôles qui font face à Benno Bokk Yakaar arriveraient difficilement à réunir la majorité des électeurs et en plus, nous sommes en politique. Tout le monde calcule, et pour cette raison, aucun des candidats de l’opposition n’a intérêt, s’il ne gagne pas, à faire élire un autre candidat qui pourraitfaire dix ans au pouvoir en lieu et place du Président Macky Sall qui ne pourra plus se représenter en 2024 s’il gagne l’élection de 2019. Je pense donc que si l’élection présidentielle devait se dérouler dimanche prochain 17 mars 2018, le Président Macky Sall serait réélu dès le premier tour. On verra d’ici à février 2019 comment la situation politique va évoluer.
Comment réagissez-vous à la dernière sortie de youssou Ndour étalant ses déceptions ?
Youssou Ndour est audible quand il parle mais beaucoup de responsables de Benno Bokk Yakaar ont eu à dénoncer avant lui certains comportements dans la coalition. J’ai suivi la totalité de son émission l’autre dimanche. J’ai plutôt apprécié l’homme d’affaires, son patriotisme, quand il explique le nombre relativement restreint des membres de sa famille dans ses structures pour un effectif qui tourne autour de 400 employés dans GFM. J’ai également admiré le chef d’entreprise qui préfère étendre son business pour pré- server les emplois plutôt que de licencier. En somme, c’est un homme qui mérite respect pour tout ce qu’il entreprend pour la création d’emplois et pour le rayonnement du Sénégal dans le monde. en février 2019, le président pourra-t-il enfin gagner le vote plus que symbolique de Touba? C’est notre souhait à nous tous et le Président est en train de tout faire pour gagner les élections à Touba par la politique qu’il mène pour créer de la richesse en concertation avec les milieux économiques de la ville sainte de Serigne Touba.
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