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TRANSFERTS DES MIGRANTS : La Banque mondiale table sur 630 milliards de dollars

ECONOMIE : Les envois de fonds officiellement enregistrés vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient augmenter de 4,2 % et s’élever à 630 milliards de dollars cette année. Cette hausse fait suite à une reprise presque record de 8,6 % en 2021, selon la dernière note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement. 

« On s’attend en 2022 à un boom de plus de 20 % des envois de fonds vers l’Ukraine, principal pays bénéficiaire des remises migratoires en Europe et Asie centrale. Toutefois, les transferts d’argent des migrants vers de nombreux pays d’Asie centrale, dont la principale source est la Russie, vont probablement chuter de manière spectaculaire. Ces baisses, combinées à la hausse des prix des denrées alimentaires, des engrais et du pétrole, sont susceptibles d’accroître les risques d’insécurité alimentaire et d’exacerber la pauvreté dans bon nombre de ces pays. En 2021, les remises migratoires ont considérablement augmenté en Amérique latine et Caraïbes (25,3 %), en Afrique subsaharienne (14,1 %), en Europe et Asie centrale (7,87 %), au Moyen-Orient et Afrique du Nord (7,6 %) et en Asie du Sud (6,9 %). En Asie de l’Est et Pacifique, les envois de fonds ont en revanche diminué de 3,3 %, mais si l’on exclut la Chine, la région enregistre une hausse de 2,5 %. À l’exclusion de la Chine, les remises migratoires représentent la plus grande source de financement extérieur pour les pays à revenu faible et intermédiaire depuis 2015. Les cinq principaux pays bénéficiaires des envois de fonds en 2021 étaient l’Inde, le Mexique (qui a supplanté la Chine), la Chine, les Philippines et l’Égypte. Parmi les pays où le volume des remises migratoires en pourcentage du PIB est très élevé figurent le Liban (54 %), les Tonga (44 %), le Tadjikistan (34 %), la République kirghize (33 %) et le Samoa (32 %).

Selon la même source, les envois de fonds vers les pays en développement de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) ont augmenté de 7,6 % en 2021 pour atteindre 61 milliards de dollars, sous l’effet de fortes hausses vers le Maroc (40 %) et l’Égypte (6,4 %). Une progression qui s’explique par la croissance économique enregistrée dans les pays d’accueil de l’Union européenne, ainsi que par les migrations de transit, qui ont contribué à une hausse des envois vers des pays d’accueil temporaire comme l’Égypte, le Maroc et la Tunisie. En 2022, on s’attend à un ralentissement de la croissance des remises migratoires vers la région, qui devrait s’établir à 6 %. Pour les pays en développement de la région MENA, les envois de fonds des migrants constituent depuis longtemps la principale source de ressources extérieures (61 % en 2021), devant l’aide publique au développement, l’investissement direct étranger (IDE) et les flux de placement et d’endettement. Le coût d’envoi de 200 dollars vers la région a diminué au quatrième trimestre 2021, à 6,4 %, contre 6,6 % un an auparavant.

AFRIQUE SUBSAHARIENNE : 49 MILLIARDS DE DOLLARS DE TRANSFERTS DES MIGRANTS EN 2021

Les remises migratoires vers l’Afrique subsaharienne ont augmenté de 14,1 % pour atteindre 49 milliards de dollars en 2021, après une baisse de 8,1 % l’année précédente. La croissance des envois de fonds a bénéficié de la forte activité économique en Europe et aux États-Unis. Les transferts enregistrés vers le Nigéria, le plus grand pays bénéficiaire de la région, ont augmenté de 11,2 %, en partie grâce aux politiques visant à canaliser les envois par le biais du système bancaire. Les pays enregistrant des taux de croissance à deux chiffres sont Cabo Verde (23,3 %), la Gambie (31 %) et le Kenya (20,1 %). Les pays où le volume des remises migratoires en pourcentage du PIB est conséquent sont la Gambie (27 %), le Lesotho (23 %), les Comores (19 %) et Cabo Verde (16 %). En 2022, les remises migratoires devraient augmenter de 7,1 %, à la faveur de la poursuite du recours aux canaux officiels au Nigéria et de la hausse des prix des denrées alimentaires — les migrants enverront probablement plus d’argent aux pays d’origine qui subissent actuellement des augmentations extraordinaires des prix des denrées de base. Le coût d’envoi de 200 dollars vers la région s’élevait en moyenne à 7,8 % au quatrième trimestre 2021, soit une légère baisse par rapport aux 8,2 % enregistrés il y a un an, selon la dernière note de la Banque mondiale.

Mamadou SARR