MBAYE TOURE SUR LA CAISSE D’AVANCE «Je n’ai fait que me conformer à ce qui se faisait»
Le directeur administratif et financier de la ville de Dakar, mbaye touré a fait face, hier dans l’après-midi, au feu roulant des questions de l’agent judiciaire de l’etat, antoine Diom et des avocats de l’etat du sénégal. Dans cette épreuve, l’aje a tenté de lever l’équivoque sur cette dualité de la caisse d’avance, tantôt considérée comme une caisse d’avance, tantôt comme des fonds politiques.
«On vous permet de procéder à des dépenses, mais vous revenez postérieurement pour justifier les dépenses effectuées», fait remarquer Antoine Diom. Un procédé confirmé par le Daf, Mbaye Touré, avant que l’Aje ne revienne à la charge. «Comment peut-on parler de fonds politiques dans ce cas par le seul fait de l’usage de la caisse d’avance», indique-t-il. A cette nouvelle interpellation, le Daf de relever que la Caisse d’avance a servi de support aux fonds politiques, créés en 1997. Quid du cachet et de l’en-tête empruntés au Gie Tabbara ? Mbaye Touré d’expliquer que c’était pour justifier les décaissements. Un mécanisme qui, dit-il était en cours au niveau de la mairie. Invité par Antoine Diom à reconnaître que c’est du faux, le Daf de battre en brèche, avant d’inviter l’Aje à juger son intention. Or, en l’espèce, son intention n’était pas de commettre du faux, mais de se conformer à un mécanisme déjà en cours pour aider au décaissement de l’argent. Aussi, a-t-il signé les procès-verbaux de réception de mil et de riz. «L’objectif n’était pas de réceptionner en nature du mil ou du riz mais de se conformer au mécanisme trouvé sur place pour décaisser cet argent», révèle le Daf de la Ville de Dakar pour se dédouaner. Cependant, déterminé à lever le lièvre sur la Caisse d’avance, Antoine Diom de marteler : «Puisqu’il s’agit de fonds politiques, pourquoi justifier les dépenses», s’interroge l’Aje. «Ce n’est pas moi qui ai besoin de justifier ces dépenses. Mes prédécesseurs procédaient de la sorte et je me suis fondé sur les documents que j’ai trouvés sur place. Ce n’est pas un procédé que Mbaye Touré a instauré en 2003. A mon arrivée, il était normal que je prenne connaissance dont la caisse était gérée par mes prédécesseurs. Je n’ai fait que me conformer à ce qui se faisait», se défend M.Touré. Par ailleurs, devant le feu roulant des questions de l’Aje, certains avocats de la défense sont montés au créneau pour s’insurger de cette démarche qui, selon Me Ousseynou Fall, vise à «malmener» son client. De son côté, le président Lamotte n’a pas apprécié cette incursion intempestive de la défense pour s’attaquer à l’Aje. Une situation qu’il trouve inacceptable et ne manque pas d’inviter la défense à «l’autorégulation», ainsi qu’au Bâtonnier pour régler ces questions. Un incident qui n’a pas ébranlé l’Agent judiciaire qui, impassible, a poursuivi son interrogatoire. Ainsi, revenant sur la déclaration du prévenu à l’enquête préliminaire sur la caisse d’avance, Mbaye Touré de révéler que la caisse d’avance a été abrogée. Il en veut pour preuve l’abrogation de tous les arrêts portant création de la caisse d’avance dont le décret est entré en vigueur, dit-il, depuis le 31 décembre 2003. Ce qui le fonde à croire que c’était une caisse politique et non une caisse d’avance.
MBAYE TOURE s’attendait à des honneurs…
A la suite de l’Agent judiciaire de l’Etat, Me Samba Bitèye a hérité du témoin. Ainsi, à la question de savoir si une recommandation de la suppression de la caisse d’avance a été faite à la suite de la mission de vérification de l’inspection générale d’Etat (Ige), le Daf de la Ville de Dakar de répondre par l’affirmative. «Quel est le nouveau support de la ville de Dakar après la suppression de la caisse d’avance ? Comment le maire accède-t-il aux fonds politiques», s’interroge l’avocat. «Depuis la suppression de la caisse d’avance, je ne sais plus ce qui se passe à la ville de Dakar. Depuis le 7 mars 2017, j’ai déménagé en prison», fait remarquer Mbaye Touré pour indiquer qu’il est, depuis cette date, dans les liens de la détention. Poursuivant, le directeur administratif et financier de la ville de Dakar ne manque pas de se désoler de cette situation. A l’en croire, pour tout ce qu’il a fait pour la ville de Dakar, il méritait d’être décoré, ainsi que son compagnon d’infortune et non moins comptable Yaya Bodian. Hélas, à la place des honneurs… la prison. En effet, pour avoir trouvé le budget de la ville de Dakar à 9 milliards, ils ont réussi à le porter à 60 milliards. C’est pourquoi, il trouve injuste de se retrouver en prison à la veille de sa retraite. Me Baboucar Cissé s’y est également mis pour lever le doute sur la fameuse caisse d’avance. Seulement à la question de savoir si c’est le maire qui demandait au Daf de chercher des justificatifs pour décaisser l’argent, Mbaye Touré s’est tout simplement braqué. Et, lorsque l’avocat est revenu à la charge, le Daf de rétorquer que c’est certes une question précise, mais se désole qu’elle n’ait pas été adressée à la bonne personne, faisant allusion à Khalifa Sall.
Toutinfo