Politique

LA CHRONIQUE DE MLD:Ces élections n’avaient de locales que le nom…

Par Mamadou Lamine Diatta

POINT DE VUE : De prime abord, il faut préciser qu’il s’agit juste de faire une analyse provisoire du récent scrutin local puisque les résultats officiels doivent être publiés par les commissions départementales de recensement des votes. En vérité, il faut reconnaître et saluer la fiabilité du système

électoral sénégalais. Faut-il le rappeler, on vote au Sénégal depuis 1848, donc nos concitoyens ont une tradition, une solide  culture du vote. C’est un avantage comparatif non négligeable dans le contexte africain surtout qu’ici on sait au moins que le vote sert à quelque chose et qu’il y a mille chances de ne pas le dévoyer par des subterfuges liées notamment aux fraudes massives …

La forte mobilisation des électeurs surtout des primo-votants a surpris plus d’un. C’est une frange de la population généralement contestataire qui veut tout casser sur son passage et qui est en conséquence contre l’Establishment incarné par Benno Bokk Yaakar(BBY) C’est un début d’explication à la forte poussée de Yewwi Askanwi (YAW) dont les leaders présentent des profils plus jeunes (Sonko, Bathélemy, Khalifa, Gakou…) avec un discours musclé en phase avec les préoccupations de la jeunesse.

 Et puis, Yaw a raflé la mise essentiellement  dans bon nombre de capitales départementales, donc en milieu urbain. C’est une donne assez intéressante d’autant que ce sont des zones à forte concentration humaine et qui polarisent beaucoup de frustrations, corollaires du mal-vivre, de l’injustice et même de la supposée arrogance de certaines figures emblématiques du pouvoir en place depuis 2012. 

Des situations comme la pauvreté galopante, la rareté et même les pertes d’emplois et l’état de  dégradation avancée  du cadre de vie sont à n’en point douter du pain béni pour une opposition revigorée par l’unité réussie autour d’icônes qui ont réussi à mettre de côté les batailles d’égos. En revanche, l’usure du pouvoir semble opérer au sein d’une coalition Benno minée par des querelles intestines qui ont eu comme révélateurs la confection de listes dites parallèles à Dakar /Mambaye Niang, Kolda/Mame Boye Diao) ou encore à Fatick avec la coalition Andu Nawlé de Mamadou Camara Pca Ancar, Sory Kaba…

Cet émiettement des forces vives de la mouvance présidentielle  a été visiblement contre-productif. D’abord c’est un signe clinique d’implosion, ensuite cela renvoie une image négative chez  l’électeur lambda plus que jamais avisé et exigeant. Résultat des courses, il y’a eu visiblement  des votes-sanctions qui ont plombé l’envol de BBY dans ce scrutin local. La bataille de Dakar remportée haut la main par Yewwi de Barthélemy Diaz et compagnie est assez symptomatique des heures sombres que vit présentement le régime du Président Macky Sall. 

Pis, certaines villes symboliques comme Ziguinchor, Diourbel, Tivaouane, Kaolack ou encore Thiès (sous réserve) ne sont plus contrôlées par le pouvoir. Pour bon nombre d’observateurs, ces élections n’avaient de locales que le nom surtout qu’elles permettent d’avoir une idée précise de l’état actuel de l’opinion publique dans la perspective des futures consultations citoyennes.

 De ce point de vue il urge pour le Chef de l’Etat, patron de la coalition aux affaires de faire une lecture fine, lucide et pas du tout émotive de cette nouvelle donne afin d’éviter au mieux un probable effet domino lors des élections législatives qui pointent à l’horizon. Macky Sall semble contraint et forcé d’apporter un remède de cheval à BBY et à la gestion des affaires publiques afin de convaincre un électorat difficile à apprivoiser. Car l’opposition est pratiquement renforcée et requinquée par ses résultats flatteurs qui au finish confortent l’image reluisante de vitrine démocratique que renvoie le Sénégal à la communauté internationale.

Par Mamadou Lamine Diatta