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PRODUCTION, INTRANTS, MATERIEL AGRICOL, SEMENCES…Les députés labourent le champ de Moussa Baldé

Déplorant une baisse de performance et des productions agricoles, les députés ont invité hier le Pr Moussa Baldé à oser amorcer un nouveau virage pour départir l’agriculture sénégalaise de sa dépendance à la pluviométrie et de la dominance de la culture arachidière. 

Les députés ont passé au peigne fin hier, le secteur de l’agriculture. Ils ont mis à profit le vote du budget du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, pour interpeller le Professeur Moussa Baldé sur les problèmes du secteur. Pour le député Nango Seck, il faut travailler à départir l’agriculture sénégalaise de sa dépendance de la pluviométrie et de la dominance de la culture arachidière. ‘’Un pays qui aspire à l’émergence et au développement doit mettre en valeur son agriculture. Nous devons oser aborder un nouveau virage vers une agriculture de développement. Tous les pays cités en référence ont réussi à stabiliser leurs systèmes agricoles’’, a-t-il soutenu. ‘’Il faut une politique protectionniste pour protéger nos producteurs. Nous devons protéger notre agriculture et diversifier la production’’, a-t-il ajouté. 

Moussa Baldé accusé de détournement d’objectifs

Le député du département de l’Europe du Sud qui s’en est vertement pris au Pr Moussa Baldé, l’accuse de détournement d’objectif dans la distribution des intrants agricoles. ‘’Les semences et le matériel agricole sont entre les mains de lobbys’’ a-t-il accusé. Une position appuyée par Cheikh Abdou Mbacké Bara Doly. ‘’Il y a des députés qui bénéficient du matériel agricole, des engrais et des semences au détriment des agriculteurs’’, accuse-t-il. Abondant dans le même sens, Mor Kane émet des doutes sur le respect des critères préétablis pour bénéficier du matériel agricole, notamment des tracteurs. Ainsi, il a invité le Professeur Moussa Baldé à éliminer toute forme d’intermédiaire dans la distribution des semences et des intrants agricoles pour que les vrais ayants-droits puissent y accéder. ‘’Le secteur agricole n’a pas bien fonctionné cette année’’, a-t-il fait savoir au ministre. De son coté, Mamadou Diop de Croix a déploré la faiblesse de l’apport du secteur de l’Agriculture au Pib qui est estimé à 9,4%. Sur cette question spécifique, le ministre des Finance et du Budget a apporté des précisions. ‘’C’est logique. Il fallait plutôt s’en féliciter. C’est la logique économique, parce que quand un pays se développe, son industrie et ses services doivent se développer’’, a répliqué Abdoulaye Daouda Diallo.    

Cheikh Seck : ‘’Douter aujourd’hui des performances de l’agriculture dénote tout simplement d’un manque de connaissance du secteur’’

Du côté des députés de la mouvance présidentielle, l’on s’est réjoui des performances enregistrées dans le secteur de l’Agriculture. D’après Boubacar Biaye, le régime de Macky Sall a fait des performances qu’aucun autre n’a eu à faire. ‘’Notre agriculture a fait des progrès sous le régime du Président Macky Sall’’, déclare-t-il. Son collègue du Parti socialiste, Cheikh Seck, par ailleurs président de la Commission développement rural de l’Assemblée nationale pense que l’opposition est de mauvaise foi. ‘’Douter aujourd’hui des performances de l’agriculture dénote tout simplement d’un manque de connaissance du secteur. Nous avons des productions record. Nous avons enregistré un taux de motorisation jamais connu. Aujourd’hui, dans tous les secteurs de l’agriculture, nous sommes en avance’’, croit-il savoir. Toutefois, il a fait quelques suggestions pour plus de performance. ‘’Il faut aller vers la structuration de toute la production agricole. Il faut renforcer la Dpv. Il faut faire revenir l’avertissement agricole dans le dispositif de la Dpv’’, a recommandé le responsable socialiste.   

Aida Mbodji : ‘’Il faut qu’on mette en place une bonne politique d’industrialisation’’ 

Les députés ont aussi mis à profit le passage du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural pour demander la relance de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos). Sa relance va, d’après Sadio Diakhaté, non seulement contribuer au dynamisme de l’économie nationale, mais aussi générer beaucoup d’emplois pour la jeunesse. Seulement, a-t-il déploré, ‘’il n’y a pas suffisamment de marketing pour l’usine de la Sonacos’’. Plaidant pour le renforcement de cette société, Aida Mbodji a demandé au ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural à créer les conditions pour la transformation de la production agricole. ‘’Il faut qu’on mette en place une bonne politique d’industrialisation. C’est l’industrialisation qui peut créer des plus-values et créer des emplois. C’est une question de politique volontariste’’, a-t-elle plaidé. ‘’On ne peut pas créer des emplois pour les jeunes en laissant la Sonacos en rade’’, a ajouté Ramatoulaye Diatta qui en appelle à une augmentation du budget du département.

Moussa Baldé : ‘’Malgré un hivernage un peu plus capricieux et une difficulté dans la fourniture d’engrais, nous avons quand même une production correcte’’

Répondant aux interpellations, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Moussa Baldé a tout d’abord confirmé la baisse de la production. ‘’Cette année, malgré un hivernage un peu plus capricieux et une difficulté dans la fourniture d’engrais, nous avons quand même une production correcte’’, a relativisé Moussa Baldé. Il a aussi cité le bassin de l’Anambé comme modèle de performance de l’agriculture qu’il va falloir dupliquer dans les autres localités du pays.  ‘’Aujourd’hui le bassin de l’Anambé est devenu un modèle d’une agriculture moderne. Ce qui fait qu’aujourd’hui, c’est difficile d’y trouver un demi-hectare, parce que c’est saturé. C’est pourquoi, je comprends les demandes de nouveaux aménagements’’, a expliqué Moussa Baldé. ‘’Je suis arrivé à l’Anambé, j’ai trouvé un cimetière de matériel agricole. Aujourd’hui, il y a du matériel agricole qui marche avec des tracteurs neufs’’, a-t-il rappelé.  

Renforcement des moyens de la Saed, de la Sodagri et de l’Anida

Dans le cadre de la modernisation de l’agriculture, le ministre de l’Agriculture a annoncé le renforcement des moyens de la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta et des vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED), de la Société de développement agricole et industriel (Sodagri). Il en sera de même pour l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (ANIDA) et la Direction de la protection des végétaux (Dpv) qui vont aussi bénéficier de plus de moyens pour faire face à leurs missions.

Le ministre a apporté des précisions sur la tension notée dans la distribution de l’engrais. ‘’Il y a un problème de disponibilité d’engrais au niveau mondial depuis le déclanchement de la pandémie. Je veux que tout le monde soit conscient de cette situation’’, a-t-il soutenu. D’ailleurs, il soutient qu’une réunion des ministres de l’Agriculture de l’Uemoa doit se tenir au Benin le 13 prochain pour se pencher sur la problématique de l’engrais. A la fin des débats, les députés ont voté, à la majorité, le budget du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, arrêté à la somme de 455 494 239 597 Francs CFA en Autorisation d’engagement (Ae) et à 183 135 380 526 Francs CFA en Crédit de paiement (Cp).  

L’info