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DES TENUES SCOLAIRES FINANCÉES PAR L’ETAT: Le véto de la Cosydep

La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique, demande à l’Etat, au sortir d’un point de presse en ligne animé hier par son directeur Cheikh Mbow, de sursoir au programme national de dotation des établissements en tenues scolaires et de réorienter le budget de 30 milliards FCA prévu à cet effet, à d’autres défis plus prégnants. 

Le Programme national de dotation des établissements en tenues scolaires initié par les autorités étatiques au lendemain des évènements de mars dernier, ne rencontre pas l’assentiment de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep). Selon son directeur, Cheikh Mbow, la mobilisation de 10 milliards pour l’achat de tenues scolaires pose au moins 3 questions. D’abord, la priorité de cette opération face aux défis prégnants qui ont pour noms : résorber les abris provisoires, solder le passif avec les enseignants, mettre aux normes l’environnement des apprentissages (sécurité, eau, hygiène), garantir la continuité des enseignements en situation d’urgence surtout pour les plus défavorisés, etc. Ensuite, le dispositif inclusif et transparent qui devra la soutenir pour l’exécuter, si malgré tout, le niveau central était retenu pour l’opérationnaliser, étant donné que les marchés devraient être gérés par les niveaux décentralisés et déconcentrés. 

‘’On ne peut pas avoir dans ce contexte un programme qui ne fait en aucun cas allusion à la pandémie dans sa conception. C’est impossible’’ 

Enfin, la capacité à assurer la durabilité de l’opération en évitant de faire supporter les coûts par les familles déjà éprouvées. ‘’Bien que reconnaissant que la tenue scolaire milite pour la réduction des inégalités à l’école et la lutte contre toute forme de discrimination, la Cosydep s’interroge sur la priorité, le dispositif opérationnel et la durabilité de cette mesure’’, fulmine Cheikh Mbow qui exige l’arrêt de ce programme et la réorientation des ressources mobilisées à cet effet aux défis susmentionnés. ‘’On ne peut pas ignorer les réalités de la pandémie. On ne peut pas avoir dans ce contexte un programme qui ne fait en aucun cas allusion à la pandémie dans sa conception. C’est impossible. L’année dernière, si on a eu de meilleurs résultats, c’est qu’on a agi sur les normes de qualité. Cette année, il n’y a pas eu de perturbation et malgré tout, les résultats n’ont pas été bons’’, note-t-il.

‘’Pour les parents, le choix ne se poserait pas entre la santé et le bien-être de leurs enfants et leur dotation en tenues scolaires.

Pour la Cosydep, le plan de financement du programme de dotation en tenues scolaires pose un sérieux problème. ‘’En termes de durabilité, le plan de financement pose problème puisqu’à la fin, ce sont les familles et les collectivités locales qui vont supporter tous les frais à partir de 2024’’, note Cheikh Mbow. Qui déplore également la démarche de l’Etat qui n’a, selon lui, impliqué aucun acteur de l’éducation. ‘’Ce gouvernement n’aura pas écouté les acteurs parce que personne ne le soutient à ce niveau. Il faut non seulement stopper ce programme, mais orienter l’enveloppe vers des défis concrets en lien avec l’amélioration des apprentissages’’, déclare-t-il. 

‘’Pour les parents, le choix ne se poserait pas entre la santé et le bien-être de leurs enfants et leur dotation en tenues scolaires.

Avant d’ajouter : ‘’Pour les parents, le choix ne se poserait pas entre la santé et le bien-être de leurs enfants et leur dotation en tenues scolaires. La troisième vague est venue en fin d’année scolaire, mais elle risque de nous suivre l’année scolaire à venir’’, prévient-il. Fustigeant ainsi le fait qu’aucunement, il n’a été fait allusion aux éléments du contexte marqué par une troisième vague du coronavirus très contagieux et meurtrier, et un déficit en enseignant, en salles de classe et en table-bancs. Pour toutes ces raisons, le directeur de la Cosydep invite les autorités étatiques qui semblent droit dans leur botte, à surseoir à ce programme et à réorienter le budget pour régler d’autres défis. ‘’Il est important qu’on puisse nous accorder sur cette enveloppe. Les 10 milliards annuels devaient être orienter vers l’amélioration des apprentissages. Nous avons besoin de ressources pour régler des défis concrets liés au contexte actuel tel que solder le passif avec les enseignants, la question des abris provisoires, la remise aux normes de nos écoles en termes de salles de classes adéquates et de toilettes propres’’, préconise-t-il.