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LES AUTORITES ET LA LUTTE CONTRE LE COVID : La pédagogie par le mauvais exemple ! (PAR Mbaye THIANDOUM)

Hier, le Sénégal a enregistré 529 cas de Covid 19, dont 16 cas graves, et un taux de positivité énorme de 19, 45%. Le plus inquiétant est l’ampleur des cas communautaires 341, recensés dans 11 régions, autant dire dans tout le pays.  La courbe des décès commence a monté dangereusement aussi, avec 4 cas hier. Il y a 15 jours, on était à 70 cas quotidien, un chiffre qui a plus que quintuplé, passant de 42747 cas positifs au total à 46175 hier, soit plus de 4000 nouvelles contaminations en 15 jours. De même, il y a 15 jours, en dehors de Dakar, seules 4 régions (Fatick, Podor, Kaolack, Thiès) avaient enregistré des cas, contre 10 aujourd’hui. Bref, des données qui prouvent nettement que la 3ème vague de la pandémie est bien réelle et semble plus fulgurante que les deux précédentes. Et pendant que le mal gagne très rapidement du terrain, avec la présence du variant Delta, beaucoup plus contagieux, la stratégie de riposte ou de lutte se révèle de plus en plus catastrophique. Et ses premières fossoyeuses sont nos autorités, sensées guider les masses populaires et donner le bon exemple. 

Mais que faut-il retenir aujourd’hui de ces autorités, dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus ? Ce qu’elles disent, ou ce qu’elles font ? Car entre les deux, le fossé est énorme. Alors qu’elles ne ratent aucune occasion d’appeler au respect des mesures barrières, d’inviter à l’intensification de la lutte, le chef de l’Etat, les ministres, les directeurs et autres hauts responsables, posent quotidiennement des actes en flagrante contradiction avec les exigences de la lutte contre la pandémie, notamment, le respect des mesures barrières. 

Alors qu’il se fait le chantre du respect desdites mesures, depuis quasiment un mois, le chef de l’Etat, comme si de rien n’était, a sillonné largement le pays (Tamba, Kédougou, Kaffrine, Kaolack, Thiès, Matam, Podor, Saint Louis…), drainant avec lui des foules immenses. Pire, alors que la situation est plus qu’alarmante, Macky Sall, son gouvernement et ses partisans continuent de convoquer des rassemblements, qui on le sait sont le meilleur véhicule pour le virus. C’était le cas hier à Keur Momar Sarr, où sous la tente même où s’était installé le président, il y a des gens qui ne respectaient pas les mesures barrières (pas de distanciation physique et beaucoup avaient leurs masques sous le menton). 

C’est comme si, déjà vaccinées, elles se disaient qu’elles sont maintenant hors d’atteinte ; que le Covid c’est pour les autres, et qu’elles pouvaient dérouler leur agenda, pour l’essentiel de politique politicienne, au mépris des populations non vaccinées et mises en danger partout où elles passent. Et pourtant les informations actuelles prouvent que la vaccination ne met pas forcément hors de portée du virus. Au mois de juin, par exemple en Indonésie où le variant delta est en train de faire des ravages, au moins 10 médecins, déjà complètement vaccinés sont morts du Covid. Et le risque d’attraper le virus est d’autant plus réel pour ces autorités qui croient naïvement s’être tirés d’affaires, que l’essentiel d’entre eux ont pris le vaccin chinois Sinopharm dont l’efficacité est très faible (entre 51 et 78%) par rapport aux autres vaccins. La preuve, dans une évaluation de l’efficacité sur le terrain des vaccins chinois, le New York Times s’est notamment intéressé à la Mongolie, à Bahreïn et aux Seychelles, où entre 50 et 68 % des habitants ont déjà été pleinement vaccinés, d’après les données d’Our World in Data. «Mais au lieu d’être libérés du coronavirus,les trois pays sont désormais aux prises avec une flambée d’infections», note le journal, qui souligne qu’au22 juin, ces pays étaient parmi les 15 pays au monde qui enregistrent le plus haut taux d’incidence (le nombre d’infections sur 100 000 habitants). C’est dire que nos vaccinés d’en haut qui pensent que la pandémie c’est pour les populations et les non vaccinés, font fausse route et le réveil risque d’être brutal. 

«Face à une telle situation, nous avons estimé qu’il était extrêmement important d’entrer dans un face à face pédagogique avec les populations pour continuer à susciter à leur niveau, ce comportement et ce réflexe de riposte permanente. L’urgence de l’heure reste le respect des mesures barrières, l’enjeu, l’engagement collectif et la prise de conscience des Sénégalais ». Sous ce registre, il invite à être l’ambassadeur de la riposte. Ensuite, le ministre a tenu à donner des gages quant à la disponibilité prochaine des vaccins.  

L’info