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DETHIE FAYE, LEADER DES NON-ALIGNÉS : ‘’Si Macky Sall veut affaiblir ses adversaires, il n’épargnera pas ses maires’’

Le nouveau découpage administratif annoncé dans la région de Dakar, ne doit en aucun cas, être un prétexte pour reporter les locales du 23 janviers 2021. C’est la position déclinée hier, par Déthié Faye. Le leader de la Convergence pour la démocratie et la République/Fonk sa kaddu et non moins plénipotentiaire de la coalition des non-alignés, dans cet entretien avec l’Info rappelle à Macky Sall qu’une quelconque tentative d’asphyxier des adversaires, n’épargnerait aucun de ses maires.   

Vous venez de sortir d’une réunion sur les conclusions du fichier électoral. Que peut-on retenir des discussions ?

Au terme de la mission d’audit du fichier électoral, l’équipe des auditeurs a remis au Comité de suivi, ses conclusions. Ayant été mandaté par la Commission politique pour conduire cette mission, ce Comité de suivi a pris l’initiative de rencontrer celle-ci pour lui rendre compte du travail qui a été fait, de toutes les démarches qui ont été faites   pour que nous puissions aboutir à ces résultats.  Il revient maintenant à la Commission politique, de prendre connaissance des recommandations du rapport d’audit et d’examiner ses recommandations une par une pour en déterminer celles qu’elle considère comme pertinentes, donc comme devant faire l’objet d’une prise en compte dans le code électoral. Et éventuellement celles qu’elle considérerait comme non pertinents seront classées sans suite. Mais nous allons examiner les 32 recommandations. C’est l’exercice auquel on s’est adonné aujourd’hui. 

Quelles sont les recommandations qui sont retenues et celles qui sont classées sans suite ?

On vient de démarrer cet exercice aujourd’hui (NDLR : Hier). Pour le moment, on n’a pas encore jugé une recommandation non pertinente.  Nous en avons examiné certaines, mais il nous en reste beaucoup. Pour les recommandations qui ont été examinées, nous avons estimé, pour certaines, effectivement, qu’il y avait lieu de les prendre en compte dans le code électoral. La discussion se poursuit. C’est maintenant au terme de l’examen de toutes les questions, qu’il sera possible de dire que sur les 32 recommandations, en définitive, nous avons validé tant et nous avons trouvé non pertinentes un nombre précis que nous communiquerons. 

Pendant que les discussions sur le fichier électoral sont en cours, le gouvernement entame une réforme administrative dans la région de Dakar. Celle-ci n’aura-t-elle pas d’effet sur la tenue des élections locales fixée au 23 janvier 2022 ? 

Nous suivons avec beaucoup d’intérêt ce découpage administratif annoncé. Nous n’avons pas tous les détails. Ce que nous pouvons dire, c’est que ce découpage pourrait avoir un impact fort sur les tâches qui sont dévolues à la Direction générale des élections, chargée de définir la carte électorale et l’édition des cartes d’électeurs. Quand vous changez de collectivité, vous serez dans l’obligation de changer de carte d’identité biométrique pour qu’on puisse prendre en compte les nouvelles données électorales qui vous renvoient dans un centre qui ne relève plus de votre collectivité d’origine. Combien de personnes seront impactées ? Combien de centres de vote seront concernés ? Le nombre pourrait impliquer des difficultés pour que toutes ces personnes puissent être prises en compte dans la confection des cartes. Ce qui pourrait causer beaucoup de problèmes comme ceux qu’on a connus aux Législatives de 2017, avec beaucoup d’électeurs qui n’ont pas pu retrouver leurs bureaux ou leurs centres de vote. Donc, ce sont des difficultés comme celles-ci qui sont attendues. Et ça, c’est au plan purement technique. Au plan politique, on peut se demander pourquoi on n’a pas pris le temps d’abord, d’évaluer l’acte 3 de la décentralisation pour voir les collectivités locales viables et celles qui ne le sont pas. Aujourd’hui, à travers le Sénégal, si on faisait le point sur les collectivités locales qui existent et qui ne sont pas viables, on se rendrait compte que l’acte 3 de la décentralisation présente beaucoup d’insuffisances qu’il y a lieu de corriger.  Si on va de réforme en réforme sans pour autant faire l’évaluation, on pourrait rendre la situation beaucoup plus complexe et beaucoup plus difficile, et on ne résoudrait que des préoccupations politiques et non des préoccupations qui prennent en compte les soucis des populations qui sont administrées au niveau de ces collectivités.

Mais le chef de l’État avait promis une évaluation de l’acte 3 de la décentralisation et de corriger les incohérences ….

Ce qui devrait être une priorité, c’est l’évaluation de l’acte 3 de la décentralisation.  Il s’agit de trouver comment rationaliser ces collectivités locales. Comment faire pour avoir des collectivités viables qui ne soient pas créées uniquement pour avoir des conseillers, des maires ou des présidents de département, alors qu’en réalité, ces structures ne sont pas viables.  Elles n’ont aucune ressource et elles ne dépendent que de l’appui de l’État pour pouvoir survivre. C’est une survie parce qu’il n’y a aucune initiative de développement qui pourrait être prise par les responsables, les maires ou présidents de ces collectivités dès l’instant qu’ils n’ont pas de ressources. 

D’aucun soupçonnent le régime d’engager ce nouveau découpage pour ne pas aller aux élections…

En réalité, le nouveau découpage ne devrait pas empêcher que l’on puisse aller aux élections locales à date retenue. Dès l’instant que l’administration électorale est informée du découpage qui est fait, elle sera en mesure de prendre les modifications en charge et de faire le travail préalable, avant la tenue des élections. Ce travail préalable, c’est tout simplement sur la base du découpage, pour définir la carte électorale et répartir les électeurs dans les déférents centres. Il suffira simplement que les dispositions soient prises pour que les concernés soient informés. Nous savons que l’administration électorale est suffisamment outillée pour faire ce travail convenablement. Donc, ce découpage ne peut pas être un prétexte fondé pour justifier un report éventuel des élections qui sont retenues pour le 23 janvier 2022. 

Le maire de Mermoz Sacré-Cœur a accusé le régime de vouloir retirer la taxe des ordures ménagères des communes pour les réaffecter à la ville de Dakar, en vue d’asphyxier des opposants. Qu’en pensez-vous ?

Je n’ai pas eu écho de cette information. Ce que je peux dire, c’est que tout ce qui se fait concernant les collectivités locales, doit être basé sur une analyse objective, scientifique des données qui sont sur le terrain pour une meilleure gestion de ces collectivités. Mais toute initiative qui va dans le sens de renforcer une entité au détriment d’une autre, ou de renforcer un maire ou un président de conseil au détriment de l’autre, c’est une politique qui n’est pas payante. Maintenant si le gouvernement allait dans ce sens, il affaiblirait aussi ses propres maires. Parce qu’une partie des communes de Dakar est gérée par la mouvance présidentielle qui souhaiterait disposer des moyens pour pouvoir éventuellement rempiler. Par conséquent, si cette option a pour objectif d’affaiblir des maires, c’est tous les maires de Dakar qui seront touchés. Et nous pensons que c’est une option qui n’a aucun intérêt pour les populations de Dakar. 

L’info