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COMMERCE DE DETAIL : Les raisons de la réussite des Guinéens

1989 marque l’installation des boutiquiers guinéens au Sénégal. Leur réussite tient en quelques mots : patience, travail, solidarité.  Ces fils de Labé, de Sandali et autres localités de la Guinée Conakry, trouvent leur bonheur dans le commerce de détails.

Trouvé en pleine discussion avec un client, Thierno Diallo, 23 ans, teint clair résume ainsi son parcours : «Je suis venu au Sénégal en 2013 et depuis lors, j’ai commencé le travail de boutiquier mais en tant que « boy boutique ». Au début, je travaillais pour quelqu’un qui me payait un salaire à la fin du mois. C’était un apprentissage, en fait. C’est mon oncle qui m’avait mis en rapport avec lui dès mon arrivée au Sénégal. Je faisais des va-et-vient d’une boutique à l’autre, mais maintenant alhamdoulilah, après des années d’apprentissage, j’ai ma propre boutique, je suis stable ».

 Pour Thierno  le travail de boutiquier est facile et difficile à la fois. « Le travail de boutiquier est facile et difficile à la fois. Il faut vraiment une maîtrise de ce métier afin de savoir quoi vendre? Et comment le vendre ? », explique-t-il.

Par ailleurs, Thierno Diallo signale qu’il ne rencontre aucun problème avec son travail et que depuis qu’il a eu sa boutique les choses se passe à merveille. Et selon lui, il n’y a pas de secret, pour le succès, il suffit tout simplement de se battre et d’y croire. «Dès notre enfance, on nous apprend à vendre et on grandit avec. Tu sais lorsque tu grandis avec une chose, c’est facile de le gérer et puis, c’est un métier comme les autres. Dès le bas âge, on nous a appris comment gérer une boutique », dit-il. Et il ajoute qu’il a mémorisé le Coran mais jusqu’à présent il n’a pas fait son récital à cause du travail.

 Ramadan Diallo, teint noir, marié, âgé de 37 ans, est lui-aussi un boutiquier guinéen. Il s’est installé au Sénégal depuis 1994. Dans sa boutique  située à Wakhinane Nimzat, Baye-Laye en face de  » Diakka Maurice « , il nous explique comment il est passé d’élève franco-arabe à boutiquier. «Je suis venu au Sénégal étant adolescent et on m’a inscrit dans une école franco-arabe » Bilal Ibn Rabba  » se trouvant au marché « Bou bess ». J’ai été là-bas jusqu’à l’obtention de mon BFEM et par la suite on m’a transféré à Al FALA  de Pikine où j’ai eu mon bac et j’avais décidé de retourner en Guinée pour faire des concours malheureusement aucune d’elles n’a réussi. Et à un certain moment, la situation familiale devenait de plus en plus dure, les charges devenaient de plus en plus lourdes pour mon père. En tant que fils aîné, je trouve inadmissible que mon papa s’occupe de la famille,  ma femme et moi y compris. C’est ce qui m’a motivé à revenir ici en 2008 pour gérer une boutique de mon papa au marché Sahm et quelques mois après, il m’a transféré ici, c’est lui qui m’a donné cette boutique»,  confie Ramadan. 

Daouda Diallo, teint clair, 39 ans, marié, est un boutiquier guinéen qui est au Sénégal depuis 1996. Il a commencé  dans une boutique de son père aux Parcelles Assainies. Et 4 ans plus tard, il est venu à Guédiawaye pour épauler son frère aîné dans sa boutique. 

Quelques années après, il gère sa propre boutique qui se situe en face de l’église Saint-Abraham de Baye-Laye. «Depuis que je suis à Guédiawaye, j’avoue que cette ville me réussit. Grâce à Allah et à cette boutique, j’arrive à m’assurer la location de ma chambre et de la boutique et j’arrive aussi à envoyer quelque chose en Guinée », se félicite-t-il.

Babacar TALLA