RDC: l’UNC et le Sud-Kivu se mobilisent après l’arrestation de Vital Kamerhe
POLITIQUE : Le directeur de cabinet du président congolais Félix Tshisekedi a été écroué, mercredi 8 avril, pour des faits touchant à la gestion des fonds du « programme des 100 jours » du président.
Son incarcération a créé l’émoi dans son parti ainsi qu’au Sud-Kivu, où l’on soupçonne un acharnement politique.
Il n’y avait pas de manifestation de protestation ce jeudi 9 avril dans la matinée à Kinshasa, mais un dispositif sécuritaire important avait été déployé devant le siège provincial de l’UNC, situé dans l’un des quartiers chauds de la capitale : fourgon de police, trois pick-up et une cinquantaine de policiers.
Pour mieux quadriller la zone, la police a même fait usage d’un drone qui survolait l’avenue de l’enseignement afin de détecter les attroupements des partisans de Vital Kamerhe, décrit notre correspondant à Kinshasa.
Manifestations dans le fief de Vital Kamerhe
Au centre de Walungu – territoire natal de Vital Kamerhe au Sud-Kivu – par contre, ils étaient plusieurs dizaines, en majorité des jeunes, à être descendus dans la rue afin de protester contre l’arrestation de l’enfant du pays, raconte notre correspondante en RDC, Mitima Delachance. Ils considèrent ce qui s’est passé mercredi à Kinshasa comme un acharnement et dénoncent ce qu’ils qualifient de « politisation » de la justice congolaise.
Certains ont brûlé des pneus, pendant que d’autres ont érigé des barrières à l’aide de troncs d’arbre à plusieurs endroits sur la route Nationale 2 entre Bukavu et Walungu. La circulation a été perturbée sur cette route jusqu’à midi avant que les manifestants ne soient dispersés par la police à coups de gaz lacrymogène quelques heures après la manifestation.
La police a aussi dispersé quelques militants de l’UNC à l’aide, là aussi, de gaz lacrymogène, ce jeudi à Bukavu. Les cadres de l’UNC/Sud-Kivu déplorent quelques blessés légers et l’arrestation d’environ une dizaine des manifestants.
Doute sur la survie de la coalition Cach
Aucun d’entre eux ne s’est présenté au siège. Mais en coulisse, ils fulminent, parlant de complot et d’arrestation arbitraire.
Le directeur de cabinet a été retenu pour des confrontations, « comme si au vu de ses responsabilités, il allait fuir ! », s’indigne l’un de ces cadres. Les députés de son parti entendent lui rendre visite dans sa cellule ce jeudi après-midi.
La haute direction politique du parti ainsi que les membres du gouvernement issus du camp Kamerhe prévoient une réunion, également ce jeudi, pour analyser la situation et faire une éventuelle déclaration plus ferme. Mais déjà dans les rangs de la formation politique, on met en doute la survie du Cach, la coalition présidentielle dont l’UNC fait partie.
Pas d’audition de prévue
La mise en détention du principal allié de Felix Tshisekedi est intervenue dans un climat particulier. Pour cause de confinement de « certaines contrées », le premier président de la Cour de cassation a annoncé, dans un communiqué, le « renvoi en bloc de toutes les affaires en cours d’instruction » jusqu’à la fin de l’état d’urgence. Un service minimum est décrété dans les cours et tribunaux du pays.
Selon plusieurs juristes interrogés par RFI, cela ne devrait pas avoir d’impact sur le maintien ou non en détention de Vital Kamerhe. Aucune audition n’est d’ailleurs programmée pour ce jeudi, selon des sources judiciaires. En début d’après-midi, le magistrat instructeur était à son bureau, affirmant que l’instruction du dossier se poursuivait.
Toutinfo.net (avec RFI)