CAP SKIRRING : Dans la jungle des bisexuels et des gigolos
DECOUVERTE: La prostitution n’est pas seulement l’apanage des femmes au Cap Skirring, les hommes non plus ne sont pas en reste.
En fait des centaines de jeunes à la recherche de femmes prêtes à tout pour satisfaire leurs libidos débarquent dans cette ville du sud.
Ils viennent pour la plupart de Dakar, Mbour ou Ziguinchor ou même d’autres localités du pays. On trouve dans ce lot des prostitués.
Robustes et forts, ces jeunes au physique de lutteur se baladent souvent sur la plage torse nu pour exhiber leurs corps musclés.
UNE BISEXUALITE AFFIRMEE
Mais au contraire des femmes beaucoup de ces hommes rencontrés assument leur bisexualité.
C’est le cas de Diego, nom d’emprunt rencontré, sur la plage près d’un célèbre hôtel abandonné du Cap Skirring.
Originaire de Toubacouta, cet ancien pêcheur est devenu prostitué parce qu’il allait fréquemment à la rencontre des touristes, à Sipo, une île dans le Sine Saloum.
De taille moyenne, teint caramel avec de longs dreadlocks teintés sur les bouts, ce jeune homme âgé de 29 ans est issu d’une union mixte entre un père sérère et une mère balante.
Il a abandonné très tôt les études pour accompagner son père en mer. Il allait pêcher à Sipo et y rendait visite à un ami guide touristique.
C’est de là qu’il a rencontré pour la première fois une femme d’origine allemande qui lui a proposé une partie de plaisir.
«Cette femme était venue acheter des objets d’art chez un ami antiquaire. Il raconte que ce jour-là il était passé juste prendre le thé chez cet ami antiquaire. Il explique avoir commencé la discussion avec l’Allemande en parlant championnat allemand de football. Surprise par le fait qu’un jeune africain puisse connaître toutes les équipes de la première division et certaines même de la deuxième division,la dame a voulu davantage me connaître davantage», explique Diégo.
Elle l’invite à son hôtel après un échange de contacts. Le soir, il part voir la femme et ils prennent le dîner ensemble.
Mais les choses commencent à prendre une nouvelle tournure quand la femme commence à lui caresser la main. Il dit avoir vite compris ce qui se tramait. La dame lui dit ouvertement ce qu’elle voulait à la fin.
Il accepte de passer à l’acte avec elle. Continuant toujours son travail de pêcheur, il allait souvent la voir pendant les weekends. L’argent commençait à couler, il décide d’arrêter en 2016 la pêche pour se baser carrément à Sipo.
À côté de son ami, il travaille comme guide touristique. Parallèlement à cette activité, il propose ses services aux femmes étrangères et sénégalaises désirant passer des moments torrides.
Il restera dans cette île jusqu’en avril 2018 date à laquelle une de ses «clientes» blanche décide de terminer ses vacances au Cap Skirring.
Ensemble, ils passent deux mois de plus au Cap avant que sa copine irlandaise ne rentre.
C’est pendant ce séjour qu’il a rencontré lors d’une soirée dans un grand hôtel un sud-africain de de 48 ans en vacance aussi.
«Il était assis en face de moi mais on était un peu loin. Il a donné une note au serveur qui est venu me la remettre. La note comprenait son numéro plus un montant qu’il a mentionné», explique notre interlocuteur.
C’est ainsi qu’il a appelé le gars le lendemain à son réveil vers 15h. Ce dernier lui propose un rendez-vous à 19 heures à son hôtel.
5000 EUROS, LA PASSE !
Une fois sur place le gars lui demande de rejoindre sa chambre. Une fois dans la pièce, il lui dit carrément ce qu’il voulait avec comme récompense une montre de marque Rolex et 5000 euros.
«Je me rappelle que quand il m’a proposé cela j’étais un peu choqué. Mais lorsque j’ai vu les billets en euros tout neufs j’ai accepté puisque j’ai su que c’est lui qui devait être «la femme» explique-t-il.
Racontant cela à son meilleur ami dans le milieu, resté à Sipo, ce dernier bisexuel aussi lui propose d’être bisexuel, mais de ne jamais accepter d’être le rôle de la femme dans les rapports homosexuels.
Il avoue : «jusqu’à présent aucun autre homme ne m’a fait l’amour». Pour s’attacher ses services, il faut casquer fort homme comme femme.
«Je ne suis pas n’importe qui et je n’ai pas n’importe quoi. J’ai la chance de posséder un sexe que tout homme souhaiterait avoir. Les femmes crient quand elles me voient nu», se glorifie-t-il.
«Le prix pour une partie de plaisir avec une blanche c’est 80.000 francs l’heure. Si c’est une sénégalaise l’heure est divisée par deux. Pour un rapport sexuel avec un homme c’est 200.000 francs l’heure», précise Diégo.
Pour ce jeune, beaucoup de ses camarades gigolos et bisexuels font ce métier, faute de trouver un emploi décent.
Mais pour l’heure, il ne pense pas quitter de sitôt ce métier, encore moins au mariage. Il souhaite gagner plus pour construire son propre campement soit au Cap Skirring ou à Ndangane Sambou ou quelque part dans le Sine-Saloum.
Cap Skirring, ce célèbre village touristique réputé pour ses belles plages et son beau paysage verdoyant est devenu aujourd’hui un lieu de déperdition où pour se faire remarquer ou intégrer le milieu, il faut faire usage du triptyque «sexe, alcool, drogue» sa devise.
Maïmouna SANE