DEPENSES FARAMINEUSES DANS L’ADMINISTRATION, A L’ASSEMBLEE ET AU HCCT: Bamboula autour des salaires, du téléphone, des véhicules et du carburant
Le chef de l’Etat a remis au goût du jour, lundi dernier, lors du lancement du Programme d’Appui à la Modernisation de l’Administration (PAMA), le débat sur les couts exorbitants du téléphone et des véhicules dans l’administration sénégalaise. Pour mesurer l’ampleur de la situation, «L’As» a revisité les dépenses de fonctionnement et autres avantages de certaines structures administratives et institutionnelles.
Le débat sur la rationalisation des dépenses de l’Etat refait surface. Le chef de l’Etat l’a soulevé dernièrement en laissant entrevoir pour dire, rien que l’achat des véhicules depuis 2012 a couté 307 milliards Fcfa. Compte non tenu des charges liées à l’entretien et à l’achat de carburant. Pou ce qui est des factures de communication, elles sont comprises entre 16 et 17 milliards Fcfa par an pour les agents. Un train de vie qui n’est pas du tout proportionnel à celui de la majorité de la population sénégalaise dont presque la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté. Le Sénégal fait partie des pays à revenu intermédiaire ayant le plus faible PIB par
habitant, à peine 400.000 Fcfa en termes réels en 2015. Le taux de pauvreté, se situant à 46,7% au niveau national, est marqué par de grandes disparités et une forte concentration dans la zone rurale et dans les régions du sud et de sud-est du pays. Mais derrière ce constat, «l’élite sénégalaise» logée dans les administrations et autres institutions mène une vie de Pacha. Revenant en détail sur certaines dépenses notamment celles soulevées par le Président Macky Sall comme le carburant, on se rend compte qu’il est alloué aux ministres et Directeurs généraux une somme comprise entre 1.500.000 Fcfa et 2.500.000 Fcfa. A en croire notre source, ces dépenses ont été calquées sur les avantages en la matière des anciens présidents de la République. En plus ce cela, chaque ministre a un véhicule 4×4 de 13 CV et un véhicule de type Berline 9 CV. Contactés par «L’As», certains anciens ministres ont confirmé cette situation non sans pointer du doigt l’utilisation judicieuse qui devrait être faite de ces voitures. «Ce qui est dommageable; c’est le fait de les utiliser par exemple dans un cadre autre que professionnel», a soutenu l’un d’entre eux au bout du fil. Un autre ancien ministre parlant lui aussi sous l’anonymat indique qu’il y a la possibilité d’avoir un troisième véhicule destiné au chauffeur qui l’utilise après son travail pour rentrer tard dans la nuit chez lui ou
pour revenir tôt le matin travailler. Pour ce qui est du téléphone dans l’administration sénégalaise, il est à relever qu’à l’image des Directeurs nationaux de Police ou de Gendarmerie, ou des directeurs généraux de l’Administration, les ministres ont des crédits téléphoniques illimités. Maintenant, selon nos sources, ce qui fait crever le plus le budget téléphonique de l’Etat ; ce sont les fameux chargés de mission et autres conseillers à la Présidence ou dans certaines Institutions. Ces chargés de mission qui disposent le plus souvent de ligne téléphonique bénéficient également de crédits téléphoniques illimités, confie-t-il. Là où, dit-il, des sous-officiers disposent de crédit téléphonique de 24.000 Fcfa, des commissaires de chef d’arrondissement, des chefs de poste et autres commandants de brigade disposent de 75.000 Fcfa de crédit, et enfin des chefs de service de la Police et de la Gendarmerie bénéficient des crédits téléphoniques supérieurs ou égaux à 150.000 Fcfa. DÉPENSES À L’HÉMICYCLE. Mais les dépenses faramineuses, ce n’est pas que l’administration qu’on les notes. A l’Assemblée nationale, c’est un secret de polichinelle que les dépenses de véhicules
et de carburant des députés coutent cher à l’Etat. En effet, aujourd’hui un député sénégalais simple coûte en salaire 1,3 million Fcfa par mois sans compter les frais liés à son véhicule de fonction, un 4×4, soit 300 litres d’essence par mois. Le président de l’Assemblée et les membres du bureau, c’est-à-dire les huit vice-présidents, les six
secrétaires élus, les deux présidents de groupe parlementaires et les deux questeurs touchent un salaire mensuel de 2 millions Fcfa. Ils bénéficient également de deux véhicules de fonction et de 1.000 litres d’essence par mois. Pour les douze présidents de commission et les deux vice-présidents de groupe parlementaire, le salaire s’élève à 1,6 million Fcfa, un 4×4, une seconde voiture de fonction et 1.000 litres d’essence par mois.
DÉPENSES AU HCCT
Au niveau de la dernière Institution née, en l’occurrence le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), un conseiller simple touche, selon nos sources, 1,2 million Fcfa. Les membres du bureau gagnent près de 2 millions. Les hauts conseillers ont également chacun un véhicule Jeep Cherokee. Pour ce qui est du carburant, d’après nos informations, le Président du HCCT bénéficie d’environ 1 million Fcfa là où les autres membres du HCCT ont 300.000 F CFA. Pour ce qui est du téléphone, à en croire notre source, le Président du HCCT bénéficie d’un budget de 1,5 million Fcfa ; le Secrétaire général, le Directeur de cabinet et les Secrétaires élus ont chacun 1 million Fcfa. Pour les autres membres du bureau du HCCT, le téléphone est plafonné à 500.000 Fcfa. Le reste, c’est-à-dire les hauts conseillers simples, n’a pas droit au téléphone, mais bénéficie d’indemnités pour ses déplacements.
( S.B DIALLO avec Toutinfo.net )