ALGERIE: Le ministre des Finances entendu sur de présumées fraudes
Le ministre algérien des Finances Mohamed Loukal, ancien
gouverneur de la Banque centrale, a quitté libre lundi un tribunal d’Alger, où,
selon la télévision nationale, il était entendu par le Parquet sur des soupçons
de «dilapidation» de fonds publics.
M. Loukal est sorti à la mi-journée du tribunal de Sidi M’hamed, dans le centre
d’Alger, sans faire de déclaration, s’engouffrant rapidement dans une voiture
noire qui a quitté les lieux en trombe.
Il n’était pas possible de confirmer dans l’immédiat sous quel régime, témoin
ou suspect, M. Loukal a été interrogé et s’il a été ou non inculpé.
Le parquet avait annoncé le 20 avril avoir convoqué M. Loukal en compagnie de
l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, sans préciser s’il souhaitait les entendre
comme témoins ou suspects.
Dans un bandeau défilant, la télévision nationale algérienne avait annoncé dans
la matinée la comparution de Mohamed Loukal «devant le Procureur de la
République» qui souhaitait l’entendre sur «des accusations dans des affaires de
dilapidation des deniers publics et d’avantages indus ».
L’ex-puissant chef de la police Abdelghani Hamel, limogé en juin 2018, a lui
aussi été entendu lundi, en compagnie d’un de ses fils, au tribunal de Tipaza,
à 60 km à l’ouest d’Alger dans d’autres affaires. Les deux hommes ont eux aussi
quitté libres le tribunal, selon des télévisions privées qui n’ont pas donné
d’autres détails.
La télévision nationale publique avait indiqué, dans un autre bandeau, que le
général Hamel et son fils « font face à des accusations d’activités
illégales, de trafic d’influence, de détournement de biens fonciers et d’abus
de fonction ».
Depuis le départ du pouvoir le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, contraint
à la démission par un mouvement de contestation inédit, la justice algérienne a
ouvert une série d’enquêtes sur des faits de corruption contre plusieurs
puissants hommes d’affaires et contre de hauts responsables de l’Etat.
C’est la première fois qu’un responsable gouvernement est entendu par la
justice depuis le début de la contestation, le 22 février.
Les manifestants, qui réclament toujours le départ de l’ensemble du
« système » au pouvoir, dénoncent aussi les liens troubles entre la
présidence Bouteflika et les « oligarques », hommes d’affaires ayant
fait fortune grâce à d’énormes contrats publics.
Quatre riches hommes d’affaires, trois frères de la famille Kouninef, proches
du clan Bouteflika, et Issad Rebrab, première fortune du pays, patron du plus
important groupe privé d’Algérie et connu pour ses relations tendues avec la
présidence algériennes, ont été récemment placés en détention préventive.
Atlasinfo