ORIGINES DE LA GREVE SELON LES MATONS DE KAOLACK: La drogue,les téléphones et l’argentcirculaient à gogo
Des pensionnaires de la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Kaolack observent une grève de la faim, depuis hier, lundi 15 Avril 2019. Ils se plaignent de mauvaises conditions de traitement depuis que le nouveau Directeur a pris fonction. Faux, rétorque une source proche de la Direction qui soutient qu’en réalité, une petite partie de détenus tient en otage les autres parce qu’elle n’a plus la possibilité de faire entrer la drogue ni des téléphones portables, grâce à un contrôle rigoureux.
Une grève de la faim s’observe depuis hier matin à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Kaolack. Quelques détenus dénoncent de mauvaises conditions de traitement de la part de l’administration pénitentiaire, depuis quelques jours. Ils disent être brutalisés et ne comptent pas reprendre la nourriture tant que leur situation ne s’améliore pas. Jointe au téléphone, une source proche de la direction de la Mac soutient que l’actuel directeur, qui a pris fonction en août 2018, est connu pour son sérieux dans le travail. Il a géré la prison de Rebeuss du temps d’Alex et Ino, de Latif Guèye, d’Idrissa Seck ; puis Hissène Habré au Cap Manuel, les prisons de Fatick, Diourbel, Tambacounda, Koutal. Chaque fois que la situation était délicate, l’autorité a fait appel à l’inspecteur Baye Alé Konté. Pour le cas de la Mac de Kaolack, c’est un secret de Polichinelle que la drogue y circulait comme dans moulin. «On ne peut pas le dire autrement, Kaolack était une prison pourrie. Un noyau de trois personnes prend en otage les autres détenus. Il y avait un trafic intense de chanvre indien. Et ce n’est pas des grammes comme on a l’habitude de le voir dans les autres prisons, mais des kilogrammes. Je ne vous parle pas des téléphones portables. Certains avaient des smartphones, ils utilisaient WhatsApp, Orange Money et faisaient tranquillement leurs transactions comme s’ils étaient dehors. La semaine dernière, deux détenus ont été pris en flagrant délit. Ils ont été extraits et inculpés pour trafic de drogue dans un établissement pénitentiaire. Depuis lors, le directeur a mis un dispositif garde les trafiquants dans son collimateur. Certains ont alors commencé à réclamer son départ, disant na dem (qu’il s’en aille). C’est ce qui se passe. Personne n’est maltraité», insiste notre source. A la tête du groupe de grévistes, il y a un certain Bounama Diouf qui a fait plusieurs séjours en prison. En présence du substitut du procureur Diagne Guèye, Diouf a été reçu par le directeur de la Mac de Kaolack, l’inspecteur Konté. L’écrasante majorité des détenus s’est alimentée correctement et la messe des Chrétiens s’est tenue sans incident, renseigne notre source.
LA DROGUE EST JETEE PAR-DESSUS LE MUR DE LA PRISON, LA NUIT, PAR DES AUTOMOBILISTES («JAKARTAMEN»)
«Nous ne pouvons pas laisser la drogue circuler sans rien faire. Imaginez qu’ils vendent à une gosse qui est à son premier séjour, il sera dépendant à vie», insiste notre interlocuteur. La drogue, fait savoir ce dernier, est jetée par-dessus le mur de la prison, la nuit, par des automobilistes (« Jakartamen »). Ils le mettent dans de gros pains ou bouteilles de lait. A l’heure de la promenade, les détenus les récupéraient sans attirer l’attention des gardes. Mais depuis que l’Inspecteur Konté a pris service, avant que les prisonniers ne sortent dans la cour, les gardes inspectent les lieux. C’est le même procédé qui est suivi en ce qui concerne les plats qui viennent de l’extérieur. A travers les mets, on faisait entrer des comprimés barbituriques. Toujours à en croire nos sources, autant des mesures drastiques ont été prises contre le trafic de chanvre indien, de comprimés barbituriques et l’usage du téléphone portable, autant les autorités de l’administration pénitentiaires gardent un œil sur les agents. A la Mac de Kaolack, l’argent circulait à gogo. Au niveau des cantines, les prisonniers achetaient des denrées en payant avec de l’argent. Le Directeur a exigé les fiches de pécules, pour éviter que les détenus gardent de l’argent sur eux, ce qui facilitait les commerces illicites. Le Président de l’Association pour le Soutien et la Réinsertion Sociale des détenus (Asred), Ibrahima Sall, joint au téléphone, a dit n’avoir aucune information sur ce mouvement de grève.
( Hadja Diaw GAYE avec Toutinfo.net )