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COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES: Ils cassent la cote gauche et les deux bras de leur tante pour un héritage  

Les héritiers de feu Mamadou Aw ont été attraits hier, à la barre des flagrants délits de Dakar pour « Coups et Blessures Volontaires (Cbv) ayant entraîné une Itt de 60, 18, 15, 10 et 3 jours ». Les parties civiles ne sont personnes d’autres que leurs deux belles mères, leur demi-sœur cadette et leur neveu. Ils reprochent aux prévenus d’avoir fracturé les bras de leur belle mère, cassé une des cotes de Awa Wane après l’avoir violenté. Ils seront fixés sur leur sort le 15 janvier prochain.

Le défunt Mamadou Aw, marié de son vivant à 3 femmes a laissé derrière lui un sérieux problème d’héritage. Depuis sa mort, il y’ a moins de 6 mois, il n’y a jamais eu de paix entre ses enfants issus de ses trois épouses. Les membres de la famille se regardent maintenant en chiens de faïence. Hier, ces héritiers ont lavé leur linge sale devant la barre du tribunal. Tout a commencé après le veuvage de ses épouses.

De concert, les frères Mountaga, Abou Bakary, Seydou, Aïssatou et Dieynaba Aw se sont rendus au domicile de leur père à la  Patte d’oie sous prétexte de rendre visite à leur mère. Une fois sur les lieux, Mountaga Aw a déclenché les hostilités. Il a renversé le plat de riz que détenait par devers elle sa demie sœur Binta Aw. Avant de lui intimer l’ordre de ne plus entrer dans le salon d’accueil. Piqué par, on ne sait qu’elle mouche, il a mis le salon sens dessus-dessous. Puis, il s’est acharné sur sa petite sœur qu’il a roué de violents coups de poings dans sa chambre. Ne sachant pas à quel saint se vouer, cette dernière a appelé son frère Moussa Aw à la rescousse. Seydou Aw ayant l’entendu parler au téléphone, a averti ses frères. Cela n’a pas empêché Mountaga et Abou Bakary de continuer à la tabasser. Mais, quand elle a réussi à s’échapper des griffes de ses demi-frères, elle est allée se réfugier dans une autre chambre. Cela n’a pas découragé ses bourreaux qui ont défoncé la porte en l’obligeant à entrer dans les toilettes où elle s’est enfermée à double tour pour sauver sa peau. 

Les envahisseurs se sont retournés alors sur la maman de Binta Aw. Ils ont aussi administré une sévère correction à la sexagénaire, Awa Wane. Au cours de cette bastonnade, elle a reçu un coup de pilon au bras de la part de Dieynaba, la fille de sa coépouse. Mountaga qui s’est mêlé à cette histoire, a soulevé sa belle-mère avant de la terrasser par terre. Avec l’aide de ses frères, ils l’ont roué de coups.

L’autre protagoniste qui s’est invitée à la bagarre, c’est Aïssatou Aw. Elle a abreuvé d’injures de toutes sortes la troisième épouse de son mari, Fatoumata Sy. Elle l’a aussi violenté. En voyant cette bataille rangée, Khassimou Aw, le fils de la dame Sy est venu secourir sa maman. C’est ainsi qu’il a bousculé sa demie sœur. Armé d’un bâton, il a administré à Mamadou Ba un violent coup qui l’a propulsé à terre.

Selon ses déclarations à la barre, il avait même perdu connaissance. Les blessés ont été conduits à l’hôpital pour des soins. Munis de certificats médicaux, ils ne se sont pas faits prier pour porter plainte contre les mis en cause.  

A la barre des flagrants délits, les prévenus ont tous nié les faits qui leurs sont reprochés. Dépeint comme le cerveau de l’affaire, Mountaga Aw a pris la fuite, en retournant en Europe, en  les narguant en disant qu’il est un immigré fortuné. Seydou Aw déclare n’avoir frappé personne. Même son de cloche pour Abou Bakary Aw. « J’ai dit à Khassimou d’arrêter sa mère qui insultait tout le monde », s’est-il dédouané. De même, Dieynaba affirme avoir une langue pendue, mais elle n’ose pas tabasser sa belle-mère. Salimata Aw, quant à elle, a chargé Khassimou Aw. « Ce dernier a frappé mon fils Amadou et je me suis défoulé sur lui. Je n’ai pas frappé Fatoumata Sy. On s’est battu et elle est la première à me frapper », accuse-t-elle. 

Habillée d’un grand boubou bleu, Awa Wane a comparu soutenue par deux personnes. La partie civile avait du mal à se tenir sur ses  deux jambes. Le dos courbé, la voix triste, la septuagénaire dit que c’est Dieynaba qui lui a asséné un coup de pilon et les autres ont suivi. « Ils m’ont frappé à trois reprises quand leur papa était en vie. C’est la 4ème fois qu’ils agissent de cette manière. Ils avaient menacé de me tuer si je ne quittais pas la maison. J’ai eu une Itt de 60 jours », narre-elle en sanglots. Selon la victime Binta Aw, c’est Mountaga et Seydou qui lui ont fait sa fête. La dame Fatoumata Sy, qui est aussi partie civile dans cette affaire a accusé Aissatou Aw. Mamadou Ba indique que c’est son oncle qui lui a asséné un coup de bâton à la tête qui lui a fait perdre connaissance.

Me Ciré Clédor Ly : « Les prévenus ont prémédité leurs actes »

De l’avis de l’avocat de la partie civile, les actes ont été prémédités par les 5 frères et sœurs germaines. « Mountaga est à l’origine de tout. C’est la raison pour laquelle, il a fui. Il y’a eu la préméditation avec une circonstance aggravante et Cbv sur une personne de sexe féminin. Pour, Fatima Sy et Awa Wane, se sont des personnes vulnérables car elles sont du troisième âge. Des faits aussi sauvages qui portent atteinte à une belle-mère est un acte sauvage et critique. Si la loi est rigoureuse, chacun restera chez soi. Un mandat d’arrêt sera lancée au niveau du juge d’instruction pour Mountaga » a informé l’avocat qui réclame une réparation de 2 millions de francs CFA pour Awa, 1,5 millions pour Binta et 500 000 pour Fatoumata Sy. Le parquet s’en est rapporté à la décision du juge. La défense plaide une application bienveillante de la loi. Délibéré au 15 janvier prochain.

( Bineta DIOUF )