MACKY SALL RECADRE SONKO ET CIE: « Que ceux qui n’en savent rien aillent s’informer»
C’est sur un ton tranchant et sans appel que le président de la République s’est adressé à tous ses contradicteurs qui parlent de la question du pétrole et du gaz. Macky Sall demande à ces derniers de ne pas tenir le pays en otage et d’arrêter de l’ennuyer avec de faux problèmes.
Le président de la République est excédé par les interrogations de bon nombre de spécialistes des questions pétrolières et gazières par rapport aux contrats et autres concessions faits par l’Etat du Sénégal. Mardi dernier, lors de la conférence organisée par la branche internationale de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives du Sénégal (ITIE), le chef de l’Etat s’est publiquement engagé à rendre publics tous les contrats pétroliers et miniers pour les nécessités de la transparence. Selon Macky Sall, «il s’agit là d’un meilleur encadrement qui est recherché sur l’ensemble des projets pé- troliers et gaziers». A la suite de cet engagement, il a tenu à recadrer ses contradicteurs en leur demandant de parler de choses qu’ils maitrisent. «On ne peut pas comprendre que des gens écrivent des ouvrages ou se mettent à dire sur les réseaux sociaux que l’Etat a fait perdre au Sénégal 100 milliards de dollars dans une opération, alors que nous sommes à la phase d’exploration», a fulminé Macky Sall.
Dans cette phase et dans celle de développement, affirme le chef de l’Etat, il n’y a pas de taxes. «C’est la loi à travers le code pétrolier qui le dit», argue le locataire du Palais. Parvenant mal à cacher son irritation, il estime que pendant des mois, le pays est tenu en haleine sur de faux problèmes. «Il est bon que le débat soit ouvert, mais que les gens qui en parlent soient outillés et sachent ce qu’ils disent. La question du pétrole, du gaz et des mines est très sérieuse, au point qu’on ne doit pas se permettre d’occuper les médias chaque matin sur des considérations complète- ment fallacieuses. C’est du dérapage. Je suis pour un débat objectif et transparent, mais de grâce que ceux qui ne savent pas aillent s’informer», peste le président de la République. Il annonce que des discussions avec des compagnies comme Cosmos sur le gaz et le pétrole vont être lancées. Idem pour la législation. C’est seulement à ce moment qu’on pourra parler de certaines. «Car, jusque-là, il n’est pas dit que le gaz sortira de la mer», clame-t-il avant d’appeler les gens à un débat encadré pour éviter de polluer le pays inutilement.
CONCURRENCE ANARCHIQUE ENTRE LES PAYS AFRICAINS
Au niveau du continent, Macky Sall trouve que les contrats pé- troliers pour les pays producteurs sont déséquilibrés. Cela découle du fait, selon lui, que les pays africains partent en étant handicapés dès le départ. «Au lendemain des indépendances, on a dû accompagner et suivre une société internationale qui avait ses règles déjà fixées pendant que nos pays étaient ab- sents des concertations. On nous a demandé de faire la promotion des investissements, d’être attractifs, de faire du Holiday taxes et d’inviter les gens à venir parce que les pays sont risqués avec des maladies et des guerres. Donc ceux qui viennent sont tellement courageux qu’on doit tout leur offrir», dit-il en guise d’explications à cette situation qui handicape l’Afrique. Raison pour laquelle, Macky Sall invite les compagnies à comprendre les Etats qui sont souvent un peu exigeants, sur les taxes en particulier.
S’agissant de l’harmonisation des codes au sein de l’Union Africaine, Macky Sall soutient que les Etats vont se battre pour réussir ce combat qui semble être perdu d’avance. D’autant que les pays africains se sont fait la concurrence de manière anarchique. «Si vous voulez exi- ger des taxes, certains vous disent qu’ici c’est Holiday taxes,
c’est-à-dire que c’est free. Ce n’est pas dans l’intérêt du contient, il faut donc qu’il y ait un travail d’harmonisation des législations», indique le chef de l’Etat. A cet effet, trois projets de lois seront soumis à l’Assemblée nationale. Ceux-ci portent sur le code pétrolier, sur le partage des revenus issus de l’exploitation future des hydrocarbures, et sur la définition du contenu local dans le cadre du pétrole et du gaz au Sénégal. Pour le chef de l’Etat, la transparence des bénéficiaires permet de lutter contre la fraude, l’évasion fis- cale, les conflits d’intérêt et la corruption. Elle permet égale- ment d’améliorer le climat des affaires. «Après le premier rapport de l’ITIE, beaucoup de gens qui avaient des actions ont dû trouver des arrangements pour disparaître des listes. C’est très important de faire connaître les vrais actionnaires qui sont derrière les sociétés», dit-il avant de soutenir : «en raison de la corruption, des transactions illégales et de l’évasion fiscale, les pays en développement perdent plus de 1 000 milliards de dollars chaque année». D’après un rapport, l’Afrique perdrait en moyenne entre 50 et 65 milliards de dollars tous les ans à cause des flux financiers illicites. «Si l’Afrique gère bien ses ressources avec l’appui des partenaires, nous ne parlerons plus d’aide publique au développement, car nous aurons toutes les ressources pour assurer notre développement et surtout garder nos enfants sur notre territoire», déclare-t-il.
( Toutinfo.net avec Amadou THIAM )