RD Congo : la candidature d’un milicien condamné pour viols sur fillettes fait scandale
La candidature de Frédéric Batumike, un condamné à perpétuité pour plus de 40 viols sur des fillettes, a été jugée recevable par la commission électorale congolaise. Face au tollé, celle-ci a annoncé mardi que des « corrections » étaient « en cours ».
C’est une candidature qui choque. Un milicien condamné à perpétuité pour des viols sur des fillettes a vu sa candidature jugée recevable aux élections provinciales en République démocratique du Congo (RD Congo), suscitant la colère d’une ONG contre la commission électorale. « Son cas nous avait échappé. Des corrections sont en cours », a assuré cette même commission à l’AFP.
La candidature de Frédéric Batumike, 64 ans, a été retenue dans la circonscription de Kabare dans la province du Sud-Kivu (est), selon une liste provisoire en date du 26 juillet disponible sur le site de la Commission électorale nationale et indépendante (Céni). « Nous avons été informés en retard de sa condamnation. Batumike sera invalidé », a déclaré à l’AFP le président de la Céni, Corneille Nangaa.
Ce même 26 juillet, la Haute Cour militaire avait confirmé en appel sa condamnation à la réclusion à perpétuité pour le viol d’une quarantaine de fillettes âgées de 18 mois à 12 ans dans la région de Bukavu entre 2013 et 2016. Il avait été condamné en première instance en décembre par un tribunal militaire « pour crime contre l’humanité par viol et par meurtre », avec dix complices. Il était accusé d’appartenir à la milice « Djeshi ya Yesu » (Armée de Jésus).
La « confiance » et la « crédibilité » de la Céni en jeu
Une organisation citoyenne locale, la Nouvelle dynamique de la société civile, a exprimé mardi « sa désagréable surprise de retrouver le nom de Frédéric Batumike sur les listes définitives des candidats députés provinciaux ». « Maintenir des criminels et écarter certains citoyens sur la base de considérations et d’injonctions politiques vient enlever le peu de confiance et de crédibilité qui restait à la Céni », ajoute le communiqué.
La Céni a déclaré irrecevables six candidats – sur 25 – à l’élection présidentielle, dont l’ex-chef de guerre et ex-vice président Jean-Pierre Bemba. L’opposition a accusé la Céni d’obéir aux « injonctions » du pouvoir pour écarter des candidats. Les élections présidentielle, législatives et provinciales sont prévues le 23 décembre.
(Avec AFP)