CAMPAGNE ÉLECTORALE POUR LES LÉGISLATIVES: Le président Le Sénégal au coeur Moustapha Dramé liste ses ambitions
Le président du mouvement Le Sénégal au coeur s’est prononcé sur l’actualité nationale avant de revenir sur ses ambitions pour le pays.
1) On sait que vous avez occupé des postes importants dans Rewmi France et donc pour le parti du président Idrissa Seck, mais avant de nous dire pourquoi vous avez quitté ce parti, qui estes vous?
Je suis Moustapha Dramé, natif de Marsassoum où je suis conseiller municipal, diplômé en urbanisme aménagement, en sciences de l’éducation, et une formation supplémentaire en communication.
Je suis installé en France et je reviens au Sénégal une à deux fois par an. Je suis très attaché à mes origines spatiale et sociale, donc j’ai besoin de cette noria qui me procure la double culture et la double connaissance politique.
En ce qui concerne mon départ de Rewmi, cette question revient souvent. Je suis devenu idiste en 2004 quand j’ ai senti et conclu que ce qu »Idrissa Seck subissait de la part du Président Wade était injuste. Cette situation a fait naître en moi une révolte. Je déteste l’ injustice. Alors, ai je commencé à participer aux manifestations discrètement et progressivement, avant de me rapprocher de Rewmi france en gestation.
Je saute plusieurs étapes et épisodes, avant et après mon élection comme Secrétaire général et porte parole, puis président de la commission Communication de Rewmi France et RDS ( Rewmi Diaspora Strategies), pour expliquer ma démission de Rewmi. Le bourou ak sow m’avait fissuré sur tous les plans. Et le résultat des élections m’ont achevé.
1-a) Cette dégringolade est elle réversible? Comment ? par qui? Quand?
Depuis 2019,à toutes ces questions , les militants, amis et parents qui m’ entourent ont répondu par la négation de continuer dans ce parti …
Mais, ma loyauté me retenait moralement, éthiquemement et donc politiquement…
A la veille de l’ élection présidentielle où je me suis investi à 150% dans une campagne électorale très dure, en plein ramadan à Marsassoum, j’ ai compris que je ne serai plus une valeur sous-jacente et ajoutée pour ce parti et qu’ en retour, il ne saurait être un centre de gravité de mes perspectives. Alors, j’ ai envoyé ma lettre de démission. Et ce fut un soulagement généralisé de tous ce qui comptaient sur moi et qui avaient d’ ailleurs commencé à se rapprocher du Pastef.
2) Pourquoi avoir choisi de vous rapprocher du Pastef et donc de soutenir la majorité présidentielle?
Justement, j’ ai constaté l’ effritement autour de moi depuis l’élection présidentielle de 2019, surtout depuis le bour ak sow. Ensuite, les accusations et les injustices subies par Sonko ont fait naître un anti-makysallisme généralisé avec des ramifications collatérales à tous ceux qui s’ inscrivaient dans l’ anti- sonkisme.
Personnellement, je pensais que si Sonko a subi ce qui lui était imposé, c’est qu’ il devait représenter quelque chose politiquement. Et je vais vous faire une révélation: quand Sonko a été arrêté dans l’affaire Adji Sarr, le seul et unique chef religieux qui a soutenu publiquement Ousmane Sonko, c’ était Elhadji Karamba Souané, le Khalife de Médina Souané. Dans les trois premiers jours de l’ arrestation de Sonko, il a envoyé ses talibés prier et manifester son soutien au domicile de l’accusé. Quand je lui posé la question sur ce fait, il a repondu: « c’ est là que se manifestera la vérité finale ». Depuis ce moment, j’ ai compris que Sonko est né pour être et exister. Mais il m’a conseillé de rester avec Idrissa Seck par respect pour la parole donnée.
Enfin, les motivations vers la majorité présidentielle sont nombreuses, mais je suis très sensible à cette nouvelle vision et cette nouvelle dynamique de jeunes qui veulent faire la politique autrement plus proprement, en divorçant de l’ ancien système qui tirait le Sénégal vers le bas, notamment sous Macky Sall. De même, malgré la jeunesse des composantes du parti et des membres du gouvernement, je ressens une dynamique et un savoir faire qui constitueront la clé de la réussite. Les soutenir devient pour moi un devoir car , par ailleurs, je ne vois aucune autre alternative, aucune autre perspective. S’ils arrivent à mettre en pratique la vision programmatique, aidée en cela par la compréhension et la patience des populations et une assemblée nationale conséquente, ils ont les atouts, les connaissances et les compétences pour transformer ce pays.
3) Justement, quels sont pour vous les enjeux de ces élections législatives du 17 Novembre ?
Quelle que soit l’ échelle socio- professionnelle où on se situe, nul ne peut travailler sans instrument de travail. De la même manière que l’ agriculteur a besoin de son matériel, que le boucher a besoin de son couteau, que l’ informaticien a besoin de son ordinateur, que le jakartaman a besoin de sa moto…, le gouvernement a besoin d’ une majorité plus que nécessaire de députés à l’ Assemblée Nationale. Celle-ci constitue une condition sine qua non de la stabilité de l’ état et de la gouvernance. Sans majorité à l’ Assemblée Nationale, il sera impossible d’ actionner le levier budgétaire, impossible de procéder à des transformations structurelles, et des réformes importantes…,aucune possibilité de gouverner sereinement et efficacement. Et on peut créer une instabilité institutionnelle. Le Sénégal n’ en a pas besoin..
Par ailleurs, si les Sénégalais veulent connaître la vérité sur ce qui s’ est passé sous le régime de Macky, il faut revenir sur la loi d’ amnistie pour juger et sanctionner les coupables. Cela passe par une majorité au 2/3 à l’ Assemblée Nationale…
D’ où la nécessité de donner une majorité écrasante le 17 novembre à la majorité présidentielle. Avec notre mouvement le Sénégal au coeur, nous ferons tout pour cela et nous battrons campagne comme si c’est la première et dernière fois que que servons notre nation.
4) Comment est né votre mouvement le Sénégal au cœur?
Un constat irréfutable: le Pastef est incontestablement l’astre de la nouvelle donne socio-politique qui prend sa sève dans une jeunesse qui, après avoir constaté et subi les conséquences désastreuses des anciens régimes, est passée des frustrations à la révolution pour une nouvelle ère socio-économique plus équitable dans tous les domaines. Ne pas adhérer à cette évaluation, c’est ignorer les rayons du nouvel paysage politique…
Le Sénégal au coeur est né de l’ initiative de toutes les personnes qui constituaient jadis ma base dans la diaspora, à Marsassoum, à Kolda, Ziguinchor , Joal..et ailleurs. J’ai une énorme chance d’avoir des ramifications ethniques, amicales, et des connexions multiples de dahiras et d’ associations..
Depuis son lancement, comme si les gens l’attendaient, plusieurs Sénégalais de tout bord nous contactent pour nous accompagner. Comme son nom l’indique, c’est le Sénégal d’ abord et en priorité absolue en réflexion, en analyse et en actes…Nous nous inscrivons dans la lignée de tous ceux qui sont animés par l’ambition de voir le Sénégal se hisser au sommet et, par ailleurs, pour nous, un changement structuel de la commune de Marsassoum. Cette commune mérite, pour nous, tous les sacrifices.. Nous soutenons sans réserve l’action du gouvernement et nous contribuerons à la rendre visible.
5) Que pensez vous du Référentiel 2050 du gouvernement?
Pour commencer, j’ ai l’ habitude de dire qu’ au Sénégal, nous n’ avons plus besoin de rédiger des dizaines de pages de programme. Le régime de Macky Sall a été une sacrée académie de ce qu’ il faut et ne pas faire en matière de gouvernance : il suffit de balayer son passif et reconditionner son actif si tant est qu’ il existe…bref.
Pour revenir a votre question, c’ est une très belle initiative que d’ avoir enfin » publiciser » la vision programmatique sous cette forme. Ce Référentiel rend traçable, et plus tard visible l’ action du gouvernement. Pour moi, c’est un modèle très pragmatique de planification dont les différentes étapes, les différentes échelles, les divers secteurs, de façon temporelle et intemporelle, sont interconnectés les uns aux autres. Ce Référentiel, s’ il est appliqué dans le temps et dans l’ espace avec les acteurs qu’ il faut, dans la rigueur, dans la synergie au gré de l’ idéologie du patriotisme et la recherche des souverainetés sectorielles, est l’ instrument qui propulsera le Sénégal vers le sommet.
Honnêtement, les indicateurs sont au vert, surtout si on y ajoute l’ exploitation actuelle et prochaine de énergies. Il y aura de quoi développer le pays afin de retenir et protéger notre jeunesse contre le désert et l’ océan.
6) Face aux difficultés rencontrées par les populations, quelle politique publique devrait engager le gouvernement. ?
Cette question est compliquée , non par son contenu, mais parce qu’elle fait appel à la combinaison de tous les secteurs, tous les agrégats, tous les acteurs tout le temps et partout.
Ceci dit, il faudrait d’ abord engager une politique audacieuse d’ évaluation de l’ existant et des acquis pour déterminer et capitaliser les meilleurs vecteurs . Ensuite, je suis un farouche supporter de la recherche de souverainetés ( souveraineté alimentaire par l’autosuffisance, souveraineté economique par un patriotisme rationnel et sélectif, souveraineté judiciaire par la séparation des pouvoirs, souveraineté sanitaire, souveraineté géopolitique , souveraineté monétaire…) . Mais le plus immédiat c’ est de trouver des voies et moyens pour baisser le coût du panier de la ménagère. Il est difficile de régler cette situation des coûts des denrées par la logique de la loi de l’offre et de la demande du marché quand on importe près de 70% de ce que nous consommons et quand les bailleurs, notamment, le FMI, fidèles à leurs dogmes de réajustement, vous interdisent de subventionner. Et si en plus de tout cela, il n’ y a pas un budget voté par une assemblée nationale disponible, les choses se compliquent. Donc c’est une sacrée performance que le gouvernement ait pu proposer une première solution de diminution des prix des denrées dans un contexte tellement difficile où tout montre que les détournements et la corruption ont laissé des impacts très importants. Mais je demeure persuadé que la satisfaction des besoins primaires des populations reste le centre nucléaire de l’ambition du gouvernement Sonko. Une politique sociale pertinente s’ impose ensuite pour soutenir la demande.. Mais, les instructions du Président que prolonge le discours du premier ministre prouvent qu’ ils sont sur la bonne voie.Ils vont réussir car ils ont compris très tôt et très bien les préoccupations majeures des populations..
7) Votre point de vue sur l’ arrestation de Bougane et sur l’ éventuel débat Sonko/ Amadou BA?
Concernant Bougane, je pense que maladroitement, il transfère sur l’ espace politique et sur la personne de Sonko ( dont il semble allergique) ses propres problèmes d’ entrepreneur. Il paraît que la situation de sa boîte ne serait pas au top et que parallèlement, il aurait un passif fiscal.
Il y avait plusieurs zones inondées au Sénégal à la même période.
Pourquoi a t-il choisi d’aller où se trouvait exactement le président si c’ est juste pour venir au secours des sinistrés? Pourquoi avoir ciblé Bakel de façon sélective au même moment ? Pourquoi ce refus d’ obtempérer ? Pourquoi avoir lancé ce défi : » aller dire à votre hiérarchie que Bougane sera à Bakel? Pourquoi sur sept leaders de leur coalition, seuls deux étaient disponibles ?
Sincèrement, je pense que Bougane avait besoin de se rendre traçable et visible, mais ce n’était ni la bonne manière, ni au bon endroit ni au bon moment car il s’ agissait par ailleurs de la sécurité du président ( du président et non de Sonko) dans une zone où nous connaissons les enjeux.
Maintenant, c’est l’application de la loi au gré des chefs d’ accusations et ce n’ est pas un civil qui en est là source, mais les forces de sécurité…On ne peut compter que sur la clémence du juge car il n’a aucun statut particulier plus que vous et moi. Que disions nous si un citoyen lambda fait la même chose ?
Concernant le débat, tout débat démocratique est la bienvenue pour diagnostiquer, évaluer, décider ou proposer. Mais à part, mettre un peu plus de lumière sur les conséquences désastreuses de la gouvernance Macky- Amadou BA, personnellement, PM n’ y gagnera rien qu’ il n’a pas déjà en crédibilité et Amadou BA peut y perdre beaucoup en culpabilité et politiquement …
Dans tous les cas une réédition des comptes, économiques, judiciaires, financières, foncières, sanitaires…demeure une nécessité pour mieux gouverner ensuite.
Tout ce qui est nécessaire mérite la patience.
Aissatou Mbène COULIBALY