LA CHRONIQUE DE MLD: Ce pouvoir doit apprendre à faire le dos rond. Par Mamadou Lamine DIATTA
Ce nouveau pouvoir est à l’image de l’enfant qui apprend à assurer sa socialisation en cassant souvent tout sur son passage.Normal d’autant que c’est le cycle de toute vie sur terre.Les balbutiements ne sont jamais une partie de plaisir.
C’est peut-être caricatural mais comment comprendre le simple fait de tomber dans le piège de Bougane Gueye Dany, un opposant en quête inespérée de visibilité et de reconnaissance.
Le pays se retrouve de manière malencontreuse à l’arrière- plan de l’actualité internationale.
Il est évident que la malheureuse arrestation de Bougane Guèye Dany ,même pour quelques jours, entache l’image de ce pays paisible et stable qui sera sûrement mis sous surveillance par les chancelleries occidentales et les organisations internationales.
Rien que par cette maladresse, l’idée d’une vitrine démocratique craquelée est rapidement agitée par les observateurs les plus pessimistes. Cela crève les yeux !
Avait-on besoin de cette mauvaise publicité ?
Non pour sûr.
À l’analyse, on se rend compte que la main du juge de Tambacounda a été lourde.
D’ailleurs tout porte à croire qu’il pourrait s’agir d’un excès de zèle d’autant que, ironie de l’histoire, ce sont les magistrats récemment (sanctionnés ?)-mutés à Tambacounda par les nouveaux maîtres du pays qui ont traité l’affaire Bougane.
L’un dans l’autre, la question qui turlupine est de savoir s’ils ne se sont pas penchés sur le dossier avec le zèle du néo- converti… Possible.
Tel Ousmane Sonko qui agitait avec fracas l’idée du procès politique dans la fameuse affaire Adji Sarr, Bougane et ses chauds partisans de Samm sa Kaddu peuvent également invoquer une arrestation politique surtout dans un contexte pré- électoral tendu.
Dans cette vie d’ici-bas, tout est question de perception et de ce point de vue, il faut avoir la lucidité de remarquer que le placement sous mandat de dépôt du Boss de Sen Tv et opposant à la démarche controversée n’apporte rien, absolument rien.
Ce contestataire iconoclaste amusait quelque part la galerie.
Dans un pays de comédiens qui squattent au quotidien l’espace public, un pouvoir doit faire le dos rond,garder la sérénité, se boucher les oreilles pour espérer dérouler sa stratégie de développement de manière durable.
Une attitude de grandeur arrimée au sens du dépassement en droite ligne des fondamentaux d’une relation sociale intelligente et des grands principes de promotion des libertés individuelles en particulier et des droits humains en général.
Ceux qui incarnent l’actuel pouvoir traînent sûrement les séquelles encore saillantes de leur passage mouvementé dans l’opposition.
Mais ils sont maintenant aux affaires, ils doivent apprendre à encaisser des vertes et des pas mûres pour prendre de la hauteur et convoquer les Sénégalais autour de l’essentiel dans un pays où tout est prioritaire au regard de l’état jugé désastreux de l’économie nationale.
Évidemment, cela demandera sûrement un peu de compréhension, le temps de prendre leurs marques et d’habiter leurs nouvelles fonctions mais en 8 mois, ils ont quand même eu assez de temps pour s’adapter à la gestion des affaires publiques.
Ils doivent travailler à éviter les erreurs de débutant et les chausses- trappes d’une opposition qui est pratiquement dans son rôle. Même si on peut également comprendre que ce durcissement de la puissance publique constaté depuis quelques jours répond à un souci de ne pas faire paraître des signes de faiblesse.
Mais la culture de l’Etat est capitale. Elle doit s’apprendre rapidement car le temps nous est compté.
Le fameux projet Sénégal 2050 requiert une adhésion populaire qui n’interviendra que dans un climat empreint de sérénité en tenant compte de cette bataille d’idées, signe clinique de ce bouillonnement démocratique qui fait le charme du Sénégal.