Les potentialités de Thiès n’ont pas été exploitées à cause de ”mauvaises orientations politiques” (Mame Boye Diao)
Le candidat de la Coalition Diao 2024, El Hadji Mamadou Diao a déploré lundi, dans la cité du rail, de ”mauvaises orientations politiques” qui ont manqué de mettre en valeur les potentialités économiques dont regorge la région de Thiès.
Lors d’un meeting dans le quartier Takhikao, El Hadji Mamadou Diao dit Mame Boye Diao a évoqué le cas du transport ferroviaire, dont la ville de Thiès devrait être le ”cœur”, tant au plan national qu’international. Il regrette le fait qu’on ait ”laissé mourir” ce moyen de transport hérité de la colonisation, si bien que les cheminots ont passé les 15 à 20 dernières années à ne parler que de réhabilitation des chemins de fer.
Pendant ce temps, ce sont des cohortes de camions qui assurent le transport de marchandises entre Dakar et Bamako, regrette-t-il.
A la place d’une voie ferrée assurant le maillage du pays, le gouvernement a préféré des ”investissements très coûteux qui ne sont pas orientés vers le développement, mais vers le prestige”, a-t-il relevé, faisant allusion au Train express régional (TER), qui ”ne concerne qu’un tronçon de Dakar”.
Pour lui, ”le cœur d’une politique d’investissement dans le domaine ferroviaire doit être la région de Thiès, (qui) permet d’irradier le reste du Sénégal”. Cette région peut centraliser toute la production du pays, estime l’ancien directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, dont il a été limogé en septembre 2023
Pour lui, d’autres potentialités de Thiès résident dans la pêche, la région concentrant les ”quais de pêche les plus performants du pays”, mais sans accompagnement en matière de transformation, pour que qu’elle devienne le ”poumon économique du Sénégal”. Il n’a pas oublié de mentionner l’importante production de fruits et légumes de la région.
”Malheureusement, aucun effort structurant n’a été fait en matière de conservation, de stockage”, si bien que dans des localités comme Pout, les productions, sont ”souvent jetées”, faute d’équipement de froid.
Il préconise d’aider les femmes vendant des fruits le long de la route nationale à disposer d’équipement de conservation, dans un contexte où, à cause de l’autoroute, la route nationale n’a plus le même niveau de fréquentation qui leur permettait d’écouler rapidement leurs produits.
Voilà une région avec un potentiel économique connu, avec des entrepreneurs très forts, mais où on n’est là que pour capter des ressources au profit de l’Etat”, s’est-il désolé.
Comme indice de ce potentiel de développement, il note que ”Thiès est l’une des rares régions au Sénégal avec un centre fiscal dans la ville chef-lieu de région et un autre dans un autre chef-lieu de département”.
Pour lui, ”vu le potentiel de Thiès, en deux ans cette région peut être transformée” avec ses femmes et ses jeunes qui sont actifs. ”Chacun se débrouille, mais l’Etat n’est pas derrière pour organiser les filières, créer les instruments de mécanisation, de production selon les normes”, déplore-t-il.
Soulignant l’”importance de Thiès sur la carte universitaire”, Mame Boye Diao estime que ”les filières innovantes qui peuvent porter le développement du Sénégal sont à Thiès, mais il faut qu’on aide Thiès à mieux s’en sortir”.
Selon lui, Thiès s’est vue attribuer l’image d’une ville rebelle, au point d’être oubliée.
“”Notre défi, c’est de faire en sorte que le potentiel économique de Thiès puisse servir les Thiessois en premier”, a dit le candidat. ”C’est une aberration que nos ressources appartiennent à des pays tiers”, regrette-t-il citant le cas des Industries chimiques du Sénégal (ICS), qui selon lui, ”ne nous appartiennent pas en réalité”.
Le candidat de la coalition Diao 2024 considère le cas de Ngaye comme une illustration de l’”incohérence des politiques économiques” du pays. Il relève par exemple qu’aucun atelier de cette localité de Thiès spécialisée dans l’artisanat et plus particulièrement les métiers du cuir, ne peut produire 1.000 paires de chaussures en une journée, faute d’équipement pour passer à une production industrielle.
Pour lui, l’Etat devrait accompagner les gens dans ce qu’ils savent faire. Les femmes transformatrices qui manquent d’équipements et d’emballage nécessaires pour approvisionner les grandes surfaces, doivent être appuyées.
Tous les corps de métiers, de la maçonnerie, à l’électricité, en passant par les tailleurs, cordonniers, mécaniciens qui forment des enfants, doivent être équipés pour être des acteurs économiques et transformer le pays, estime-t-il.
Déplorant le fait qu’une bonne partie des jeunes sont devenus des conducteurs de mototaxis Djakarta, il relève que ”cela ne peut continuer”. ”Malheureusement notre pays est gangrené par le manque de prospective”, se désole-t-il.