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LA CHRONIQUE DE MLD: Quand le pouvoir arrête le Pouvoir…Par Mamadou Lamine DIATTA

« Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » Montesquieu*

Lorsque Montesquieu théorisait la séparation des pouvoirs, il ne savait pas si bien dire d’autant qu’entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, il y a souvent des velléités de caporalisation et de manipulation d’un pouvoir sur l’autre.
C’est connu, tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser.
Cette fois-ci, les 7 hauts magistrats du Conseil constitutionnel ont été inébranlables devant l’Histoire en démontrant que la loi détermine les limites de la liberté. L’idée c’est que le but n’est pas de pouvoir faire tout ce que l’on veut mais de donner la liberté de faire tout ce que les textes permettent.
Si bon nombre de Sénégalais se surprennent à jubiler comme pour dire Eurêka, nous avons enfin trouvé une date pour le scrutin présidentiel, c’est qu’il y véritablement problème.
Ce pays où l’on vote depuis 1848 a visiblement connu une régression car qui n’avance pas recule.
Nous avons pratiquement délaissé les hauts standards de la démocratie pour arpenter les chemins sinueux et tortueux de vils calculs politiciens à base électoraliste.
Tout est parti de la décision présidentielle fortement rejetée par l’opinion et la communauté internationale de reporter derechef l’élection présidentielle prévue le 25 février 2024. Forcément cet acte inédit a déstructuré tout l’échafaudage d’un processus électoral jusque-là maîtrisé tant bien que mal.
Le Président de la République n’est pas le juge électoral par excellence et il s’était permis une telle coquetterie institutionnelle.
Suffisant pour lancer un bras de fer avec le Conseil constitutionnel.
Tout ce jeu de ping-pong avec les hauts magistrats s’explique par cette décision controversée. Le Président a marché sur les plates-bandes des 7 sages. Et ces derniers se sont rebiffés. Ils ont été courtois mais fermes comme pour prendre date avec l’Histoire surtout qu’ils se savaient pertinemment épiés par 18 millions de Sénégalais.
Même s’il faut déplorer l’attitude de ces juges qui avaient programmé dans un premier temps l’élection le 31 mars prochain c’est à dire le jour de Pâques.
Sacrilège avec juste un bémol : Nul n’est infaillible.
Il faut comprendre l’attitude des juges d’autant que le camp présidentiel avait proposé auparavant deux dates. D’abord l’assemblée nationale qui avait agité celle du 15 décembre et récemment le dialogue national qui avait retenu le 02 juin 2024.Toutes ces dates ont été gaillardement rejetées par les hauts magistrats.
Ils ont finalement eu gain de cause d’autant que le scrutin n’aura pas lieu après la fin du mandat présidentiel.
Le désaveu du camp présidentiel et des Dialogueurs est cinglant surtout qu’ils sollicitaient l’élargissement de la liste des candidats à des profils comme Karim Wade et la date du 02 juin 2024 pour la tenue de la présidentielle de toutes les convoitises!
Finalement le Chef de l’Etat restera en poste jusqu’à l’installation de son successeur en vertu de l’article 36 alinéa 2 de la loi fondamentale. Les apparences sont sauves !
Les juges sont restés droit dans leurs bottes en rejetant avec autorité les conclusions de la grand’ messe de Diamniadio.C’était finalement un dialogue pour rien.
Depuis le début du magistère Macky Sall ,ces 7 sages n’ont jamais montré autant de cran et de personnalité devant leurs placides concitoyens.
D’aucuns peuvent évoquer une déclinaison grandeur nature de la séparation des pouvoirs au Sénégal mais il faut surtout mettre en exergue un certain rapport de forces car les juges ont finalement réussi à gagner leur « indépendance » aidés en cela par un contexte socio-politique qui leur est largement favorable.
Le Président Macky Sall affiche une grande vulnérabilité à mesure que la date fatidique du 02 avril approche ; il va vers une fin de mandat en pointillés…
En réalité, ce Leader sur le départ semble déboussolé. Il a posé énormément d’actes bizarres et contradictoires et son pouvoir s’effrite de manière inexorable.
Il n’a pratiquement plus les cartes en main car pris dans son propre jeu d’échecs.
L’approche de la date fatidique du 2 Avril est aussi de nature à exacerber le vacillement programmé de son pouvoir.
Tragique finalement !
Il doit plutôt chercher à sortir par la grande porte. La campagne médiatique internationale qu’il a lui-même qualifié de « nauséabonde » ayant sûrement fait ses effets.
Macky Sall a posé des actes tellement controversés qu’il a fini par s’emmêler les pinceaux en fragilisant par ricochet son candidat Amadou Ba.
Ce candidat de Benno choisi au forceps sera quasiment obligé de faire du « parricide » pour se présenter sous son meilleur jour aux yeux des électeurs. Le temps lui est compté et il est obligé de se réinventer pour combler le passif de son mentor surtout dans le domaine sensible du bilan immatériel.
La balle est désormais dans le camp des électeurs Sénégalais appelés à élire en âme et conscience et dans la sérénité le 5ème Président de cette jeune République.