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Accumulation abusive de parrainages: Une entrave à la liberté de candidature (Ndiaga Sylla)

Plus de 4 millions de parrains sur un fichier de 7 millions d’électeurs, c’est ce qu’exhibe fièrement, à raison ou à tort, la coalition de la majorité présidentielle, Benno Bokk Yakaar. Selon cette entité qui porte la candidature du premier ministre Amadou Ba, il s’agit là d’un élément fort considérable qui justifie la légitimité et la popularité de son candidat. Soit. Cependant, cette accumulation abusive de parrainages alors que le conseil constitutionnel n’en demande qu’un maximum de 50 mille, est, selon l’expert électoral Ndiaga Sylla, une violation des règles. En ce sens qu’elle constitue «une entrave à la liberté de candidature».

«Il faut regretter le fait que cette pratique contribue à l’assèchement de la base d’électeurs capables de parrainer. Y en a qui ont avancé un chiffre de 3 voire 4 millions. On a entendu hier le délégué de BBY à Dakar dire que rien que dans la région de Dakar ils ont mobilisé 1 million de parrainages. Imaginez que deux ou Candidats déclarent la même chose et que cela soit avéré. Ils auront asséché la base d’électeurs capables de parrainer», fustige le spécialiste qui multiplie, ces derniers jours, les publications sur la matière électorale pour dénoncer les violations notées dans le processus.

Analysant cette pratique qu’il qualifie d’entrave à la liberté de candidature, le frère de Talla Sylla estime que son illégalité avait été attestée par la Cour de justice de la CEDEAO dans sa décision rendue en avril 2021 sur saisine de l’avocat Abdoulaye Tine. En effet, la juridiction régionale qui avait demandé la suppression pure et simple du parrainage généralisé, s’était basée sur cet argument.

Sur la base d’un simple raisonnement, la Cour de justice de la CEDEAO avait considéré que par rapport à la pléthore de partis politiques (plus de 300 partis), si chacun devait mobiliser le minimum de 53 mille parrainages, cela allait remettre en cause la liberté de candidature. Cette même logique est valable en appréciant cette pratique consistant à mobiliser le maximum de parrainages encore que nous ne sommes même pas sûrs que ceux qui déclarent avoir mobilisé ce nombre de parrains vont déposer ces parrainages citoyens. D’autant plus qu’ils disposent d’un certains nombre d’élus qui leurs permettent d’opter soit pour le parrainage des députés (13) ou celui des exécutifs territoriaux (120)», souligne Ndiaga Sylla, invité de l’émission Objection de ce dimanche sur Sud FM.

A en croire l’expert électoral, aucun candidat qui a la possibilité de déposer le parrainage d’élus ne va s’aventurer à opter pour le parrainage citoyen très risqué (doublons) à travers son système de contrôle et de vérification dont l’ordre chronologique dépendra d’un tirage au sort aléatoire.