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Niger : les banques manquent de liquidités

Depuis la mise en application des sanctions de la Cédéao contre le Niger, l’argent ne circule presque pas. Des restrictions dans le retrait de liquidités dans les banques sont observées. Pour les gros montants, impossible de dépasser la barre de 200 000 Fcfa – soit 300 euros – la semaine. Bachirou Saibou, commerçant au petit marché de Niamey, n’a pas pu effectuer d’opération bancaire.

« Actuellement je suis venu pour un retrait. Mais malheureusement, je n’ai pas eu la chance d’effectuer puisque toutes les transactions actuellement sont bloquées. Cela nous affecte énormément. Les loyers sont impayés, l’électricité aussi. Tout est impayé actuellement », témoigne le commerçant.

Illiassou Amadou, boutiquier, qui a voulu retirer 100 000 Fcfa, environ 150 euros est dans la même situation. La banque lui a juste proposé la moitié.

« Je suis venu pour le retrait, malheureusement ils m’ont dit que je ne peux pas retirer un grand montant. Je veux prendre 100 000 Fcfa, mais il faut que je prenne 50 000 Fcfa et revenir la semaine prochaine pour retirer 50 000 encore. Donc voilà un peu le soucis », se désole Illiassou.

Même les salaires , pourtant virés sur les comptes des bénéficiaires, sont difficiles d’accès. Zakari Idé Farida a voulu toucher son salaire pour faire des emplettes, mais elle a été victime du manque de liquidités au niveau de sa banque.

« On n’arrive plus à faire beaucoup de retrait. Tu ne peux pas dépasser 300 000F. Et avant même d’avoir le retrait, ça devient très difficile. Tu passes toute la journée et tu n’arrives qu’à faire un seul retrait dans la semaine. Parfois même on te dit, si tu fais le retrait, c’est pour tout le mois. Tu ne peux plus refaire de retrait encore », explique Farida.

Cette situation est la conséquence des restrictions aux banques commerciales imposées par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, BCEAO. Une décision qui constitue un abus de pouvoir, estime l’économiste Soly Abdoulaye.

« Normalement les banques commerciales établies au Niger ne doivent pas connaître une restriction de monnaies vis-à-vis de la BCEAO. C’est extrapolation, c’est une sorte d’abus de pouvoir et de position qui fait qu’aujourd’hui, la BCEAO a restreint l’argent au niveau des banques commerciales. »

Les Nigériens vont devoir se serrer la ceinture. Les prochains jours seront difficiles, car l’inflation ne fait que faire grimper les prix des produits de première nécessité.