ZAHRA IYANE THIAM RÉPOND À LOUM «on ne peut pas imposer au Président un mode de fonctionnement»
La sortie de l’ancien Premier ministre Mamadou lamine Loum, dénonçant la non application des assises nationales et la tension financière dans le pays, est en train de susciter une vague de réactions. En dehors du ministre du Budget, le ministre conseiller Zahra Iyane Thiam a tenu à apporter la réplique à Mamadou Lamine Loum. D’après elle, «on ne peut pas imposer au président un mode de fonctionnement».
L’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum dit que la charte de gouvernance démocratique est médiocrement appliquée, qu’est-ce que vous en pensez ?
Zahra Iyane Thiam : L’ancien Premier ministre a eu à dire luimême que les Assises sont une dynamique. Les Assises nationales ont été initiées dans un contexte particulier durant la période de la 1ère alternance, nous avons tous assisté à une crise au niveau de plusieurs secteurs de la vie sociale sénégalaise, des acteurs se sont regroupés pour définir des solutions face à plusieurs problématiques. Ce qu’il faut relever est que la charte est antérieure au document, au rapport général des assises. Lorsqu’on a adhéré à la charte de gouvernance démocratique, des discussions se sont poursuivies autour de 8 thématiques et travaux de groupe. Il y a des actions qui montrent que le gouvernement est sur la voie de la charte de gouvernance démocratique. Maintenant ce que l’on ne peut pas lui imposer, c’est un mode de fonctionnement ou une méthodologie d’application de ces principes-là. Le Premier ministre Loum a rappelé que le candidat Macky Sall a été désigné candidat des assises nationales dans l’entre-deux tours, un comité national de pilotage a été tenu. La mesure ne doit pas se refléter sur la base de propos aussi sévères, mais plutôt sur les actes qui sont posés.
Loum a également évoqué une tension financière fortement ressentie ?
Lui-même a eu l’honnêteté d’indiquer qu’il n’était pas au courant de la sortie du directeur du Budget. L’appréciation qu’il fait est très certainement basée sur l’expérience des affaires de l’Etat. S’il y a une quelconque tension de trésorerie au Sénégal, cela aurait dû se refléter sur la croissance économique, mais pas à l’aune du bouillonnement des secteurs sociaux. La croissance est soutenue sur plusieurs années déjà. Aujourd’hui, elle est à 7,2%, lorsqu’en 2011, nous étions à 1,7%. Au-delà, le gouvernement a fait le choix, sur la base justement de ce que pourrait donner notre économie de manière graduelle sur les années à venir, mais également sur celle de la santé des secteurs comme l’agriculture, de la redistribution des revenus. Le gouvernement a pu prendre des engagements avec certaines structures sociales qui faisaient des revendications. C’est le cas avec les enseignants, et aussi avec les engagements qui ont été pris avec les étudiants. Ce que j’apprécie sur la situation économique du pays, c’est le vécu des populations au quotidien qui se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat par des politiques hardies, avec notamment la diminution du prix du loyer, de l’impôt sur le revenu…
Quepensez-vous de la sortie de Moustapha Cissé Lo qui déclare que 75%des Aperistes sont frustrés?
J’irai dans le prolongement de la question en disant que 75% des militants ne se retrouveraient pas dans le fonctionnement du parti à quel moment ? Parce que l’Apr est tout de même un jeune parti créé en 2008. Et pour un bon militant, être membre fondateur d’une structure est un mérite, mais ça ne vous donne pas tous les droits. Je pense qu’au niveau de l’Alliance pour la République, en tant que militante, ce que je conçois du militantisme c’est que chaque militant est membre à part entière, et, de ce point de vue, il devrait pouvoir bénéficier des mêmes droits et des mêmes devoirs. Lorsqu’on se dit militant partisan, il faut accepter à un certain moment d’avaler des couleuvres pour le bien général, et non courir pour son propre intérêt. Nous sommes aussi, en tant que membres de l’Apr, membres d’une coalition, laquelle coalition a permis à notre leader d’accéder au pouvoir et elle continue d’œuvrer autour d’une plateforme définie par le chef de l’Etat pour porter sa candidature en 2019. Donc nous nous devons, en tant que patriotes, faire tous les sacrifices qu’il faut pour réélire notre leader et lui permettre de continuer ce travail grandiose qui devrait permettre à chaque militant, à chaque citoyen, de se retrouver dans le fonctionnement de notre pays. Le cabinet du président de la république bloque toutes les demandes d’audience d’après Moustapha Cissé… Le cabinet du président de la République est dirigé par un directeur de cabinet. Donc ce serait lui faire un mauvais procès que de cibler les membres de ce cabinet. Je pense que, s’il faut s’adresser en toute responsabilité au cabinet, il faut s’adresser à celui qui le dirige. Mais, je ne pense pas, au vu de la personnalité du Président de laRépublique, que l’on puisse bloquer quoi que ce soit dans son protocole. Maintenant, à charge peut être pour les militants de comprendre l’agenda du président, et certaines difficultés qui peuvent exister face à sa sincère volonté de satisfaire toutes les demandes d’audience des militants, qui qu’ils soient du reste. Ce sont des éléments qu’il faut prendre en compte. Maintenant, nous ne pouvons pas avoir la prétention de définir la relation qu’il doit y avoir entre le président, le chef du parti, et ses militants. Et chacun de ces militants a la légitimité de concevoir la relation qu’il doit avoir avec son leader, c’est quelque chose qui est compréhensible.
Nous sommes à 8 mois de l’élection présidentielle, quelles sont les chances de votre candidat, Macky Sall ?
Nous estimons qu’il a un bilan à faire valoir, nous estimons également qu’il avait pris des engagements vis-à-vis des citoyens qu’il faudra évaluer d’ici 8 mois. En ce qui nous concerne, nous estimons que, sur cette période du septennat, au niveau de l’économie, nous avons une progression constante, au niveau de la prise en charge de la demande sociale, nous avons plusieurs actions qui montrent avec humilité que nous sommes sur une bonne trajectoire qui colle avec la préoccupation des populations : C’est d’abord avoir des territoires viables où les inégalités sociales sont nettement réduites. En sommes, nous avons un candidat qui a en bandoulière le mieux-être des populations et cela est l’essentiel.
Etes-vous passionnée de football ? Les chances du Sénégal au Mondial ? Comment vivez-vous cet événement ?
J’adore le football. Mais, j’avoue que, comme je ne suis pas très fair-play, depuis 2000 j’évite de suivre à fond comme le font les passionnés du ballon rond. C’est que je n’arrive jamais à digérer totalement les défaites. Surtout lorsqu’il y a la victoire à portée de main. Ce qui fait que je ne suis pas aussi passionnée que ça. Même les matchs, je préfère les regarder en différé, lorsque je suis déjà au courant du score final. C’est pour vous dire vraiment ma position par rapport au foot que je ne saurais détester parce que j’ai deux frères qui y sont très engagés. En plus je suis marraine de plusieurs structures de football.
Propos recueillis par Ibrahima HAIDARA & Mame Diarra DIENG
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