« Et si l’Afrique réussissait, avec le numérique, à inventer une économie inclusive et durable ? »
Pour Rémy Rioux, le directeur de l’Agence française de développement (AFD), la créativité du continent est « un formidable ferment pour l’innovation mondiale ».
Bientôt une multiplication des licornes africaines ? C’est une certitude, tant les start-up du continent innovent à un rythme spectaculaire. La révolution numérique est en train de transformer l’Afrique. En ignorant largement la téléphonie fixe pour s’emparer directement du mobile, le continent a réalisé un grand bond sur le plan technologique. Une évolution qui ouvre le champ des possibles en matière d’éducation – notamment pour les filles –, d’emploi des jeunes, et laisse espérer une croissance endogène, durable et inclusive.
Outre une généralisation de l’accès aux nouvelles technologies, le continent connaît une révolution des usages. La montée en puissance de l’Afrique s’est accompagnée de l’émergence de start-up qui proposent de nouveaux modes d’utilisation du numérique parfois sous-investis voire inconnus en Europe. L’exemple le plus emblématique est celui du mobile banking : 12 % de la population au sud du Sahara détient ainsi un compte bancaire sur son mobile, quand cela ne dépasse pas 2 % de la population dans le reste du monde.
Les start-up africaines investissent la fintech et vont explorer de nouveaux services de microcrédit-assurance et de transfert d’argent. Elles s’adaptent également aux besoins du continent avec, par exemple, des applications qui proposent des systèmes d’information de marchés agricoles. D’autres innovations permettent de faciliter la vie quotidienne des citoyens. Au Ghana, Accra Mobility a permis en quelques semaines de produire une carte inédite des « trotros », ces taxis collectifs qui transportent quotidiennement la majorité des habitants de la capitale, grâce à la carte libre d’Open Street Map.
Le Monde Afrique