MEURTRE DE FALLOU SÈNE : Macky reçoit les étudiants de Saint Louis sans les ministres
Alors que la tension est montée d’un cran avec la grève illimité déclenchée par les différentes universités publiques du pays, le chef de l’État a repris en main le dossier. hier, Macky Sall a reçu en audience la coordination des étudiants de saint Louis qu’il a écoutée religieusement avant de faire des promesses mirobolantes pour l’amélioration des conditions de vie des étudiants du campus de Sanar. toutefois, le chef de l’État s’est voulu ferme au sujet du départ réclamé de Mary Teuw Niane du ministère de l’enseignement supérieur.
Peut-être que les étudiants vont rejoindre bientôt les amphis après une semaine mouvementée née de la mort de leur camarade Fallou Sène, tué d’une balle réelle lors d’un accrochage entre les forces de l’ordre et des étudiants qui réclamaient le paiement de leurs bourses. Hier, pendant qu’un mort d’ordre de grève illimitée a été déclenché par toutes les université du pays, le chef de l’Etat est monté lui même au créneau pour désamorcer la bombe. Car, malgré le limogeage des responsables directs (recteur de l’Ugb et directeur général du Crous), les apprenants continuent de réclamer la tête du ministre de l’Enseignement supérieur et celle de son collègue des Finances. C’est en compagnie d’un cercle réduit de ses collaborateurs et avec l’absence notable de tous les ministres incriminés que Macky Sall a reçu la délégation de la Cesl, composée d’une quinzaine de membres. Le chef de l’Etat a d’abord compati à leur douleur en rappelant que lui même fut dans le passé un acteur remuant de l’espace universitaire. Dès lors, il a écouté studieusement ses hôtes égrener un long chapelet de leurs vœux qui tournent autour de la lumière sur le meurtre de Fallou Sène, de l’amélioration de leurs conditions de vie et d’études dont l’accès à date de leurs allocations, mais aussi et surtout le départ du ministre Mary Teuw Niane. En réponse, dans un discours alliant compassion et fermeté, Macky Sall s’est voulu catégorique notamment sur le limogeage du ministre de l’Enseignement supérieur en indiquant que cela relève de son pouvoir discrétionnaire. Cependant, il a exprimé toute sa compassion à l’égard de Mapal Sambou et Cie. Ainsi, il a promis de construire de nouveaux pavillons, de régler le problème du liquide précieux devenu récurrent, bâtir de nouveaux restaurants et augmenter la subvention de la commission sociale. Cerise sur le gâteau, Macky Sall promet de revoir à la hausse le nombre de bourses sociales à octroyer. A propos, par ailleurs, des bourses qui ont été à l’origine des affrontements ayant abouti à mort d’homme, le Président Macky Sall a demandé à ses hôtes d’attendre que la mission de l’Inspection générale d’Etat (Ige) dépose son rapport. Ce qui, d’après lui, lui permettrait de situer les responsabilités et de prendre des mesures subsé- quentes. Joint au téléphone par «L’As», Mapal Sambou a confirmé l’audience non sans préciser que le mot d’ordre est : «zéro commentaire». Néanmoins, le jeune responsable des étudiants de Saint Louis promet d’y revenir à travers soit un communiqué ou à l’occasion un point de presse. Toujours est-il que le chef de l’Etat s’est dit disposé à recevoir les autres universités dans les meilleurs délais. Déjà hier, leurs camarades de l’université Cheikh Anta Diop ont organisé un sit-in devant le temple du savoir pour rejeter les dix millions offerts à la famille du défunt, mais aussi exiger d’être reçus par le chef de l’Etat, «leur désormais unique interlocuteur». Ce vœu pourrait donc se réaliser au plus vite puisqu’il a trouvé un écho favorable auprès du chef de l’Etat qui en a exprimé le besoin. Toutefois, les amicales (Fac lettres et droit) n’ayant pas été renouvelées depuis deux ans, un problème de leadership risque d’entacher l’audience que le chef de l’Etat veut accorder à l’Ucad. Au plan judicaire, « L’As» a appris auprès de sources dignes de foi que la hiérarchie militaire attend toujours l’ordre de poursuite après la transmission du dossier au procureur de la République Serigne Bassirou Guèye.