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Cheikh Yerim,la buzzosphère et les Sénégalais…

Cheikh Yerim Seck observateur assidu de la scène politico-sociale du pays a donc publié un brulôt qui fait jaser et qui fera encore jaser d’ici au rendez-vous électoral fatidique de février 2024.

Avec « Macky Sall face à l’Histoire » , il a réussi son coup quelque part mais est-ce suffisant pour lui décerner la palme de la crédibilité ? Une autre paire de manches.
Il faut interroger le profil social et psychologique de l’auteur de l’ouvrage sur la sellette pour mieux décrypter le message fort qu’il veut partager avec ses concitoyens.

Yerim n’est pas journaliste ; du moins il ne l’est plus depuis belle lurette. Donc il faut d’emblée évacuer cette confusion de rôles d’autant que ses méthodes controversées jurent d’avec les pratiques éprouvées de ce noble métier basées sur l’équilibre et la vérification des faits dans le traitement de n’importe quel dossier.

Cet homme rusé et resauté est plutôt un membre influent du petit monde dakarois du buzz et des combinazione de toutes sortes échafaudées dans les salons feutrés de la capitale.
Un groupuscule de personnages haut –en couleurs plutôt obnubilés par le succès immédiat et souvent éphémère, le temps faisant toujours son œuvre.

Sinon comment comprendre cette attaque bille en tête sur fond de grandiloquence contre « l’observateur social » pour ne pas dire le chroniqueur Cheikh Bara Ndiaye ?

Pour Yerim, « le régime de Macky Sall a créé Serigne Bara Ndiaye, expert en astuces pour exister afin de régler ses problèmes…échantillon de ce nouveau type de Sénégalais peu scolarisé, promis au chômage de masse…
Il est le symptôme de cette époque où, à force de promouvoir dans l’Etat des nuls doués dans l’art du positionnement personnel, l’expertise a perdu sa valeur. »

Quelle condescendance à l’égard de Cheikh Bara et de ces nombreux et braves Sénégalais pas du tout lettrés en Français mais à l’intelligence sociologique avérée et impactante.

L’art de manipuler les 17 millions de Sénégalais

Finalement avec son nouvel opus, l’objectif de l’auteur est clair comme l’eau de roche : l’ancien collaborateur de Jeune Afrique veut manipuler les 17 millions de Sénégalais.

Il veut manipuler le Chef de l’Etat, la première dame, le Chef de l’opposition Ousmane Sonko, le Premier Ministre Amadou Ba, la classe politique, les médias, l’opinion publique…Bref, cet homme à l’éclectisme affirmé et reconnu (il a été producteur de la série Un café avec) tente vaille que vaille de maîtriser la médiasphère et la blogosphère.
Peu importe la conséquence immédiate d’une telle prétention. Sa logique est simple : l’essentiel, c’est de faire parler de lui et d’exister par ricochet.

Finalement cet ouvrage sulfureux par certains aspects lui ressemble bigrement !
Il n’est jamais dans la demi-mesure. Avec Yerim ça passe ou ça casse et il veut réussir ses coups d’éclat ici et maintenant.
C’est un habitué du trash et de l’actu shocking et pour lui seul compte le résultat escompté.

Coïncidence, Yerim a réussi le tour de force de reléguer le livre de Boubacar Camara au rang de non- évènement .Le timing de son opus a fortement cannibalisé l’œuvre de l’ancien Directeur Général des douanes sénégalaises : Pourtant « Construire le Sénégal du futur » de Camara n’est pas un navet mais nous sommes bel et bien au Sénégal un pays où l’accessoire est très souvent magnifié et propulsé au détriment de l’essentiel.

De ce point de vue, Cheikh Yerim Seck incarne à merveille ce nouveau type de Sénégalais très porté sur l’invective, la controverse savamment alimentée et entretenue et la manipulation.
Ses sorties à charge sur quasiment toute l’élite politique du pays laissent croire qu’il agit à dessein tel un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Il veut faire mal quitte à s’aliéner tout ce que le Sénégal compte comme capital humain résolument focus sur le développement et le bien-être collectif.

L’homme se nourrit pratiquement de polémiques, ça le ragaillardit visiblement et ça l’étalonne quelque part auprès d’une opinion publique pourtant de plus en plus exigeante mais un tantinet naïve.

Un pays où la mauvaise foi, l’hypocrisie, la roublardise et la manipulation outrancière sont érigées en modes de vie et de réussite a t-il réellement un avenir ?

La grève illimitée des transporteurs n’est en vérité que l’expression achevée d’un Sénégal totalement engagé dans une zone de turbulences. On sait généralement quand et comment ça commence mais on ne sait jamais comment ça finit !
La Covid a aussi mis en lumière notre manque chronique de vision et de rigueur ; le tout parachevé par une gouvernance désastreuse des maigres ressources de ce pays qui nous mobilise au quotidien.

Il faut débarrasser le Sénégal de ces nombreuses scories déjà identifiées pour réinventer un nouveau contrat social. C’est la voie royale pour ce pays qui dispose de toutes les potentialités (capital humain, ressources naturelles, position géographique…) pour amorcer son décollage économique.