L’Espagne connaît un pic de féminicides «épouvantable» en cette fin d’année 2022
Trois féminicides en seulement en 48 heures en Espagne. Des drames qui portent à treize le nombre de meurtres de femmes par leurs conjoints ou ex-conjoints au cours du mois de décembre, qui devient de loin le plus meurtrier de l’année 2022 dans le pays. Au total, on dénombre 48 féminicides en 2022, contre 45 en 2021 et 43 en 2020. Un paradoxe dans un pays considéré modèle en la matière.
Un meurtre horrible a frappé l’Espagne en pleines fêtes de fin d’année. À Escalona, dans la province de Tolède, une homme d’une quarantaine d’années a poignardé sa femme qui était enceinte de neuf mois et qui était sur le point d’accoucher, rapporte notre correspondant François Musseau. C’est leur fille qui a dénoncé le crime en appelant le 112, le numéro disponible 24 heures sur 24 en Espagne pour dénoncer les meurtres machistes.
À Madrid, presque au même moment, une jeune femme de 21 ans était tuée par son ancien compagnon, poignardée elle aussi. À Benidorm, une autre jeune femme mourait, poussée du sixième étage par son fiancé.
« Une tragédie sociale »
La presse parle d’un décembre noir pour les femmes. Un mois terrible, alors que l’Espagne a sans conteste la législation la plus avancée du monde en la matière. C’est la loi dite intégrale contre la violence conjugale qui met à disposition psychologues, policiers et magistrats dès lors qu’une plainte est déposée via des appels téléphoniques reçus par des centaines de fonctionnaires.
Depuis 2008, le nombre de victimes est globalement en baisse. C’est pourquoi la hausse de cette année inquiète et provoque l’indignation sans faille de toute la classe politique, qui appelle à redoubler d’efforts pour en finir avec ce fléau. « La série de crimes épouvantables survenus ce mois-ci fait naître en nous un sentiment de profonde frustration », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, évoquant une « tragédie sociale » qui doit servir à « éveiller les consciences ».
