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THIERNO ALASSANE SALL, PRESIDENT REPUBLIQUE DES VALEURS (RV) «Nous sommes à des heures graves…»

L’ancien ministre de l’Energie thierno Alassane Sall, président du mouvement politique la république des valeurs (rv) n’a pas été tendre hier avec le pouvoir. C’était lors d’une rencontre avec le front Fippu/ Jog JotnA, qui mène la bataille contre le parrainage. « nous sommes à des heures graves car un seul individu croit disposer de nos libertés, de notre avenir et … … », a-t-il notamment déclaré, non sans flétrir la proposition de loi sur le parrainage.

La plateforme FIPPU/ JOG JOTNA, mise en place à Thiès par les jeunes d’une vingtaine de partis politiques, de mouvements sociaux, d’acteurs de la société civile et de personnalités indé- pendantes, était l’hôte hier de l’ancien Ministre Thierno Alassane Sall, par ailleurs Président du mouvement République des Valeurs (RV). A cette occasion, ce dernier a flétri le chef de l’Etat et rejeté avec force le projet de loi sur le parrainage. « Nous sommes à des heures très graves, car un individu seul croit disposer de nos libertés, de notre avenir et croit pouvoir décider seul à notre place, à quelques encablures des élections en modifiant les règles du jeu, rien que pour procéder à une élimination d’adversaires», accuse-t-il. C’est pourquoi dit-il, la plateforme mise en place par les jeunes est venue à son heure et il convient de saluer l’esprit de résistance et de mobilisation des Thiessois et particulièrement de la jeunesse et de toutes les classes d’âge de Thiès, ville de refus, d’honneur et de dignité qui a su toujours être présente aux grands rendez de l’histoire du Sénégal. A l’en croire, c’est parfois à partir de Thiès que le Sénégal a vibré. « Le parrainage n’est pas une exigence démocratique pour améliorer le fonctionnement d’une démocratie bancale. Il y a bien des choses qui ne fonctionnent pas dans notre démocratie comme les cartes électorales que les populations n’arrivent pas à avoir, la commission électorale nationale indé- pendante (CENA) qui est morte de sa belle mort, les élections législatives qui ont été organisées dans des conditions scandaleuses, l’utilisation massive de l’argent. Toutes ces questions sont beaucoup plus importantes que le parrainage. Des intellectuels et quelques spécialistes nous disent que le parrainage existe ailleurs, pour rendre égaux les candidatures indépendantes aux candidatures des partis politiques. Qu’ils sachent que sans les partis politiques, il n’y aurait pas de démocratie. Les partis participent à l’exercice et à la vitalité de la démocratie au quotidien. Ce sont les partis politiques qui sont dans les villages, dans les villes, participent à l’éducation des militants, à leur formation. On ne peut pas mettre sur le même pied ceux qui ont des sièges, qui vont dans les débats chaque jour, qui font des propositions à des gens qui sont venus aux vingt cinquième heures, même s’ils apportent également leur contribution. Dans ce cas, on n’a qu’à fermer les partis politiques et attendre que les élections viennent», dit-il. De l’avis du Président de la République des Valeurs, qui était entouré de son staff politique, la démocratie c’est d’abord les partis politiques et réduire les partis politiques à des histoires de suffrages et les égaliser à des candidatures indépendantes relève d’un précédent extrêmement dangereux pour notre démocratie. Et c’est pourquoi dit-il, la naissance de cette plateforme doit être saluée, encouragée et l’exemple de Thiès doit faire tache d’huile dans toutes les autres villes du Sénégal. Au-delà des questions électorales dit-il, il est temps qu’on arrête qu’un individu, une seule personne puisse disposer de nos ressources comme elle l’entend, disposer de nos aéroports, de nos terres et les donner à qui il veut, sans aucun contrôle. « Nous invitons les plateformes de ce genre à maintenir, à revivifier l’esprit des assises nationales et faire en sorte qu’au-delà du 19 avril, que ce soit un mouvement de reprise en main de notre souveraineté nationale pour que le peuple ait le contrôle sur sa justice, son assemblée nationale, son économie, son école, etc. ». D’après lui, une telle maîtrise permettra au peuple de choisir par exemple de ne pas laisser le chemin de fer mourir en prenant l’option d’un Train Express régional (TER) ou la construction d’un Palais présidentiel à Diamniadio. « Ce sont ces questions graves auxquelles les sénégalais sont confrontés qui sont importantes » affirme Thierno Alassane Sall. Il a par ailleurs assimilé le Secrétariat exécutif national de l’Apr à une chambre d’enregistrement au profit du Président de la République. « J’en sais quelque chose car j’étais là- bas », confesse l’ancien patron des cadres républicains. «Nous n’acceptons pas de faire des reculs démocratiques de plusieurs décennies. En mars 2016, le Président avait dit que la Constitution qu’on l’a laissée faire tout seul était parfaite. Il faut donc aller dans le sens de la reprise des propositions de la commission nationale de réforme, et faire en sorte que les pouvoirs significatifs du Chef de l’Etat soient réduits car à l’heure actuelle, il a droit de vie ou de mort sur nous, il peut emprisonner qui il veut et libérer qui il veut. La justice doit être indépendante, l’Assemblée souveraine pour nous dire que sont devenues nos ressources pétrolières, pourquoi notre aéroport a été confié à une entreprise qui n’a pas soumissionné en appel d’offres »