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SUR PRESSION DU PRESIDENT ABDEL AZIZ: Des rappeurs mauritaniens menacés d’expulsion du Sénégal

Le Disk-jockey (Dj) du groupe de rap Mauritanien «Ewlad Lebled» dont les tubes très engagés et virulents contre le régime de leur pays, donnent des insomnies au président Mohamed Ould Abdel Aziz a été arrêté samedi dernier à son domicile à la Cité Keur Gorgui à Dakar.

Selon des sources proches de la Division des investigations criminelles (Dic) qui a procédé à son interpellation, le concerné a été relâché. Les policiers sont intervenus pour le compte de la Direction de la Police des étrangers et des titres de voyage (Dpetv). Il s’agissait juste d’une procédure administrative, a minimisé notre interlocuteur. Mais le conseil des Mauritaniens, Me Khoureychi Ba, ne semble pas prendre cette affaire à la légère. Loin de là. Les rappeurs estampillés comme opposants du régime de Ould Abdel Aziz devaient se rendre ce matin à 9 heures au Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr) pour régulariser leurs situations de refugiés politiques au Sénégal. Les autorités sénégalaises qui auraient pris des engagements avec la Mauritanie semblent vouloir profiter de cette situation d’ «irrégularité» pour mettre la main sur les rappeurs. Craignant des représailles d’Abdel Aziz, ils se sont réfugiés au Sénégal depuis 2015. Une équipe de tireurs d’élites aurait été envoyée pour les liquider physiquement, à en croire l’avocat en 2016. Mais les rappeurs, qui font des tournées en Europe et ailleurs continuent de dénoncer les magouilles du régime avec des documents à l’appui dans leurs clips. Dans ces derniers, ils présentent des documents sonores, des factures, des vidéos pour étayer leurs paroles, explique Me Khoureychi Ba. Ils sont trois musiciens, avec un Dj et un responsable de la communication. «En réalité, si le Dj a été relâché, c’est pour piéger les autres membres du groupe et les arrê- ter. Le Hcr est de bonne foi, mais il ne peut garantir ce qui se passe à l’extérieur. On peut les arrêter à l’entrée du Hcr. Ils peuvent faire comme pour Kémi Séba. La loi dit qu’il faut notifier l’expulsion et donner deux mois au concerné avant de le faire expulser, mais les autorités ne respectent rien. Il y a une loi sur la Cour suprême qui règlemente l’expulsion des étrangers, ils violent les textes. Le Président Mauritanien a donné des gages de bien les traiter, il a dit qu’ils sont ses enfants, mais ce n’est pas sûr. Le Président du Senat les a aussi rencontrés ici. Ould Aziz fait tout pour s’entendre avec les rappeurs, mais ils refusent. Les demandes ont été déposées depuis deux ans. Mais, on remet toujours au lendemain. On a fait du chantage en passant par des Karimistes établis là-bas… Bref, on attend de voir, de toutes les façons, je ne vais pas prendre le risque de laisser mes clients se faire arrê- ter», prévient l’avocat qui soupçonne le régime de vouloir les extrader vers la Mauritanie.

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