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La Tunisie à la veille d’un référendum constitutionnel crucial pour l’avenir du pays

La Tunisie organise un référendum sur la nouvelle Constitution lundi 25 juillet, quelques mois à peine après son annonce mi-décembre par le chef de l’État ainsi que celle des élections législatives en fin d’année. Le texte, qui doit remplacer la Constitution de 2014, vise à accorder de vastes pouvoirs au président. 

Dans un hôtel de l’avenue Bourguiba, dans le centre-ville de Tunis, le réseau Mourakiboun se prépare pour l’observation du scrutin et présente déjà des conclusions sur le processus ayant conduit au vote. L’organisation note par exemple que le texte soumis à référendum a été publié le 30 juin, soit quelques jours seulement avant le début de la campagne. Ce qui n’a laissé que peu de temps aux parties prenantes pour se positionner. Deux légères modifications ont ensuite été apportées au texte par le président Kaïs Saïed. 

Mourakiboun regrette également le délai très court, moins de trois mois entre la nomination des nouveaux membres de l’instance électorale choisis par le président et l’organisation du scrutin.

Manifestation

Le vote se tient le 25 juillet, date de la fête de la république tunisienne, et un an jour pour jour après la suspension du Parlement, dominé par le parti Ennahdha, par le chef de l’État. Certains observateurs notent qu’il avait fallu plus de deux ans pour élaborer la Constitution de 2014, en raison des débats qui avaient entouré le texte. Cette fois, le processus a été lancé en début d’année, avec une consultation populaire en ligne qui n’avait recueilli que peu de participation.

Samedi matin, une nouvelle manifestation a eu lieu dans le centre-ville de Tunis, à l’appel de la coalition d’opposition Front du salut national. Selon les organisateurs, plusieurs centaines de personnes y ont pris part et ont demandé le départ du président.

« L’archétype du président populiste »

Kaïs Saïed bénéficie toutefois encore de nombreux soutiens, au sein de la population tunisienne, comme l’explique l’historienne franco-tunisienne et spécialiste de la Tunisie, Sophie Bessis : « Depuis le coup de force du 25 juillet 2021, l’opinion tunisienne est extrêmement divisée. Une majorité de la population soutient le président Kaïs Saïed pour une raison assez simple : un discours populiste porte toujours. Or, nous sommes avec le président Kaïs Saïed dans l’archétype du président populiste qui marche : éradication de la corruption, discours complotiste… Beaucoup de gens le soutiennent parce qu’il a affaibli et exclu du jeu politique le parti Ennahdha, sans vouloir comprendre que ce que Ennahdha n’avait pas réussi à faire en 2012-2013, accroître le pouvoir religieux dans la législation tunisienne, le président Kaïs Saïed est en train de le faire. »

Pour l’universitaire, il existe aujourd’hui un risque de dérive qui enterrera définitivement les acquis de la révolution de 2011.

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