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CONTRE LES DÉRIVES DU COMMUNAUTARISME

° Raffermir la cohésion sociale ° Consolider l’unité nationale ° Repenser la politique au Sénégal

° RAFFERMIR LA COHÉSION SOCIALE
° CONSOLIDER L’UNITÉ NATIONALE
° REPENSER LA POLITIQUE AU SÉNÉGAL

L’alerte est sérieuse et gravissime. Elle étonne venant d’un acteur politique qui avait réuni autour de son nom et de son projet de société une frange significative d’électeurs lors de la dernière présidentielle de 2019. Cet acteur, qui a beaucoup de partisans dans le peuple des réseaux sociaux, chez certaines franges importantes de notre jeunesse et chez certains de nos cadres (adeptes du changement à tout prix), a fait récemment une sortie tragique et décevante, d’abord pour son propre camp et ensuite pour le peuple sénégalais tout entier.

Face à une levée massive de boucliers, venue de partout (majorité, opposition société civile, personnalités indépendantes), il n’a trouvé comme parade que la récidive plutôt défensive en répétant sa terrible phrase caractéristique du discours des «  identités meurtrières  »  : « Macky Sall n’aime pas la Casamance et les Casamançais ! » Est-ce à dessein ou par mauvais calcul politique que cet acteur politique a décidé de tomber le masque et de révéler une face jusque-là pas très connue de sa personnalité politique? Le plus grand mérite du Président poète Léopold Sédar Senghor, dit-on souvent, est de nous avoir fait dépasser le statut de « terre de tolérance ethnique et religieuse », pour nous octroyer le statut si privilégié et si enviable en Afrique de « terre d’harmonie ethnique et religieuse ». Ce statut trouve ses fondements dans les liens millénaires, structurels, indestructibles et inaliénables qui ont soudé les régions, les espaces linguistiques et les royaumes et terroirs d’antan de notre beau pays.

 RAFFERMIR LA COHÉSION SOCIALE

Les Présidents Diouf, Wade et Macky Sall, viscéralement attachés à de tels acquis, ont tous incontestablement veillé à cette belle harmonie de notre société et à ce statut privilégié de notre pays en Afrique. Senghor, Sérère bon teint, revendiquait haut et fort ses liens avec les « Bocoum » Haal Pulaar de par sa mère «  Bakhoum ». Son alter-ego, l’illustre Mamadou Dia, est un pur métis, de père Pulaar et de mère Sérère. Le Président Abdou Diouf est lui resté une belle énigme sénégalaise. De nom patronymique typiquement sérère, de parents Haal Pulaar et Wolof, il est resté simplement un « Sénégalais par excellence » à l’ethnie presque indéfinissable.

Le Président Abdoulaye Wade a fièrement affiché son socle Wolof et ses origines peules et mandingues. Le Président Macky Sall, de famille Haal Pulaar, mais authentique fils de Fatick, est pétri de culture sérère, maniant parfaitement la langue des Buur Sine, la langue de Kocc, de même que celle de ses ancêtres Fulbé. L’opposant, communautariste affiché et désormais assumé, est parfaitement conscient de cette beauté majestueuse du peuple sénégalais, peuple de symbiose (un vrai melting pot) qui absorbe avec fierté les apports fécondants de tous bords, en étant fondamentalement pluriethnique et profondément métissé.

Comment alors ce Monsieur, qu’on savait du reste très peu enclin au langage courtois, mesuré et déférent, si caractéristique de la finesse et de la retenue de l’ADN de nos compatriotes de tout bord et de toute origine, a-t-il pu se lancer dans cette dérive langagière rarement égalée chez les hommes politiques sénégalais ? Nous sommes certain que beaucoup de ses partisans, eux-mêmes éminents patriotes sénégalais, sont restés bouchebée devant la terrible diatribe contenue dans sa sortie outrancière et ouvertement communautariste. Ce sont là les raisons que expliquent que nos compatriotes toutes tendances confondues sont unanimement choqués, déçus et outrés par ses accusations très graves et absolument non fondées contre le Président Macky Sall.

CONSOLIDER L’UNITÉ NATIONALE

Sans surprise, les accusations de cet acteur politique hors du commun en disent plus sur lui et son état psychique que sur le Président Macky Sall. Il puise désormais dans sa capacité à fabriquer sa propre réalité qui devient sa « réalité alternative  », nouveau courant politicophilosophique incarné de façon grotesque par un certain Trump qui chaque jour citait des « faits et des réalités » qui n’étaient connus que de lui et qui n’existaient que dans son imaginaire si fertile ! Quand Macky Sall est salué par les populations casamançaises pour ses réalisations infrastructurelles massives et sans précédent dans l’histoire de la Casamance et de la région de Ziguinchor en particulier, cet opposant fabrique une perception qui lui est personnelle et qui est contraire à celle de l’écrasante majorité des populations du Sud de notre pays. Macky Sall, en vérité, ne «  rivalise  » qu’avec un certain …

Sadio Mané, parmi les Sénégalais qui ont le plus honoré récemment la Casamance en portant son nom très haut ou en la comblant de discrimination positive en matière de réalisation d’infrastructures (routes, bateaux, ponts, aéroports, divers projets d’aménagements agricoles et projets d’équité territoriale, etc.)! Bien sûr si beaucoup a été fait, il reste encore à approfondir et à élargir les acquis comme pour la région naturelle de Tambacounda (qui fait presque le tiers du Sénégal) ou la région du Fleuve dont l’immense potentiel est encore à valoriser pleinement. Plus étonnant encore est le fait qu’un acteur politique qui fait souvent référence au «  Panafricanisme  », donc en principe résolument opposé à la balkanisation de l’Afrique, puisse sans retenue surfer sur le discours du communautarisme et des « identités meurtrières » promu par tous les séparatistes africains. Ces discours sont limpides et identiques : « ma région est délaissée et méprisée! », « mon ethnie est stigmatisée et combattue !», « ma langue est ostracisée et marginalisée !»

Cet acteur politique est-il conscient que les doléances et récriminations de toutes les régions périphériques des états africains sont presque identiques. Elles portent toutes sur la lenteur de leur développement infrastructurel et leur faible prise en compte par les politiques publiques dans la délivrance des services de base (sécurité alimentaire et agriculture, éducation et santé, énergie et industrialisation, environnement et protection de la nature…), contrairement à la capitale qui, dans certains pays, concentre l’essentiel des réalisations étatiques et parfois plus de 80% des richesses nationales, y compris celles produites dans les régions les plus éloignées du centre. Si adossé à une telle frustration, au demeurant légitime, certains leaders politiques choisissent d’activer « leurs réalités alternatives  » et d’attiser la haine ethniciste ou régionaliste, le résultat serait à terme l’hyper-balkanisation de l’ Afrique.

En plus des nombreux états déjà existants que l’illustre savant panafricaniste Cheikh Anta Diop accusait déjà d’être « non viables », l’Afrique serait bientôt composée de 70 à 80 états difficilement viables. Ce qui équivaut à une condamnation à mort de tout «  grand destin pour l’Afrique » qui passe évidemment par les États-Unis d’Afrique ! Le meilleur acte de contrition et de rédemption pour cet opposant serait de demander pardon au peuple sénégalais, à la Casamance et à la classe politique dans toutes ses composantes. Ce faisant, il donnerait un signal fort à ses partisans pour qu’ils renoncent à la nouvelle culture politique que lui-même a introduite au Sénégal, faite essentiellement de « containers d’injures », de menaces et de terrorisme du Net. Tous les leaders politiques qui ne partagent pas sa vision en ont fait l’amère expérience. Ses partisans s’intéressent peu à vos idées ou à votre vision. Ils pensent les freiner ou les détruire par des insultes et menaces contre votre personne.

REPENSER LA POLITIQUE AU SÉNÉGAL

Ceci nous amène à plaider la nécessité de « Repenser la politique au Sénégal ». Le style de Monsieur Sonko et de ses partisans a cassé tous les codes de la bienséance politique, de la tenue et de la retenue dans la confrontation politique et citoyenne. Le regretté Amath Dansokho nous a pourtant laissé un legs politique et éthique inestimable: «  adversaires oui, ennemis jamais ! ». En effet, comment peut-on conquérir le cœur et l’esprit de nos compatriotes en jetant dans la bataille politique une armée d’insulteurs, de véritables miliciens qui, pour l’instant n’utilisent pas des machettes, mais des claviers d’ordinateurs contre toute pensée divergente. Leur leader les a surement inspirés et encouragés par ses terribles déclarations récentes : «  Nous pouvons mobiliser 200.000 jeunes et aller au Palais déloger Macky Sall  !  », «  Si vous cassez leurs maisons vous trouverez les milliards volés ! »

Ces excès, symptomatiques d’un naufrage indéniable de pans entiers de la classe politique contemporaine, ont beaucoup à voir avec les « responsabilités désertées » que dénonçait fort justement Feu le grand philosophe et politologue Hamidou Dia. Ces dérives ont aussi à voir avec le silence assourdissant des Intellectuels (avec un I majuscule), à côté des grandes renonciations à l’engagement politique ou citoyen d’hommes et de femmes pétris de valeurs et dont regorge en abondance la patrie de Cheikh Anta, Senghor, Mamadou Dia, Majmout Diop, Alioune Diop, David Diop, valdiodio, Doudou Thiam, Émile Badiane, Obeye Diop, Ousmane Socé, Abdoulaye Ly, Mactar Mbow, Assane Seck, Cheikh Hamidou Kane, Birago Diop, Aline Sitoe Diatta, Adja Rose Basse, Mariama Ba, Annette Mbaye, Omar Blondin, Sembène Ousmane, Douta Seck, Doudou Ndiaye Rose, Bocar Diongue, Ibou Diouf, Ousmane Sow, Djibril Mambéty, Laba Socé, Abdoulaye Wade, Amadou Aly Dieng, Iba Der, Sémou Pathé, Amath Dansokho, Babacar Sané, Mbamba Guissé, Babacar Sine, Babacar Touré, Hamédine Racine, Moussa Seck et bien d’autres illustres fondateurs du prestige politique et intellectuel de notre belle nation (encore en construction)…

On n’oublie pas bien sûr la longue liste de nos illustres guides religieux, intellectuels hors pairs, Princes incontestés de l’Islam ouest-africain et mondial. Dans les années 80 et 90, nous avions participé à beaucoup de confrontations politico-intellectuelles de très haut niveau. Dans mes échanges de textes, parfois vigoureux, avec mes ainés  : le respecté Doyen Amadou Aly Dieng, l’éminent Professeur Iba Der Thiam ou avec le grand Technocrate Ousmane Tanor Dieng (tous les trois devenus par la suite des amis, des aînés et même des protecteurs), il n’a jamais été question d’attaques ou d’insultes contre leur personne mais d’une opposition à certaines de leurs idées jugées problématiques par nous..

En conclusion, nous invitons cet acteur politique à garder à l’esprit que son pays, le Sénégal, est un pays envié, convoité et surtout scruté par les Mouvements Jihado-Terroristes. Ces derniers tapent à la porte de tous les pays de la façade maritime de notre région. Seul un sursaut de cohésion sociale, d’attachement sans faille à l’unité nationale et la volonté de repenser la politique et de refonder le débat intellectuel de qualité, peuvent constituer un rempart inexpugnable contre les menaces du terrorisme et les manœuvres insidieuses des multinationales du pétrole, du gaz, des ressources minières et contre tous les autres spécialistes de la déstabilisation de nos états. Autrement, cet acteur politique, accepté comme « leur leader » par des ténors respectés de l’opposition, risque de subir la sentence solennelle de l’académicien Maurice Druon : « Les tragédies de l’Histoire révèlent les grands hommes, mais ce sont les médiocres qui les provoquent ! » A lui de choisir «  le camp des médiocres » prêts à la tragédie des machettes et des guerres civiles pour assouvir leur appétit brûlant du pouvoir ou bien «  le camp des grands hommes » bâtisseurs du vivre ensemble, de la cohésion sociale et nationale, dans la perspective d’une Afrique unie. Prions qu’ils optent sans hésitation pour le bon camp !

Dr. Cheikh TIDIANE GADIO,
Président du Mpcl- luy jot jotna
Membre de la coalition Bby