A la UneEconomie

FINANCEMENT DES ECONOMIES AFRICAINES : Vibrant plaidoyer de Macky Sall pour revoir les mécanismes

ECONOMIE : Le Président de la République, par ailleurs, président de l’Union africaine (UA) a plaidé hier, pour une révision des mécanismes de l’économie mondiale en les adaptant aux réalités africaines. C’était à l’ouverture de la 54eme conférence des ministres africains des finances de la Commission économique pour l’Afrique ce lundi 17 mai 2022 à Diamniadio.

« L’économie africaine se trouve dans état de fatigue générale ».  C’est le cri d’alarme lancé hier, par Macky Sall, en ouvrant hier, la 54e session de la conférence des ministres des économies et des Finances africains qui se tient du 11 au 17 mai 2022 au Centre International Abdou Diouf de Dakar. « Aujourd’hui, tout le monde est d’accord que les conditions actuelles, les paramètres qui permettent la gouvernance économique mondiale sont dépassés et inadaptés à la réalité. », a constaté pour le déplorer Macky Sall, par ailleurs, président de l’Union africaine, et chef de l’État du Sénégal,  pays hôte de la COM2022. Le président Sall a ainsi invité les ministres africains en charge des finances, de l’économie et de la planification à défendre les « positions de l’Afrique auprès des institutions internationales ». « Il y a le plaidoyer politique des chefs d’État mais il y a la défense des positions de l’Afrique devant ces institutions internationales dont vous avez la charge vous, ministres des Finances, de l’économie et de la planification. » a lancé Macky Sall. 

MACKY SALL : «  LES ECONOMIES AFRICAINES SONT DANS UNE FATIGUE GENERALE »

« Je sais que vous êtes aussi sensibles que nous sur les pressions parce que, hélas, on vous prend à Washington, au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale. On vous dit faites ceci, faites cela sinon on ne décaisse pas», regrette M. Sall, avant de répéter que les économies africaines sont dans un état de « fatigue générale ». 
 « Le moins que l’on puisse dire est que nos économies sont dans un état de fatigue générale dont hélas nous ne mesurons encore ni l’ampleur ni la durée. Et c’est là le problème», fait-il savoir. Pour lui, on ne peut pas, aujourd’hui, faire des projections. « Parce que, personne ne sait quand est-ce que cette crise va s’arrêter. On avait commencé à parler de l’économie post Covid-19 et voilà que la guerre en Ukraine, avec ses conséquences sur la planète entière et surtout sur l’Afrique, va définitivement, de par ses impacts, compromettre totalement toute perspective de reprise économique », a expliqué Macky Sall. 
« Toutes les solutions qui ont été préconisées avant sont, aujourd’hui, aux oubliettes », a déploré encore  le président en exercice de l’Union africaine. C’est pourquoi, dit-il, il est nécessaire pour l’Afrique d’élever la voix, de faire porter sa voix, non seulement par les chefs d’État mais aussi par les ministres des finances, du plan et de l’économie qui sont nos représentants auprès des instructions internationales. Macky Sall a, dans foulée, manifesté son désaccord au fait que les cibles de déficit sont dictées à l’Afrique. « A quoi bon donc continuer à imposer à l’Afrique de respecter des cibles de déficit dans une double crise aussi grave de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine avec ses impacts sur l’Afrique, de nous dire vous ne pouvez pas dépasser un déficit de 5%; 6%. Ça n’a pas de sens aujourd’hui par rapport à la réalité de nos pays», a estimé Macky Sall. 

PLAIDOYER DE MACKY SALL POUR UNE JUSTICE FISCALE

Par ailleurs, le président de la République, Macky Sall, a souligné, la nécessité de mettre un terme aux congés fiscaux induits dans le secteur extractif afin de renforcer le financement des économies africaines. «L’autre enjeu de financement des économies africaines réside dans la justice fiscale notamment dans le secteur extractif, mines, gaz, en mettant fin aux congés fiscaux induits, Holiday taxe », a-t-il déclaré lors de l’ouverture officielle de la 54e Conférence des ministres africains de l’Économie et des Finances (COM2022). «Comme partout ailleurs, l’exigence du paiement de l’impôt là où la richesse se crée, doit être effective en Afrique. Si, on nous paie les taxes dus, on n’aurait même pas besoin de l’aide publique au développement. C’est un enjeu de plusieurs milliards par an, une opportunité de croissance et de prospérité pour nos pays », a souligné M. Sall. Sur un autre registre, le président de la République a souhaité une « amélioration » des services publiques des finances  comme les Douanes et les Impôts. Dans la foulée, Macky Sall a rendu hommage à l’administration fiscale sénégalaise et au Trésor dont le travail avait permis au Sénégal de faire passer de 2.200 milliards de francs CFA en 2012 à 5.500 milliards de Francs CFA en 2022. 

Évoquant,  les impacts de la covid-19 et la guerre en Ukraine en Afrique, Macky Sall estime qu’ils vont compromettre totalement toutes perspectives de  reprise économique.  « Toutes les solutions qui ont été préconisées avant aujourd’hui sont aux oubliettes », a regretté M. Sall. 

Ce dernier a profité de la tribune de la COM2022 pour dénoncer le taux très faible de Droits de Tirage Spéciaux (DTS) accordés à l’Afrique. Pour lui, il faut des mesures urgentes et qui passeront forcément par la levée des verrous qu’imposent les schémas classiques sur le décaissement de fonds.  « On ne peut dire qu’on ne dépasse pas 5% des DTS.  Cela n’a aucun sens, aujourd’hui par rapport à la réalité de nos pays. Nous demandons l’effectivité de nos DTS et 5% pour l’Afrique pose problème. Les règles sont injustes et dépassées », a dénoncé Macky Sall.

Abdoulaye DIAO