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NUTRITION : Le niébé, une alternative pour remplacer le blé en Afrique sub-saharienne?

CONSOMMATION : La guerre en Ukraine provoque un séisme sur le marché international du blé. La Russie étant le premier exportateur mondial de blé, l’Ukraine le quatrième. Et pour les pays africains qui importent des céréales, le prix est un enjeu majeur. Beaucoup d’entrepreneurs proposent des alternatives à la farine de blé et des produits de substitution. 

Au Cameroun, Annie Estelle Adiogo utilise le niébé, haricot local pour en tirer une farine de pâtisserie ainsi que des pâtes alimentaires. En 2020, l’ingénieure agronome a lancé Glim Africa, une PME qui valorise la transformation du niébé. 

« C’est un haricot qui est connu sous le nom de « haricot magique d’Afrique ». C’est un haricot des terroirs qui s’est diffusé partout dans le monde, notamment en Europe, au Portugal où il est consommé. Il est riche en protéines végétales et constitue un excellent substitut pour une alimentation avec moins de viande. » 

Dans ses ateliers de Yaoundé, Annie Estelle Adiogo tire toute une gamme de produits à partir du niébé et notamment une farine. « On la propose à la vente pour faire différents produits, des produits traditionnels comme le koki, mais aussi pour faire différents produits de boulangerie, de pâtisserie,ajoute l’ingénieure. Sinon, on l’utilise également comme matière première pour faire des pâtes. »

La farine de niebé plus chère que la farine de blé

L’idée de proposer des pâtes alimentaires à base de niébé répond à plusieurs attentes de la société camerounaise. « On importe beaucoup de matières premières pour nourrir les villes ici au Cameroun. Car les gens n’ont pas le temps de cuisiner. Et il y a des savoir-faire venus d’ailleurs qui ont permis d’arriver à des aliments pratiques. Notamment les pâtes, le riz, le pain qui font vraiment partie des bases de l’alimentation,affirme Annie Estelle AdiogoEt je me suis dit que l’on pouvait s’inspirer de ces savoir-faire déjà connus et les adapter à nos cultures locales. Permettre aussi à l’agriculture locale de pouvoir se développer. Et je suis vraiment contente, car quand on va à la rencontre des agriculteurs, ils nous disent : « On a hâte de voir si ça marche parce que cela nous permettrait de planter. » Ils ne manquent pas d’espace, mais plutôt d’opportunité pour écouler leur produit».

Glim Africa espère s’imposer dans les assiettes des classes moyennes urbaines avec une gamme de produits allant des pâtes alimentaires, à la semoule de niébé, en passant par les farines pâtissières. Mais le défi est de taille car la farine de niébé est trois à quatre fois plus chère que la farine de blé.

Pour Annie Estelle Adiogo, le développement de la filière et l’industrialisation de ses procédés – encore artisanaux – pourraient faire considérablement diminuer les prix et rendre le niébé encore plus attractif.

TOUTINFO.NET (avec RFI)