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PRESIDENTIELLE AU KENYA:  LE  PRESIDENT KENYATTA  AU POUVOIR BAT CAMPAGNE POUUR LE LEADER DE L’OPPOSITION

POLITIQUE : Le Kenya affiche actuellement un niveau de maturité politique peu fréquent, où le leader de l’opposition est soutenu dans l’élection à venir par le président sortant et le parti au pouvoir. La volonté de poursuivre une gouvernance dans la paix est le principal argument.

Les observateurs de la vie politique kényane assistent à une situation inhabituelle où le président en exercice mène la campagne pour son adversaire historique et leader de l’opposition. Uhuru Kenyatta qui ne se présentera pas à l’élection présidentielle d’août prochain a apporté son soutien à Raila Odinga qu’il a vaincu lors des deux dernières présidentielles, et fait campagne pour lui.

« Réunir le Kenya est une bataille que nous devons mener et gagner. Je prie pour que tous les Kényans se joignent à cette noble cause. Les nations ne progressent pas à cause d’un changement de garde d’un président à un autre ou d’un changement de pouvoir d’un parti à un autre. Il faut un leadership, une foi dans le pays, une vision et du courage pour vendre la vision de l’unité, et c’est ce qui se passe aujourd’hui », a-t-il fait savoir, alors qu’il s’exprimait à l’occasion de la Convention nationale des délégués du Mouvement démocrate orange (ODM) de Raila Odinga, aujourd’hui âgé de 77 ans, et perdant de trois élections présidentielles en 2007, 2013, et 2017.

Le président Kenyatta désavoue ainsi son vice-président William Ruto qu’il qualifie de « missile incontrôlable ». Ce dernier a aussi été désavoué par le parti au pouvoir Jubilee, dont il est membre, et qui soutient le projet de grande alliance politique dénommée Azimio regroupant en plus du parti d’Ondiga, le Wiper Democratic Movement et le parti historique Kenya African National Union qui a dirigé le pays durant 40 ans, après l’indépendance.

« Il n’y a rien de mal à avoir de l’ambition. Un homme ou une nation qui n’a pas d’ambition n’ira nulle part, mais l’ambition doit être contrôlée », a-t-il déclaré aux délégués de Jubilee et aux dirigeants de divers partis politiques qui se sont réunis au Kenyatta International Convention Centre pour leur convention nationale.

C’est en 2018 que Raila Odinga a accepté de faire la paix avec Uhuru Kenyatta, évitant ainsi au Kenya de plonger dans un nouveau cycle de violences sociales. Lui aussi a, à chaque fois, critiqué le processus électoral à la suite de ses défaites. On ignore ce que les deux leaders se sont promis. M. Odinga a déjà commencé une tournée avec des pays partenaires comme l’Inde, qui concentre une forte communauté de ses ressortissants dans le pays d’Afrique de l’Est.

Le soutien du président kényan à son ancien adversaire semble reposer sur le fait que ce dernier a permis au Kenya de vivre dans la paix. Uhuru Kenyatta l’a rappelé lors d’un rassemblement dans son fief. « La personne à qui je remettrai le pouvoir, et vous le connaissez tous, et vous avez mentionné son nom, héritera d’une économie de 13 000 milliards de shillings (114,3 milliards $). Je ne peux pas prendre le risque de passer le relai à quelqu’un qui ne s’occupera pas de cette économie, et je le dis ici sans crainte. Je vais passer la main à cette personne, celle que vous connaissez tous », a-t-il déclaré.

Dans une Afrique où plusieurs coups de force ont marqué ces dernières années la vie politique de plusieurs pays, notamment en Afrique de l’Ouest, l’exemple kényan est une preuve de maturité politique qui fera date, comme ce fut déjà le cas en 2017, lorsque la Cour constitutionnelle a annulé les élections à la demande de l’opposition.

TOUTINFO.NET (avec Ecofin)