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Primaire LR: comment le chien Douglas et des personnes décédées ont pu voter

POLITIQUE : Un chien nommé Douglas était inscrit sur la liste des adhérents du parti LR, comme le dévoile « Libération ».

Lors de la primaire de la droite, organisée par le parti Les Républicains en novembre 2021, d’étranges votants se sont retrouvés inscrits sur le fichier des encartés du parti de la droite.

Dans une enquête dévoilée ce mercredi 23 février sur son site, Libération dévoile les étranges manœuvres survenues lors de ce scrutin, lesquelles remettent en doute le résultat de la primaire remportée par Valérie Pécresse.

Contrairement à 2016 et son scrutin ouvert à tous, Les Républicains avaient décidé de changer de méthode pour désigner son candidat à l’élection présidentielle 2022, en proposant un vote ouvert uniquement aux adhérents du parti de la droite.

Au cours de son enquête, Libération a pu accéder au -très secret- fichier des adhérents LR ainsi qu’à plusieurs témoignages qui mettent en lumière la présence de personnes sans lien avec le parti, des personnes décédées, voire même inexistantes. Plus étrange encore, un chien se trouve parmi les inscrits pour voter à la primaire.

Douglas, un encarté politique qui a du chien

Parmi les irrégularités découvertes lors de cette enquête, les journalistes de Libération notent la présence d’un certain Douglas, “un militant discret” dans les fichiers du parti. Derrière ce qualificatif se trouve en réalité le chien d’un adhérent du parti LR de Provence-Alpes-Côte d’Azur et pro-Eric Ciotti.

Sous couvert d’anonymat, il a expliqué la démarche qu’il l’a poussé à inscrire son ami canin pour voter à la primaire: “J’ai fait avec ce que j’avais sous la main”, explique-t-il au journal, avançant le fait qu’il s’agissait avant tout d’un test “pour voir si c’était faisable”.

Comme le précise le journal, sur les 148.862 adhésions recensées au 16 novembre 2021, 157 ont été jugées irrégulières et exclues du corps électoral, mais pas Douglas, qui a visiblement échappé à la surveillance du parti.

Le cas de Douglas semble être un exemple parmi d’autres. L’enquête révèle par ailleurs que certains inscrits auraient tout simplement voté pour rendre service à une connaissance, laissant planer le doute sur l’intention frauduleuse de certaines démarches, tandis que d’autres semblent plutôt venir d’initiatives solitaires, comme pour Douglas.

Le journal note aussi la présence de plusieurs personnes inscrites mais pourtant décédées avant le moment de leur adhésion. C’est par exemple le cas d’une certaine Françoise M., décédée en novembre 2019 mais inscrite comme adhérente depuis le 29 octobre dernier.

Deux autres cas de personnes décédées mais inscrites sont soulignés par Libé. LR assure que ces personnes n’ont pas pu voter puisqu’il “faut un numéro de téléphone”. Le quotidien maintient de son côté qu’un numéro de portable était bien associé à certains défunts.

Un lobbying auprès de communautés asiatiques

Autre bizarrerie, la présence d’un grand nombre d’adhérents de nationalité étrangère, notamment en Île-de-France et des profils qui ne plaident pas forcément “pour un engagement spontané et éclairé”, s’interroge Libération.

Plusieurs témoignages recueillis expliquent ainsi avoir voté pour rendre service, certains ayant payé eux-mêmes leur cotisation alors que d’autres n’auraient pas eu à le faire. Un lobbying essentiellement mis en place auprès de membres de la communauté asiatique installée en France, selon les sources citées par le journal.

Mais LR insiste auprès de nos confrères qu’“il n’a jamais été exigé d’avoir la nationalité française pour pouvoir adhérer”, et assure que certains concernés par les cas de figure exposés plus haut ont été rayés des listes avant la primaire. Ce que Libération n’a pas pu confirmer puisque les fichiers électoraux ont tous été supprimés, conformément à la réglementation.

De quoi jeter le trouble au sein de l’appareil? Pas vraiment à première vue. “Si on trouve des trucs bizarres –et on va forcément en trouver, comme dans toutes les élections– on jette la suspicion sur le processus et on affaiblit notre camp. Je pense qu’on avait tous intériorisé ça”, confie à Libération un soutien de Xavier Bertrand.

TOUTINFO.NET (avec Libération)