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Chronique de Mame Gor NGOM : Le danger qui guette…

La volonté manifeste de manipulation des partisans de Barthélémy Dias dans la convocation au   tribunal le 10 novembre, épousent les contours d’un dossier purement politicien géré de manière politicienne. Désigné par « Taxawu Senegal » candidat de la coalition « Yewwi » pour la mairie de Dakar,  le mardi 2 novembre dernier,  son avocat Me Cheikh Khoureichi Ba informait quelques heures après, que  de son client est assigné pour l’audience du 10 novembre de la 3ème Chambre de la Cour d’Appel de Dakar. Le timing est tel que presque tous ont fini de penser que cette audience était programmée après que Barth a déposé son dossier d’investiture. Ce qui ressemblerait fort bien à de l’inquisition étatique. La coïncidence est si troublante qu’il est très difficile de ne pas y voir une « main invisible ». C’est fort de tout cela que le Procureur Général de la Cour d’Appel, Lassana Diabé Siby, dans un communiqué, a précisé que cette citation à comparaître n’est que la suite normale du renvoi de l’affaire à la date du 10 novembre 2021 fixée depuis l’audience du 07 juillet 2021. Que cette date d’audience a connue de Barthélémy Dias et de ses conseils depuis le 07 juillet 2021, « n’a rien à voir avec sa désignation comme candidat de ladite coalition à la Ville de Dakar intervenue récemment. »  Et qu’au nom de la séparation des pouvoirs, le calendrier judiciaire ne saurait s’arrimer à celui d’échéances électorales. On peut bien accepter cette mise au point qui a pour objectif de remettre les choses à l’endroit. Toutefois, si elle obéit à un impératif d’équité et de justice qui peut aisément se comprendre, la convocation dans le cadre du meurtre de Ndiaga Diouf, n’en présente pas moins des bizarreries et des relents politiciens qui, s’ils ne remettent pas le bien fondé de cette procédure  judiciaire, en disent toutefois long sur les incohérences qui affleurent. Un dossier au long cours qui suit les conjectures politiciennes. Parfois, on accélère la cadence. Souvent, on marque le pas. Tant qu’il était un «allié fidèle et discipliné», selon la formule consacrée par les affidés de Macky Sall, le maire de Mermoz-Sacré Cœur n’avait pas de soucis à se faire ; protégé qu’il était par un pacte tacite liant l’Apr au Ps. Il a fallu qu’il s’illustre par des sorties répétées, contre le régime qu’il a participé à mettre en place en 2012, pour qu’il soit cloué au pilori et menacé de se voir privé de son immunité de député et emprisonné. Son soutien agissant à l’endroit de Khalifa Sall n’y est pas pour rien. Et nul doute que sans l’onction du défunt Ousmane Tanor Dieng, alors président du Haut Conseil des collectivités territoriales, Dias Fils ne serait jamais dans le collimateur du pouvoir. Dans un pays où la justice agit beaucoup avec parcimonie, où elle est perçue comme une « justice des vainqueurs » loin d’être équitable, loin d’être juste, elle peut être victime de mauvais procès.   L’ire des populations qui fustigent une tentative de musèlement du maire de Mermoz Sacré-Cœur, entre dans ces considérations très pessimistes. Des postures rebelles. 

Le texte et le contexte…

Entre l’alerte de l’avocat de Barthélémy Dias et le texte de précision du procureur, il y a le contexte d’une lourdeur remarquable. La confusion qui règne, l’ambiance qui plane sur le dépôt des listes pour les élections locales de janvier 2022, est la porte ouverte à toutes les dérives. La classe politique sénégalaise peine à gérer ses profondes contradictions. Aller vers des échéances si importantes avec un processus électoral mal maitrisé, des règles élémentaires non assimilées, de la mauvaise foi assumée, c’est s’acheminer droit vers des lendemains incertains de violences. Le dialogue national dont les mérites ont été chantés, les vertus célébrées n’a pas servi à grand-chose. Nous sommes bien au niveau premier de la démocratie. Une pléthore de listes forcloses, des disfonctionnements jamais notés. De la négligence, de l’outrecuidance, de la désinvolture. Des alternances certes, des pouvoirs qui se succèdent mais le changement ne suit pas.  Les élections sont toujours devancées par des crises multiformes. La sérénité, notre sérénité est l’otage des urnes. Nous sommes tous exposés et redoutons à juste titre l’explosion qui peut arriver n’importe quand. Les germes du mal sont là. Des raisons de s’inquiéter. 

L’info