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LA CHRONIQUE DE MLD : Le génie politique de Macky Sall à l’épreuve des locales

Le 23 janvier 2022 ne sera pas un jour comme les autres d’autant qu’il

marquera officiellement  la date des élections locales au Sénégal. Pour plusieurs observateurs, ce sera en réalité le premier tour du scrutin présidentiel de 2024 tant les enjeux sont énormes aussi bien pour LE pouvoir que pour l’opposition. La mouvance présidentielle d’abord, elle joue gros dans ces joutes épiques qui ont commencé à accoucher de fritures sur la ligne de masse. Clé de coûte des institutions, alpha et oméga de notre système politique, le Président Macky Sall n’est pourtant pas concerné au premier chef mais son rôle central est décisif n’échappe à personne notamment dans le choix des hommes devant diriger ses listes à lui dans les diverses circonscriptions électorales. Le dilemme cornélien dans lequel il est empêtré réside essentiellement

dans le fait notoire que choisir, c’est éliminer. Or, la politique, c’est plutôt l’addition des forces en présence. Le Boss de la mouvance présidentielle se trouve exactement dans la même situation que Wade en 2009 lorsque ce dernier avait voulu imposer son fils Karim à Dakar au détriment du pauvre Pape Diop qui avait pourtant fini de mettre d’accord tous les Dakarois sur ses capacités à gérer efficacement la cité. On sait tous ce qui a résulté de cet épisode  douloureux pour le Pds qui fût en vérité le début de la désaffection de l’électorat et de la descente aux enfers du pouvoir libéral… Toutes choses étant égales par ailleurs, les contextes restent un tantinet différents même si dans la capitale, la mouvance présidentielle court le risque de connaître de sérieuses  fissures au vu de la détermination des candidats déclarés que sont Amadou Ba, Abdoulaye Diouf Sarr et à un degré moindre Madame le Maire sortant Soham El Wardini,véritable ovni politique d’autant qu’on ne sait même pas si elle est restée une militante active de l’Afp, un parti allié de l’Apr. Quid aussi de son compagnonnage avec Khalifa Sall, aujourd’hui un des animateurs attitrés de la coalition Yewwi Askan Wi ?

D’autres Mary Teuw Niane dans les grandes villes

La mouvance présidentielle sera à coup sûr dos au mur à Dakar et dans

les autres grandes villes comme Thiès, Saint-Louis, Ziguinchor, Kaolack ou encore Touba. Ces citadelles presque imprenables restent le siège de toutes les frustrations et autres déceptions emmagasinées au cours du magistère du Président Sall. Forcément, le pouvoir aura fort à faire dans ces localités. A ce titre, l’exemple de Saint-Louis est édifiant : dans la ville tricentenaire, le maire-sortant, par ailleurs beau-frère du Chef de l’Etat devra ferrailler dur pour garder son maroquin puisque son camarade de parti, l’ancien ministre Mary Teuw Niane a déclaré urbi et orbi sa candidature sans attendre une quelconque onction du Président de la République, patron de Benno Bokk Yaakar. S’il l’actuel Pca de Petrosen n’a pas ouvert la boite de pandores, cela y ressemble bigrement car il fera clairement des émules ailleurs. En d’autres termes, il y’aura forcément d’autres Mary Teuw Niane dans les autres villes de l’intérieur ; on pense notamment aux combats programmés Abdoulaye Baldé/Benoît Sambou / Doudou Ka/ à Ziguinchor, Bibi Baldé/Mame Boye Diao/ Moussa Baldé à Kolda ou encore Abdoulaye

Sow/ Abdoulaye Wilane à Kaffrine. Ces batailles de gladiateurs laisseront sans doute des traces au sein de la coalition présidentielle et le Président Sall devra user de toute sa science pour limiter les éventuels dégâts et préserver son pouvoir. Surtout que les alliés comme le Ps et l’Afp qui avaient gagné des mairies en 2014 ne sont pas encore rassasiés et se font entendre à demi-mot. L’opposition n’est pas mieux lotie ; son émiettement est manifeste. Entre Yewwi Askan Wi (Sonko, Khalifa et compagnie) Wallu Askan wi (Wade, Pape Diop, Decroix,…) Gueum sa Bopp (Bougane et alliés) ou encore Thierno Alassane Sall qui tient à casser la logique des coalitions, on y perd forcément son latin. On n’a point besoin de faire sciences po pour savoir que cette dispersion des voix va profiter à coup sûr au camp présidentiel. La sempiternelle querelle des égos est encore passée par là et l’attitude de Pastef Dakar qui a suspendu ses activités dans la coalition Yewwi en dit long sur le malaise ambiant qui empeste l’atmosphère pré-électorale.