SCANDALE AU TRIBUNAL DE DAKAR : La chaleur fait reporter les procès…
Insolite au Tribunal de Dakar ! Hier, les procès, notamment à la salle 4, ont été tous reportés, à cause de la chaleur qui sévissait sur les lieux. Une situation scandaleuse pour Me Ndèye Fatou Touré qui ne s’est pas faite prier pour dénoncer les conditions exécrables de travail au Tribunal, où souligne-t-elle, on a vu un procureur tomber en syncope et même un avocat tomber et mourir…Pour elle, ce coup d’arrêt devait être fait pour marquer le coup et faire prendre conscience du danger qui les guette chaque jour au tribunal.
Hier, les juges, avocats prévenus et autres qui devaient prendre part aux procès prévus à la salle 4 du Tribunal de Dakar ont sans doute eu la colère de leur vie. Et pour cause, toutes les affaires qui devaient être jugées ont été renvoyées du fait d’une une chaleur d’enfer dans la salle. Au point que avocats et juges craignaient le pire, surtout qu’un juge se serait évanoui la semaine dernière à cause de la chaleur. Tout le monde dénonçait déjà les conditions de travail difficile dans certaines salles du Tribunal. Celles-ci compromettaient la tenue de procès pour des détenus qui, souvent, ont attendu très longtemps, à l’image de la dame Aïda Mbacké, accusée d’avoir brulé vif son mari aux Maristes. Son procès est renvoyé au 3 novembre, alors que devant se tenir en juillet dernier, il a été renvoyé à hier 6 octobre. Mais elle devra encore prendre son mal en patience.
‘’Vous avez vu un procureur tomber en syncope, vous aller bientôt voir un avocat tomber en syncope’’
Cette situation a indigné plus d’un. Elle a fait sortir Me Ndèye Fatou Touré de ses gonds. ‘’Les affaires ont été renvoyées parce que nous étions en train de suffoquer dans les salles d’audience. C’est humainement intenable. Le plus gros scandale du Sénégal, c’est le fait de mettre des gens dans des conditions qui ne sont pas possibles et de leur demander de rendre justice’’, fustige la robe boire le boubou imbibé de sueur. ‘’Ce qui se passe est inadmissible, indigne d’un État qui se dit de droit, même d’une organisation qui se dit étatique et qui existe au plan international, qui souscrit à des engagements. Nous travaillons dans des conditions particulièrement inhumaines, devenues insupportables, déplorables et vraiment on ne peut que malheureusement le regretter très vivement’’, rumine-t-elle. Avant d’en rajouter une couche : ‘’si vous pouviez me filmer, vous verrez que j’ai les habits totalement trempés et la dernière fois, vous avez vu un procureur tomber en syncope. Mais vous aller bientôt voir un avocat tomber en syncope. Vous avez même vu, ici, des avocats tomber dans le palais et mourir. Cette année, on aura tout vu et nous travaillons dans l’insécurité totale et cela est inadmissible et élémentaire’’.
Très remontée, Me Touré n’a pas épargné le Garde des Sceaux et l’Etat de manière générale. ‘’Je ne parle même pas du ministre de la Justice qui ne descend pas dans les salles d’audience, qui ne veut pas savoir ce qui se passe, qui ne veut pas pallier depuis des années à cette insuffisance notoire et palpable d’infrastructures adaptées, mais aussi d’équipements et également de personnel judiciaire, ça c’est criard. (…). C’est élémentaire pour un État. Il y a du gaspillage. J’ai la chance d’être avocate depuis 36 ans et d’avoir été aussi dans l’une des plus hautes instances du pays, j’étais membre de la commission des finances de l’Assemblée nationale, je sais qu’il y a des tranches budgétaires qui permettent tout de suite de régler ce problème, même nos partenaires en ont assez de nous aider’’, fustige-t-elle. Non sans demander où est vraiment passé l’argent injecté par l’Union européenne dans le cadre de ses Fonds Européens de Développement (Fed).
L’info